Non, ce n’est pas un coup d’État de plus en Afrique comme se contentent d’analyser ceux qui écrivent ou répètent comme s’il s’agissait d’une fatalité : après le Mali, le Burkina Faso, au tour du Niger. Spécificité de ce dernier pays : le président Mahamadou Issoufou a respecté la Constitution de son pays. Élu démocratiquement en 2011, il s’est retiré en 2021 à l’issue de ses deux mandats. D’autres chefs d’État, depuis l’avènement d’élections pluralistes avec l’ouverture démocratique des années 1990, ont préféré ou préfèrent encore charcuter la Constitution de leur pays pour se maintenir au pouvoir. Deuxième spécificité, la question sécuritaire. Comme ses voisins du Sahel, le Niger est engagé depuis bientôt quinze ans, dans la lutte contre les groupes intégristes islamistes, d’abord Boko Haram, mais aussi l’État islamique au Grand Sahara (EI-GS) et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). À la différence du Mali et du Burkina Faso, ces forces ne se sont jamais implantées durablement sur le territoire nigérien. Les attaques qui affectent particulièrement la région nigérienne de Tillabéri, proche de la zone des trois frontières avec le Mali et le Burkina Faso, ont même baissé en intensité, même si le quotidien des villageois est encore affecté.
Dans une tribune, Guy Labertit, ancien délégué national à l’Afrique du Parti socialiste de 1993 à 2006, analyse la situation au Niger, où un putsch a renversé le président Mohamed Bazoum le 26 juillet dernier. Il en démontre la spécificité alors que certains seraient tentés d’y voir un simple coup d’Etat de plus après ceux qui sont survenus dans les pays voisins, le Mali et le Burkina Faso.
marianne.net