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Ouverture de dialogue avec les djihadistes : IBK et la realpolitik

Juste après la signature de l’accord de paix par la CMA (Coordination des Mouvements de l’Azaouad) en 2 phases les 15 mai et 20 juin 2015, certaines opinions ont suggéré l’ouverture de dialogue avec Iyad Ag Ghaly, chef du groupe pour le soutien de l’islam et les musulmans (GSIM) puis avec Amadou Koufa, patron de la Katiba Macina. Cette idée a été automatiquement rejetée par les autorités maliennes qui ont cru en la réussite de leurs stratégies de règlement par la voie militaire. Entre temps, beaucoup d’eaux ont coulé sous le pont FAD et la nouvelle donne (projet d’ouverture de dialogue) décrétée par le président de la république, commencent à donner des lueurs d’espoirs aux millions de nos compatriotes pour qui la solution du tout militaire a atteint son seuil d’incompétence.

Dialoguer ? Ne pas dialoguer ? Négocier ? Ne pas négocier ? L’heure de ces questionnements semble révolue à la suite de la sortie du président IBK sur les antennes des médias français (RFI et France 24). On se rappelle qu’à la faveur d’une conférence de presse, l’ancien chef d’Etat par intérim et par ailleurs haut représentant du chef de l’Etat pour le centre, le Pr Dioncounda Traore a révélé avoir envoyé des émissaires aux chefs djihadistes cités plus haut, pour les faire part de sa disponibilité à amorcer avec eux le dialogue. Pour le Haut représentant « si le dialogue peut permettre de préserver des vies, pourquoi ne pas le faire ? » Cette révélation a fait couler beaucoup d’encres et de salives. Il a fallu attendre quelques temps seulement, pour entendre une position dissonante au sein de la crème décisionnelle du pays. Il s’agit de celle du chef de la diplomatie malienne Tiebilé Dramé pour qui, l’Etat n’envisage pas une négociation quelconque avec les chefs djihadistes. Face à cette cacophonie au sommet de l’Etat, l’arbitrage du président IBK fortement attendu, interviendra à partir d’Addis Abeba où il clarifia sa position aux micros des journalistes français. Pour IBK, il a devoir et mission de créer tous les espaces possibles, et de tout faire pour que, par un lien ou un autre, on puisse parvenir à quelques apaisements que ce soit, parce que le nombre aujourd’hui de morts au sahel est exponentiel. Plus déterminé dans sa nouvelle dynamique, IBK ajouta « je crois qu’il est temps que certaines voies soient explorées. Dioncounda n’ira pas lui-même rencontrer telle ou telle personnalité, mais il est mon représentant, donc il a le devoir également d’écouter tout le monde, et de voir si tel ou tel dans l’entourage de tel peut être sensible à un discours de raison. Si cette clarification a été un camouflet pour le ministre Dramé, elle a été fortement appréciée par la communauté nationale qui était presque sur le point de perdre tout espoir par rapport à la recherche de solution pour un climat apaisé. Le lendemain, la côte de popularité du président comme par magie, prenait de l’ascenseur au sein de l’opinion nationale. Quid de la France, principale alliée du Mali dans la traque contre les djihadistes et autres terroristes ? Dans un communiqué, le Quai d’Orsay (ministère français des affaires étrangères) trouve que les initiatives du président malien rentrent dans l’application des recommandations du dialogue national inclusif. La diplomatie française va plus loin dans le cadre de son acceptation de la nouvelle donne, concernant l’ouverture de dialogue avec les chefs djihadistes, en précisant que « l’action collective au sahel est multidimensionnelle et qu’au-delà de l’aspect sécuritaire, l’accent doit être mis sur les questions de stabilisation, de développement et de réconciliation». La diplomatie étant ce qu’elle est, bien malin sera celui qui saura connaitre les réelles intentions de la diplomatie française face à cette réorientation de la géopolitique dans le sahel qui compte malheureusement plus de 4000 victimes à cause des djihadistes, terroristes et narcotrafiquants.

En attendant, on peut, sans risque de se tromper, affirmer que le dialogue naissant avec les chefs djihadistes, même s’il prendra du temps, saura amener le Mali et à travers lui, les autres pays de la zone sahélienne vers l’apaisement. En vieux briscard et habile tacticien, le président IBK a privilégié la realpolitik au grand bonheur de la forte majorité des maliens.

Oumar Baba TRAORE

L’Analyste

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