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Pomme de terre : LES MÉNAGÈRES BOUDENT LA PRODUCTION LOCALE

Bourrés d’engrais, les tubercules venant de Sikasso et de Kati n’ont plus les faveurs des consommateurs

La pomme de terre est un aliment fortement consommé dans notre pays. Elle est certainement le tubercule le plus prisé. Ses usages culinaires sont nombreux et variés.

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En dehors des plats chauds où elle est cuite en ragoût ou tout simplement comme assaisonnement, la pomme de terre peut être conservée, frite ou séchée.
Rien d’étonnant alors que sa consommation augmente sans cesse dans notre pays. Pour satisfaire la forte demande, les marchés de la capitale sont bondés de pomme de terre de Kati, Sikasso, de Niono et meme de l’extétieur (Sénégal, Maroc, etc). Dans le temps, la pomme de terre venant de Sikasso était très prisée pour sa qualité. Malheureusement depuis un certain moment, les maîtresses de maison s’en détournent. Et pour cause ! Elle est de mauvaise qualité à cause certainement à l’excès d’engrais. Du coup, c’est la pomme de terre importée qui a actuellement les faveurs des ménagères.
La pomme de terre de Sikasso et de Kati, aux dires de nombreuses femmes, a un arrière-goût fade. En plus, si vous la consommez fréquemment, elle vous irrite la gorge. « Si vous en doutez, épluchez cette pomme de terre, mettez-la dans l’eau pendant au moins 5 minutes. Le résultat est plus qu’effarant. L’eau va former une mousse comme s’il y avait du savon », explique Mme Touré Anina Koumaré.
Notre interlocutrice estime que la qualité laisse à désirer. “Je me demande même si sa consommation ne serait pas dangereuse pour la santé », dit-elle. En attendant d’avoir une réponse à cette interrogation, notre interlocutrice indique qu’elle n’a pas eu d’autre choix que de bouder cette pomme de terre de qualité douteuse. Son cas est loin d’être isolé. Mme Cissé Oumou est du même avis que notre première interlocutrice. Elle explique qu’elle a failli avoir une dispute avec son époux à cause de la mauvaise qualité de la pomme de terre. Oumou décrit la scène de ménage. Contente de servir son conjoint après une journée bien remplie, notre maîtresse de maison avait choisi la pomme de terre frite accompagnée du poisson. Son mari a brusquement craché la pomme de terre qu’il avait dans sa bouche. A la fois surprise et choquée, notre interlocutrice demandera à son conjoint des explications sur son geste.
Ce dernier lui répondra que la pomme de terre n’est pas mangeable. « Comme je le sais très mesquin sur le plan de l’alimentation, j’ai répliqué en soutenant qu’on ne peut pas sur ce plan le satisfaire », se souvient Oumou qui, par la suite, donnera raison à son époux en faisant son mea culpa. Oumou pensera dans un premier temps que c’est la pomme de terre de son fournisseur habituel qui était en cause. Mais par la suite, elle se rendra compte que la production nationale est de mauvaise qualité. Elle a alors opté pour la pomme de terre importée.
Cette reticence des maîtresses de maison bamakoises vis-à-vis de la consommation de la pomme de terre de Sikasso et de Kati a un impact sur les chiffres d’affaires des commerçants et revendeurs de ce tubercule dans les marchés de la capitale.
Mah Camara est une commerçante au marché d’Hamdallaye. Elle fait partie des grossistes. Notre interlocutrice ne cache pas son amertume par rapport à la mévente qu’elle enregistre présentement dans ce domaine.
Elle nous révèle que les revendeurs qui viennent s’approvisionner en pomme de terre chez elle, refusent de prendre celles de Sikasso. Notre commerçante affirme avoir plusieurs sacs qui cherchent preneurs. « J’ai déjà perdu plusieurs sacs s’il faut encore en perdre je pense que je ne vais pas m’en sortir », dit-elle avec un regard qui en dit long sur son inquiétude.
Comment en est-on arrivé à cette pomme de terre impropre à la consummation ? Selon l’agronome Salif Berthé, la pomme de terre est une plante exigeante en éléments minéraux, principalement en potasse. Pour une tonne de tubercules, on estime en moyenne à 6 kg de potasse, 3,2 kg d’azote, 1,6 kg de phosphore, 0,4 kg de magnésium et 30 kg de calcium et de souffre.
La fertilisation fait appel à des engrais organiques (fumier, compost, engrais vert), utiles pour améliorer la structure du sol et qui sont apportés avant l’hiver précédent la culture pour permettre leur minéralisation. Le complément en engrais minéraux est calculé en fonction des objectifs de rendement et du type de culture.
Le spécialiste explique que l’apport d’azote est indispensable pour assurer le grossissement des tubercules mais favorise aussi le développement de la végétation, au détriment de la tubérisation en cas d’excès. Cependant, souligne notre agronome, l’excès d’azote est aussi un facteur négatif pour la qualité des tubercules, avec d’une part le risque de dépasser la norme pour la teneur en nitrates et d’autre part une teneur plus élevée en sucres réducteurs entraîne le risque de brunissement à la friture.
L’excès d’engrais dans la pomme de terre constitue-t-il un danger pour la santé ? Le Dr Aliou Barry, nutritionniste, répond par l’affirmative. Tout en reconnaissant qu’il ne saurait dire avec exactitude le risque sanitaire que les consommateurs encourent. « Tout ce dont je suis sûr, c’est que c’est nocif pour la santé », assure notre nutritionniste qui invite cependant à consommer la pomme de terre qui a des valeurs nutritives inestimables. La pomme de terre est l’un des légumes les plus riches en vitamine C, un antioxydant favorisant l’absorption du fer. Consommer trois pommes de terre moyennes seulement par jour couvre le besoin quotidien de cette vitamine chez un adulte. Toutefois, tient-il à préciser, la durée du stockage et le mode de caisson sont determinants dans la qualité de la pomme de terre.
Afin de metre le consommateur à l’abri des dangers que pourrait engendrer la consummation de la pomme de terre bourrée d’engrais, il appartient aux services techniques d’assurer correctement l’encadrement des producteurs pour leur apprendre à respecter les quantités de fertilisants chimiques. Aussi, l’Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments (ANSA) devra vérifier la qualité de ce produit de grande consummation.

M. A. TRAORé

source : L Essor

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