La mort du chef jihadiste de la Katiba Macina d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Amadou Kouffa, au-delà des effets d’annonce a donné un nouveau coup de fouet à la lutte contre le terrorisme dans le Sahel par les différentes forces présentes au Mali et au Niger. D’ores et déjà on annonce du côté de la France de nouveaux moyens sophistiqués et le renforcement de l’effectif de la force Barkhane. Les forces armées maliennes (FAMas) sous l’impulsion de l’actuel Premier ministre, Soumeylou Boubèye se proposent de multiplier des opérations d’envergure contre des bases terroristes, principalement dans les localités du centre du pays. Signes avant-coureurs de la fin du terrorisme dans notre pays.
Sans des opérations offensives de vigueur, il serait difficile de venir à bout du phénomène jihado terroriste qui sévit au Mali depuis près de 6 ans maintenant. Cet avis, à l’exception de ces ‘’fantômes’’ organisations des droits de l’homme, est partagé par de nombreux spécialistes de la question du terrorisme au Sahel.
Pour rappel, en 2013, il a fallu l’intervention énergique des forces françaises en l’air et africaines dont les Famas sur le sol pour pouvoir mettre fin à l’occupation jihadiste des trois régions du Nord du Mali. Après cette opération rarissime militaire sanctionnée de succès, une guerre sans retenue fut menée contre les bases et cellules dormantes des seigneurs du mal à travers le septentrion malien. Cela par des actions conjointes de ratissage. Entre-temps, à la surprise générale la question de revendications indépendantistes des Ifoghas a donné un coup d’arrêt à l’action militaire pour privilégier le dialogue politique entre ces groupes indépendantistes et l’Etat du Mali. D’où des rounds incessants de négociations et pourparlers dans la capitale algérienne entre les protagonistes. Ce qui se bouclera par la signature d’un accord de paix en deux temps en mai et juin 2015. Ce temps de répit à donner l’occasion aux groupes terroristes de se réorganiser pour cette fois-ci changer de méthodes. En lieu et place des guerres de tranchées, on assista à des actions spontanées d’attaques jihadistes contre les contingents des forces étrangères et espaces de loisirs à travers le pays.
Sous l’égide du chef d’Ançardine, l’ancien chef touareg Iyad Ag Ghali, des groupes terroristes vont coaliser et liguer leurs forces pour attaquer les pays du sahel et leurs partenaires des forces étrangères. Dans cette coalition, le groupe le plus dangereux sera celui dirigé par Amadou Kouffa du Front de Libération de Macina. A partir de sa katiba en lien direct avec l’Aqmi, cet ancien prédicateur radical, arrivera avec une forte majorité de sa communauté peuhle à semer le trouble dans les régions du Centre du Mali.
Des attaques terroristes à travers les hôtels, espaces de loisir et autres, le constat laisse apparaître que l’identité des kamikazes n’est plus d’apparence touarègue mais peuhle. Cela sans compter les différentes attaques perpétrées contre des postes de police et de gendarmerie du pays. Le doute n’était plus permis chez nombre d’observateurs sur le fait que Iyad Ag Ghali aurait passé le flambeau à son adjoint, le redoutable chef jihadiste Amadou Kouffa dont le groupe, à travers une vidéo publiée sur un site mauritanien fera allégeance à l’Aqmi.
En un laps du temps les localités des régions du centre du Mali s’embraseront. Ne seront pas aussi épargnées celles des pays frontaliers dont le Burkina Faso. De statut de prédicateur radical-religieux, Amadou Kouffa franchira allègrement le pas de l’ennemi numero1 de la stabilité du Mali. Des conflits intercommunautaires, d’une part entre peuhls et cultivateurs Bambara et d’autre part entre peuhls et dogons s’intensifieront dans les localités du centre. Au-delà des conflits habituels de cohabitation ethnique, ceux-ci prendront des colorations d’occupations jihadistes.
Le temps passe et Kouffa gagne en galons. Annoncé plusieurs fois mort, l’homme avec sa barbichette blanche apparaitra dans des vidéos soit pour proférer des menaces ou pôner le jihad. Le comble a été la fermeture de près de 200 écoles en mi-octobre dans le cercle de Banamba et ses environs pour imposer l’abandon de l’enseignement occidental au profit de celui du Coran.
Des opérations qui casseront les reins de Kouffa !
Après l’annonce de la fermeture des écoles au sud-est de Bamako, les forces armées maliennes, qui disposent actuellement de nouveaux moyens de combat se sont rapidement déployées à travers des contingents dépêchés sur ces localités pour chasser les hommes de Kouffa et procéder à l’ouverture des écoles fermées, avant d’assurer la sécurité des populations de ces zones.
Comme si cela ne suffisait pas, les FAMa ont mené une reconnaissance offensive les 15 et 16 novembre 2018 dans la forêt de Wagadou.
Au cours de cette opération, une base terroriste a été détruite, une dizaine de terroristes ont été neutralisés. Ils ont récupéré 2 pick up équipés, cinq motos, du matériel téléphonique, des armes collectives et individuelles et munitions, des produits et matériels destinés à la fabrication d’Engins Explosifs Improvisés (EEI).
En réalité, c’est cette opération d’envergure qui a affaibli les bases de protection d’Amadou Kouffa. C’est pourquoi, en vue de terminer ce qu’ils ont commencé, la même armée malienne en coordination avec la force barkhane mènera une nouvelle opération conjointe dans la nuit du 22 au 23 novembre, contre toujours les bases du chef jihadiste de la Katiba Macina. Cela fut un véritable succès, car comme une drainée de poudre, sur les réseaux sociaux et dans les médias occidentaux on annonce la mort d’Amadou Kouffa avec une trentaine d’autres terroristes. Si dans un premier temps le communiqué des autorités françaises faisait plané le doute sur la mort d’Amadou Kouffa, celles du Mali a été on ne peut plus clair. « Cette opération coordonnée a permis de neutraliser une trentaine de terroristes dont Djourétou, le chef de base; Bobala, le chef des opérations et Amadou Koufa » clarifiait le ministère de la Défense et des Anciens Combattants du Mali.
Les terroristes bientôt boutés du territoire malien ?
La principale leçon à tirer de cette victoire contre une partie des seigneurs du mal qui sévissent au Mali est le fait que sans des opérations offensives, le terrorisme demeurera toujours.
Cette leçon semble être bien assimilée par la France, qui se propose (selon une information divulguée par le journal satirique ‘’Canard Enchainé’’) d’une part de renforcer son contingent ici au Mali (qui est à l’ordre de 4500 hommes dont 300 commandos des forces spéciales) et d’autre part d’apporter de nouveaux moyens de guerre. Sur ce dernier chapitre, le journal a cité entre autres : « de nouveaux hélicoptères de combat, des satelittes et des drones américains ». On annonce l’arrivée dans le sahel d’un nouvel avion électronique de guerre Gabriel pour espionner les communications et les déplacements des djihadistes, des Airbus MRTT modernes pour ravitailler en vol les quatre Mirage 2000, des Airbus neufs pour remplacer des cargos. Ce n’est pas tout, car la même source indique que le président Macron a promis « de nouveaux blindés, de deux avions Hercules C-130J, achetés aux USA, des drones minuscules à propulsion électrique, achetés à la Norvège… » S’y ajoutent les quatre drones espions Reaper, « qui seront armés de roquettes ».
Avec ces nouveaux moyens, ces groupes terroristes comme en Algérie seront exterminés à coup sûr, ou vont se retrancher en Libye.
La mort d’Amadou Kouffa a bien donné espoir au Mali et à son partenaire, la France que ces forces néfastes peuvent être bien combattues pour permettre au Mali, et par ricochet aux pays du sahel de recouvrer la sécurité. Que cela commence par Kidal !
Moustapha Diawara
Source: Le Sursaut