Il est scientifiquement prouvé que le «Suprémacisme blanc» est une aberration à bannir de la civilisation contemporaine. Que font concrètement les démocraties occidentales pour freiner cette ignoble idéologie ? Sont-elles prêtes à la combattre de la même manière que le « jihadisme» ?
Vendredi dernier, un terroriste d’origine australienne cible deux mosquées de Christchurch, dans le sud de la Nouvelle-Zélande. De sang-froid il tue 49 fidèles innocents et en blesse de nombreux autres. Le nervi explique son forfait par un manifeste qu’il avait précédemment posté sur internet.
Dans lequel manifeste, il prétend combattre la submersion culturelle des peuples européens blancs par l’immigration. Multipliant les références à la France, étape-clé de son cheminement, et les thèses suprématistes, il se déclare «fasciste » et dénonce un « génocide blanc». Il évoque notamment Renaud Camus, le théoricien du «grand remplacement » livre publié par l’écrivain français en 2011.
Si ce dernier n’a pas tardé, dans les heures qui ont suivi le drame, à se désolidariser du tueur de Christchurch et à qualifier les deux attaques de « terroristes, épouvantables, criminelles, désastreuses et imbéciles», l’évidence est que le « suprématisme blanc» qu’il professe est désormais une idéologie largement répandue à travers le monde, notamment, aux USA qui en constitue le berceau.
Dans les années 80, David Lane, considéré comme l’un des plus grands idéologues du « suprématisme blanc », prônait déjà comme devise : « Nous devons assurer l’existence de notre peuple et un avenir pour les enfants blancs ». Une idéologie dont les milieux néo-nazis européens s’approprièrent pour se convaincre que la race blanche est supérieure aux autres. Mais que dit alors la science par rapport à la race humaine ? Y a-t-il une race humaine ?
Les populations humaines forment …une seule espèce
Dans la classification générale des vivants, on parle d’espèces pour regrouper toutes les populations interfécondes, dont la descendance peut elle-même se reproduire. Alors que la notion de race se base sur la notion de «gènes communs et exclusifs à un groupe d’individus». C’est pourquoi François Lebas, Directeur de recherche honoraire de l’IRNA, estime que « au sein d’une espèce, une race est généralement considérée comme une collection d’individus ayant en commun un certain nombre de caractères morphologiques et physiologiques qu’ils perpétuent lorsqu’ils se reproduisent entre eux… ».
Aucune population humaine ne possède exclusivement de gènes propres. Les Homo sapiens forment une seule et même espèce. Les différences anatomiques que l’on perçoit, par exemple entre un individu asiatique et un européen, ne sont l’expression plus ou moins forte de gènes communs. Cette mixité génétique dans l’espèce humaine est tellement importante que si vous avez besoin d’un don d’organe (un rein par exemple), vous avez autant de chance de trouver un donneur compatible dans votre voisinage qu’à Dakar au Sénégal.
André Langaney, ancien directeur d’Anthropologie du Musée de l’Homme, opine : « En fait, il n’y a pas de marqueur génétique de la race. On n’a jamais pu isoler un qui soit présent, par exemple, chez tous les « Noirs » et absent chez tous les « Blancs ». Dès qu’on commence à définir une race, en cherchant des critères de classification, on en finit plus. Certains sont allés jusqu’à 450 ! S’il fallait pousser la classification à son terme, il faudrait définir une race par individu. Car, nous sommes tous différents ». Et le célèbre anthropologue de conclure que les populations humaines forment un seul et même groupe taxinomique, une seule espèce. Des données scientifiques prouvent clairement que le « Suprémacisme blanc » n’est autre qu’une véritable aberration qu’il faut bannir de notre civilisation contemporaine. Mais que font concrètement les démocraties occidentales pour freiner cette ignoble idéologie dite « suprémacisme blanc»? Sont-elles prêtes à la combattre de la même manière que le « jihadisme» ? Au lieu de bombarder des nations à dominance musulmane au nom de la démocratie et de la laïcité, elles devraient plutôt songer à faire le ménage devant leurs portes. Elles éviteraient au monde contemporain des guerres de faciès et de religion.
Gaoussou M. Traoré
Le challenger