A Yanfolila, treize candidats au baccalauréat n’ont pu être examinés la session du 23 au 26 août 2021. Les autorités en charge de l’éducation ont organisé une session spéciale pour eux, le 13 septembre. Il est temps que nos autorités comprennent qu’on ne peut pas continuer à séduire la jeunesse malienne avec des discours comme « vous êtes l’avenir de ce pays » et poser des actes qui trahissent au quotidien ces belles paroles.
Les Maliens n’ont certainement pas fini de vivre les conséquences de la mauvaise organisation des examens de fin d’année 2021. Pour rappel, les autorités de la transition, en plein bras de fer avec les syndicats des enseignants de l’éducation, ont décidé d’organiser les examens de fin d’année sans les enseignants.
Après le film des listes de surveillants mal repartis entre les salles de classe et la fuite massive des sujets d’examen pendant les épreuves du Diplôme d’études fondamentales (D.E.F) et du baccalauréat, les regards se sont tournés vers Yanfolila. Là-bas, treize candidats, après avoir pleinement exécuté l’année scolaire, ont été empêchés d’accéder aux centres d’examen parce que ne figurant pas sur les listes établies.
Double session
Dans ce pays, il est arrivé, contre toute logique, de proclamer des résultats d’un même examen de façon séparée. Des candidats déclarés admis sur les premières affiches ont été recalés sur de nouvelles listes. De même, des candidats qui ont fini par déverser toutes les larmes de leur corps parce qu’ayant échoué sur des listes proclamées en amont ont fini par retrouver leurs noms sur les secondes listes. Ces faits datent de 2019 et 2020.
Mais l’on n’a pas souvenance d’une double session d’examens dans notre pays. Alors que le premier ministre, Choguel Maïga, s’est targué d’avoir organisé les meilleurs examens depuis une dizaine d’années, la réalité prouve tout le contraire.
Impuissance des autorités éducatives de proximité
N’eut été le cri de révolte d’une vielle dame octogénaire, partagé sur les réseaux sociaux, les autorités éducatives avaient déjà clos le dossier. Elle dit s’être adressée au proviseur du lycée public de Yanfolila qui lui a promis de porter l’affaire à qui de droit. Il n’aurait rien fait.
Est-ce à dire que de pauvres enfants, dans les confins du pays et brimés dans leurs droits, ne peuvent compter sur des autorités de proximité ? On accuse le Malien d’être passif mais cet épisode démontre qu’il y a des citoyens qui, quoi qu’on dise, de plus en plus reconnaissent leur État et se réfèrent aux autorités pour résoudre leurs problèmes. Mais que la réponse des représentants de l’État aux préoccupations de ces derniers ait été mépris est révoltant. Aussi, est-on en droit de se poser des questions légitimes après la circulation sur les réseaux sociaux de la liste de convocation du proviseur du lycée public de Yanfolila.
La décentralisation a-t-elle un sens dans ce pays dès lors qu’on a été obligé de convoquer ces treize candidats innocents pour aller tenir des examens jusqu’à Bamako ? Les sujets d’examens et les moyens y afférents ne pouvaient-ils pas les rejoindre dans leurs zones de résidence ? Pense-t-on aux dommages subis par ces jeunes gens, d’abord refusés dans les salles d’examen et convoqués ensuite pour passer un examen jusqu’à Bamako ? Une source indique que des membres du Conseil national de transition (CNT) ont, tour à tour, offert leurs services aux candidats omis afin de leur permettre de tenir leur examen.
Il est temps que nos autorités comprennent qu’on ne peut pas continuer à séduire la jeunesse malienne avec des discours endormants comme « vous êtes l’avenir de ce pays » et poser des actes qui trahissent au quotidien ces belles paroles.
Source : Benbere