Chassée du Mali après le Burkina Faso et puis le Niger, les intentions de la France envers ces pays ne sont plus bonnes. Elles ne se murmurent plus entre les quatre murs des bureaux feutrés. Elles se disent publiquement et de façon assumée sans que celles-ci n’offusquent des Etats dits de puissances étrangères qui espèrent voir les trois pays du Sahel à terre sous le coup des terroristes. Pour le cas du Mali, on envisage le pire. Après s’être jubilée suite à l’attaque contre le bateau Tombouctou le 7 septembre ayant fait des dizaines de morts parmi les civils, la France, à travers son ministre des armées Sébastien Lecornu, en oiseau de mauvais augure, annonce une éventuelle partition du Mali consécutive à la récente montée de tension dans le nord de notre pays dans des termes déconcertants.
La rupture est quasi-totale. Furieuse que son influence sur notre Etat ne fasse plus de pression auprès des nouvelles autorités de la transition issue de la rectification (comme c’était le cas par le passé où les rumeurs de l’Elysée faisaient mouche à Koulouba) et qui ont osé dire non aux démarches néocolonialistes de Paris, l’ancienne hexagone ne parie plus sur la stabilité du Mali. Au contraire, tous les pires scénarios sont imaginés à notre pays et les prophéties de l’apocalypse. Des propos déplacés qu’on n’avait jamais entendu alors que les soldats français étaient engagés dans notre pays et au Sahel et au même moment des populations étaient massacrées et soumises à des tortures. Si l’Afghanistan a été un échec pour les USA, le Sahel a été une déculottée pour la France et ses alliés. Leur résultat est pathétique, en témoigne le retour en force des groupes terroristes. Comment en si peu de temps des terroristes combattus pendant 9 ans puissent se renforcer aussi rapidement pour s’attaquer aux FAMa, à la MINUSMA et à la population civile ?
En effet, celui qui veut redorer le blason d’une armée française qui a failli au Sahel dans la lutte contre le terrorisme en 9 ans de présence avant d’être remerciée pour manque de résultat par notre pays a affirmé, le mercredi dernier, devant le Sénat qu’« il pourrait y avoir une partition du Mali dans les semaines ou les mois qui viennent » face à la montée de tension au nord de notre pays entretenue par la CMA et des groupes terroristes. Une déclaration loin d’être anodine pour le ministre d’un pays qui avait déjà acté une partition de fait du Mali en empêchant les forces armées maliennes d’entrer à Kidal tout en faisant de cette ville des rebelles une enclave interdite à nos autorités militaires. Et moins surprenant pour les Maliens, dont les dirigeants, accusent l’ancienne puissance coloniale d’avoir soutenu les terroristes en soulignant disposé « de plusieurs éléments de preuve que ces violations flagrantes de l’espace aérien malien ont servi à la France pour collecter des renseignements au profit des groupes terroristes opérant dans le Sahel et pour leur larguer des armes et des munitions ». Qu’est-ce qu’il faut attendre de cet Etat qui combine avec les terroristes parce qu’il a été chassé de sa « cour arrière » au profit de la Russie ?
Les absurdités du ministre français en annonçant une partition de notre pays témoignent la colère et la rancœur de la France contre le nôtre pour avoir assumé pleinement sa souveraineté dans le choix de ses partenaires sans attendre une directive de l’Elysée et d’avoir opté de renforcer ses relations avec la Russie. Sans détour, l’oiseau de mauvais augure affirme « la junte malienne a fait le choix de préserver son pouvoir et ses avantages en ayant recours à Wagner plutôt qu’à l’armée française » sans dire explicitement le pourquoi.
En clair, notre pays dit non à une politique paternaliste et néocolonialiste de la France consistant à donner des injonctions à nos dirigeants. Si la France est aujourd’hui chassée et huée au Mali et en général au Sahel, c’est en grande partie dû à l’échec de la politique extérieure et aux stratégies de sa force militaire qui n’ont pas tenu compte de nos réalités. Ceci explique le retour rapide des terroristes. Dans sa déclaration devant les sénateurs, admet-il « le Sahel est de nouveau face à un risque terroriste absolument majeur, avec un risque quasiment immédiat, dans les semaines qui viennent, sur la sécurité du Mali, une reprise de l’activité terroriste, qui est absolument bouleversante et dont trop peu de médias se font écho ».
Avant d’ajouter : «la vraie actualité du Sahel va être désormais la résurgence massive du risque terroriste. Massive. C’est potentiellement se retrouver dans une situation où il pourrait y avoir une partition du Mali dans les semaines ou les mois qui viennent. Donc nous devons nous remettre dans une situation qui serait celle, au fond, (que nous avons connue) avant que le président Hollande ne prenne la décision de lancer Serval ou Barkhane. Ce n’est pas la faute de la France, contrairement à ce que certains racontent. […] Tout ça, ce sont de bonnes décisions ».
Par cette déclaration, le ministre Sébastien affiche son inculture des relations internationales et des enjeux d’une partition du Mali. A force d’en vouloir aux autorités maliennes de se débarrasser de son pays, le ministre des armées de la France se mêle les pinceaux avec des tons qui frôlent le ridicule.
Ce même ministre qui chante le malheur au Sahel n’est pas à sa première sortie contre notre pays. Sa déclaration de sécession du Mali est loin de surprendre au Mali après s’être jubilé suite à l’attaque de bateau Tombouctou, le 7 septembre, ayant fait des dizaines de morts parmi les civils. Dans un post sur X anciennement appelé (Twitter), le ministre français laisse le masque tombé en affirmant, le vendredi 8 septembre, que « deux attaques terroristes ont ensanglanté le Mali hier. Elles ont déjà fait 64 morts. Une autre attaque a eu lieu aujourd’hui à Gao. J’adresse mes sincères condoléances au peuple malien. Un foyer terroriste majeur se reconstitue au Sahel depuis la fin de l’opération Barkhane».
Les rancœurs, l’aigreur et l’animosité que la junte française nourrit à l’égard de notre pays ne devraient pas faire oublier à Lecornu que dernière les chiffres dont il se délecte, il y a des vies, des vies brisées, des familles séparées, une nation endeuillée, un peuple meurtri.
Le ministre français des armées aurait dû faire preuve de plus de compassion et de retenue envers le peuple meurtri par l’attaque tragique du Bateau «Tombouctou» et du camp des FAMa, qui a causé la mort de nombreux enfants innocents, femmes et civils.
PAR SIKOU BAH
Info Matin