Nos politiciens nous inondent d’images triées sur le volet pour nous convaincre qu’ils sont ce qu’ils ne sont pas en réalité. A l’heure des réseaux sociaux et du règne de la télévision, bien communiquer est une clé indispensable pour la conquête de l’électorat.
John F. Kennedy a donné la preuve en 1960, lors du premier débat télévisé de l’histoire moderne, face à Nixon, en pleine campagne présidentielle. Et Barack Obama a inscrit, en 2008, les réseaux sociaux comme un puissant vecteur de communication politique. Sous nos tropiques, les politiciens sont entrés dans la danse. Seulement à l’œuvre, ils se révèlent être de piètres acteurs de ce jeu si complexe, où ‘’le paraître’’ et ‘’le disparaitre’’ se côtoient. Ils n’hésitent plus à poster leurs photos avec des populations vulnérables, des malades et des blessés ou lors des cérémonies de remise de dons. Le moindre centime offert est une occasion pour mobiliser les médias et les activistes acquis pour mettre en exergue la générosité de l’illustre bienfaiteur. Quand on est véritablement généreux, est-il besoin de le faire savoir ? Livrer des pauvres personnes à la curiosité de la planète, c’est au contraire dénaturer le bienfait et violer leur dignité. Nos politiciens assoiffés de pouvoir sont prêts à tout. J’en ai vu sur des bicyclettes ou des mobylettes, voyager par les transports en commun, manger et boire avec monsieur tout le monde pour nous convaincre qu’ils sont simples. Or communiquer sur sa simplicité est la preuve parfaite du contraire. Ce populisme choque plutôt l’opinion. Communiquer requiert la maîtrise des codes sociaux ainsi que la connaissance de la sociologie et la psychologie pour éviter un mélange dangereux des genres. Un homme politique qui s’affiche avec sa famille en Occident, par exemple, peut traduire la responsabilité. Le même geste peut être synonyme de népotisme en Afrique. Un leader qui pleure en Occident met en lumière son humanisme. Mais en Afrique, cela peut renvoyer à la faiblesse. En Occident, embrasser sa femme ou sa compagne en public est le témoignage de l’affection. Chez nous, la pudeur nous l’interdit. Nous avons notre façon de le manifester sans en altérer la teneur. Il faut également une logique entre l’image postée et ce que vous êtes et devez être. Nous voyons souvent des images de politiques mangeant au ‘’kiosque du quartier’’ alors qu’en famille, leurs parents ou voisins ne peuvent pas s’approcher de leur table bien garnie. Au plan professionnel, loin d’être des modèles d’intégrité et de compétence, certains incarnent plutôt la corruption et le népotisme. Même Jacques Pilhan et Gérard Colé échoueront dans la construction de l’image de cette espèce politique fondamentalement fausse. Si vous êtes bons et authentiques, il n’est pas nécessaire de payer des activistes ou des journalistes pour faire votre publicité. José Mujica et Thomas Sankara furent des présidents simples et proches de leurs peuples. Le premier n’avait ni chauffeur ni agent de sécurité et reversait son salaire au trésor public. Le second était le président le plus mal payé de l’histoire et renvoyait au trésor tous les cadeaux en nature comme en espèces que lui procurait la fonction suprême. Chers politiciens, soyez sincères et vrais, justes et bons, intègres et visionnaires. Quittez les réseaux sociaux pour le terrain, financez les projets des jeunes et des femmes, créez des emplois et des leaders dans plusieurs domaines, appuyez les élèves et étudiants à avoir des formations de qualité à travers des bourses, ils mourront pour vous s’il le faut. Les actions que vous posez au quotidien et les valeurs que vous incarnez parleront mieux pour vous que les shootings quotidiens destinés à l’exhibition sur les réseaux sociaux. L’opinion est mature et désormais exigeante. Elle scripte chaque fait et geste de l’homme politique. Vous ne pourrez plus ‘’tromper tout le peuple tout le temps’’ comme disait Abraham Lincoln.
Abdoulaye Barry
Le Démocrate