Dans la foulée de la lutte contre la corruption et de la délinquance financière, aux côtés de responsables épinglés pour leurs indélicatesses, se retrouvent des opérateurs mis en cause pour leurs complicités actives dans la préparation et la mise en œuvre des délits reprochés aux premiers. Bien naturellement, les procédures, actuellement enclenchées, révèlent ces connexions incestueuses qui ont longtemps gangrené l’économie du Mali.
L’affaire dont il s’agit ici fait un de buzz dans la chronique de la lutte contre la corruption, même si elle date de la seconde moitié de septembre. Et de toute évidence, Choguel en avait gros sur la patate, ce vendredi 17 septembre 2021, lorsqu’il recevait à la Primature une délégation du Conseil National de la Jeunesse, CNJ. L’objet en était certes d’édifier la jeunesse quant aux grandes orientations de son gouvernement. Toutefois, comme à son habitude, Choguel décidément disert en a profité pour mettre le pied dans le plat et tout le monde en a pris pour son grade, l’homme ne devenant pugnace et teigneux que dans l’adversité. Ce redoutable bretteur a remonté les brettelles à l’ancienne classe politique dirigeante, qui le lui rend bien d’ailleurs, et brocardé les pratiques du milieu privé qui font annuellement perdre des centaines de milliards FCFA à l’Etat.
Choguel Maïga assure qu’à la suite de l’examen des comptes publics, son équipe a déjà « décelé un système favorisant le décaissement de vingtaines de milliards dans les caisses de l’Etat au bénéfice des sociétés écrans et personne ne sait qui sont les actionnaires ». Au cœur de cette saignée financière, le Premier ministre n’a pas manqué de s’étendre sur le vieux serpent de mer des ‘’pluies provoquées’’, qui constituent depuis l’époque de son initiateur, Amadou Toumani Touré, à travers Ahmed Diagne Séméga, son ministre de l’équipement d’alors. Choguel est plus précis : « Il y a aussi le cas des pluies dites provoquées. Chaque année, deux milliards sont pris dans les comptes de l’Etat pour raison de frais pour les pluies provoquées tandis qu’il n’en est rien ». Cette affaire sent nettement le souffre, mieux d’ailleurs, pour le Premier ministre malien, c’est une gigantesque escroquerie étalée sur plus d’une décennie, car en fait, « Aucune pluie n’a été provoquée. Il faut voir clair dans tout ça et prendre des dispositions qui s’y prêtent afin de remettre l’Etat dans ses droits », s’indigne l’ancien coordinateur de la contestation populaire.
Le PDG de Stone, Ibrahim Diawara se trouve d’autant plus dans le collimateur qu’il est censé être le propriétaire des aéronefs également censés avoir servi pour les opérations de pluies provoquées. Car dans l’affaire, relevait, déjà en juillet 2012, notre confrère Le Prétoire, « les trois avions servant à l’opération pluies provoquées avaient été achetés 1,5 millions de dollars pièce par l’Etat du Mali et mis à la disposition d’une structure privée pour fournir une prestation à l’état qui réglait les factures ». et le confrère concluait que l’Etat avait été saigné à blanc, puisqu’à l’accusation récente de Choguel de l’absence d’une réalité de pluies artificiellement provoquées, la propriété des avions n’a jamais été clairement établie depuis le lancement des opérations jusqu’à ce jour quand, à travers des relations de presse, on apprend maintenant qu’ils seraient la propriété de l’homme d’affaires aujourd’hui engagé, à travers son parti politique ‘’Mouvement Malien Tout Court’’, dans la course pour la prochaine présidentielle.
En tout cas, Choguel est déterminé : « Nous allons faire l’audit de tous les services de l’Etat afin de savoir comment des milliards sont illégalement évaporés ; comment des bâtiments de l’Etat (de valeur de milliard chacun) ont été bradés à des opérateurs économiques à cent, deux cent millions ». Et cela commence déjà par évaluer la pluviométrie améliorée ou non par les aéronefs censés appartenir à Ibrahim Diawara !
Source : La Révélation