L’initiative inter-malienne pour la paix organisée par le Parena ce samedi 23 septembre a recommandé aux autorités de la transition et à des mouvements signataires de mettre fin aux hostilités en optant pour le cessez-le-feu avant le dialogue. Cette solution consiste à donner toute la chance à l’Accord de prévaloir malgré ses insuffisances.
Le Parena a réuni ce samedi des partis politiques, des opérateurs économiques, culturels, des notabilités du nord, des responsables de médias, des responsables des mouvements armés pour requérir leurs propositions de solutions susceptibles de mettre fin à la belligérance entre les FAMa et la CMA.
Ces hostilités menaçant la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali, issu du processus d’Alger ont débuté depuis la remise du camp de Ber aux FAMa par la MINUSMA.
Déplorant ces violences qui nuisent au vivre ensemble et la cohésion sociale, le président de Kel Ansar a affirmé que celles-ci ne sont pas de nature à résoudre les défis auxquels le pays est confronté.
A cet effet, il a suggéré aux autorités et les mouvements armés à aller au dialogue pour taire les armes étant convaincus que « la guerre ne va rien amener à notre pays ». Déjà, ces violences, en plus de leurs corollaires de morts, ont poussé de nombreuses personnes à se déplacer pour fuir les zones de conflits.
Croyant toujours qu’il n’est pas encore tard pour les différentes parties de revenir à la raison, il a souhaité la mise en place des commissions de bons offices dont l’une des missions consistera à rapprocher les parties qui ne se font plus confiance.
Pour sa part, Moussa Ag ACHARATOUMANE, secrétaire général du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA), également membre du Conseil national de transition (CNT), à l’entame de ses propos, a dit se démarquer de l’engrenage de la violence, tout en saluant l’initiative du Parena alors la stabilité du Sahel est menacée par les mouvements des terroristes.
Le cas de notre pays, selon M. ACHARATOUMANE, est exacerbé par la reprise des hostilités entre les Forces armées maliennes et des groupes armés membres du CSP-PSD. Il a reconnu que ce cadre dont son mouvement est membre n’est plus fidèle avec ses objectifs initiaux.
« Le seul conseil que j’ai, est qu’on essaie de diminuer nos adversaires et nos ennemis », a conseillé le responsable du MSA, en rappelant l’avantage de la signature de l’Accord, même si celui-ci est, a-t-il déploré, ignoré par de nombreux Maliens.
Selon lui, quoi qu’on dise sur l’Accord, il est parvenu à éviter les affrontements entre les forces armées maliennes et les mouvements armés. En clair, a-t-il insisté, il n’y a pas d’alternative à la paix que la mise en œuvre de l’Accord malgré ses insuffisances.
« Malheureusement, beaucoup de Maliens ne connaissent pas les conséquences de la guerre parce qu’ils ne l’ont pas vécue. Cet Accord, on doit tout faire pour le préserver. Mais cela ne veut pas dire que tout est bon, qu’on est d’accord sur tout. Je préfère un mauvais accord à une guerre. Tout sauf la guerre. On doit l’éviter à tout prix. Je crois qu’on doit trouver les voies et moyens d’accompagner aux autorités de parler à nos frères pour qu’on puisse se retrouver. On doit avoir aujourd’hui l’intelligence de se parler entre nous », a déclaré le responsable du MSA.
Alors que l’insécurité se déplace dans plusieurs localités du pays, cette guerre ne profite ni à l’État ni aux mouvements signataires. Elle profitera plutôt aux Al-Qaïda et à DAESH, deux groupes terroristes extrêmement dangereux qui vivent du chaos.
« Si cette guerre entre les FAMa et les mouvements signataires persistent, ce sont les groupes terroristes qui vont avoir le dessus. Donc, il faut qu’on les barre la route avant qu’il ne soit trop tard », a averti M. ACHARATOUMANE.
Dans la gestion de notre crise, il a estimé que les autorités doivent s’inspirer de l’Algérie et de la Mauritanie ayant réussi à combattre le terrorisme en mettant en contribution nos valeurs traditionnelles et culturelles. Cependant, il a déploré que notre diplomatie ne soit pas suffisamment tournée vers ces deux pays, mais plutôt vers le Niger et le Burkina Faso qui n’ont pas d’expérience solide dans la lutte contre le terrorisme.
Par ailleurs, il a reconnu que réussir la guerre contre les terroristes est très complexe du fait qu’ils ont une grande longueur d’avance sur nos autorités.
« Ils ont compris que pour contrôler les espaces du Sahel, il faut avoir la confiance des communautés. Malheureusement, nos Etats pensent qu’ils peuvent gérer cet espace à partir des capitales souvent loin de la réalité. Al-Qaïda tout comme DAESH recrutent dans nos communautés, instaurent leur idéologie. Après les avoir convaincus, ils les mettent au-devant de la scène. C’est le cas notamment Amadou Kouffa en qui de nombreux opprimés de l’État s’y identifient », a expliqué M. ACHARATOUMANE, en conseillant aux autorités de mettre les communautés au cœur de toute stratégie pour s’en sortir.
De son côté, l’ancien ministre de la décentralisation, Ousmane SY, a estimé que ce problème interpelle tous les Maliens qui sont conscients de l’instabilité qui règne dans le pays depuis très longtemps.
« Nous sommes en train de chercher à résoudre un conflit qui a commencé depuis 1960. Tant qu’on n’arrivera pas à trouver une solution à ce problème, le Mali ne sera pas stable », a affirmé M. SY.
Selon lui, pour sortir l’engrenage actuel, il n’y a d’autre solution que le dialogue, après le cessez-le-feu entre les parties. A l’image de ses prédécesseurs, il est également persuadé qu’on ne gagne pas la paix dans la guerre.
« On peut gagner la guerre, mais pas la paix », a ajouté l’ancien ministre de la décentralisation.
Le président du Parena a, à son tour, concédé que dans cette guerre, seuls les Maliens en paieront le prix fort, avant d’appeler à la mise en place d’un comité dont la mission sera de porter le message de cessez-le-feu, ensuite le dialogue auprès des communautés, des autorités de la transition et des mouvements armés signataires de l’Accord pour la paix.
PAR SIKOU BAH
Info Matin