Les autorités du Niger ont appelé samedi la population vivant dans les zones proches du Mali à « collaborer » avec l’armée pour combattre les « terroristes » qui mènent des raids meurtriers dans l’ouest du Niger, sous état d’urgence depuis un mois.
« Je vous exhorte à dénoncer tout individu suspect », a lancé Ibrahim Katchalla, le gouverneur de Tillabéri, une région proche du Mali, lors d’un meeting diffusé à la télévision d’Etat.
« Nous sommes obligés de sensibiliser les populations à collaborer davantage avec les FDS (Forces de défense et de sécurité) » et « d’expliquer la portée de l’Etat d’urgence » et « ses modalités d’application », a déclaré lors de ce meeting le colonel Abou Tarka, responsable de la Haute autorité à la consolidation de la paix (HACP, gouvernementale).
Selon cet officier, « l’insécurité » à la frontière avec le Mali est imputable à « un certain nombre de compatriotes (Nigériens) » qui « se sont retrouvés dans les mouvements terroristes du Mali, en particulier le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) ».
« Nous avons commencé à discuter avec les populations qui connaissent les agents de cette insécurité », car « l’Etat veut savoir exactement si ces communautés » peuvent « aider à ramener les brebis galeuses », a expliqué le colonel Tarka.
Face à la persistance des attaques « terroristes », le Parlement nigérien a reconduit le 17 mars « pour trois mois » l’Etat d’urgence instauré deux semaines auparavant pour 15 jours dans plusieurs départements de Tillabéri et Tahoua, limitrophes du Mali.
L’Etat d’urgence accorde des pouvoirs supplémentaires aux forces de sécurité dont celui d’ordonner des perquisitions à domicile de jour et de nuit. Selon une source onusienne, la mesure a déjà occasionné « la fermeture de trois marchés », des « restrictions » de la circulation des véhicules et des motos ainsi que « des fouilles », y compris « dans les camps des réfugiés » maliens établis dans les zones concernées.
Les régions de Tillabéri et Tahoua sont devenues très instables en raison de nombreuses attaques meurtrières, visant régulièrement des positions de l’armée et des camps de réfugiés, attribuées à des groupes jihadistes maliens liés notamment au Mujao.
Le Mujao est l’une des formations jihadistes visées depuis plusieurs années par l’armée française au Sahel.
En 2015, Niamey avait déjà décrété l’Etat d’urgence dans la région de Diffa (sud-est), victime d’incursions meurtrières du groupe islamiste Boko Haram établi dans le nord-est du Nigeria. Depuis décembre 2016, quelque 130 combattants de Boko Haram se sont rendus aux autorités locales à la faveur « d’une main tendue » du président nigérien.