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Mme Haidara Aissata Cissé dite CHATO : » J’ai la conviction que les Maliens me porteront au second tour… «

Député élue à  Bourem et seule femme dans la course à l’élection présidentielle du 28 juillet prochain, Mme Haïdara Aïssata Cissé dite Chato, communément appelé «dame de fer», nous a accordé un entretien dans lequel elle parle de ses ambitions politiques, ses engagements après sa victoire aux élections, ses loisirs etc…

 

L’Indépendant Weekend : Bonsoir Mme Haidara et merci de répondre aux questions de L’Indépendant Weekend. Vous êtes issue d’un parti politique, le PDES. Comment expliquez-ous le fait que vous ne soyez pas mandatée par ce parti  pour participer à l’élection présidentielle?

Je suis effectivement membre du PDES et la crise que traverse la classe politique dans son ensemble n’épargne pas ma propre famille politique ou du moins ses dirigeants et j’en suis consciente. Je l’ai déjà dit, notre pays connait une crise multiple et la plus profonde est celle des politiques qui, à cause de petits calculs et de compromis, ne sont pas en mesure de faire les bons choix, ceux de l’intérêt général du Mali et des maliens. C’est pour cela que j’ai décidé de poursuivre ma candidature, la grande majorité de la base du PDES me soutient et ils font partie de l’Alliance CHATO 2013. Comme d’autres, ils ont rejoint cette alliance pour soutenir ma candidature indépendante et populaire, c’est-à-dire portée par la base et la société civile. J’en suis fière et cela m’oblige à ne pas céder aux compromis politiciens.

 

 

Quelles sont les alliances dont bénéficie votre candidature qui est finalement indépendante?

Effectivement ma candidature est indépendante mais je l’ai dit la plupart de la base du PDES (Koulikoro, Kita, les communes de Bamako, Paris, Canada, les régions du Nord, Ségou, Sikasso, etc.) et celles de beaucoup d’autres grands partis de ce pays m’ont rejoint et me rejoignent chaque jour. Pourquoi ? Parce qu’ils savent que le cœur de l’Alliance CHATO 2013 est composé des véritables acteurs du développement du pays : les jeunes et les femmes.

Ce sont les organisations des jeunes, plus de 700 associations, et les faitières de femmes qui représentent plus de 7000 associations féminines qui ont porté ma candidature et m’ont appelé à me présenter. Pour dépasser les petites combines et ne s’occuper que de résoudre les problèmes du peuple : la vie chère, la santé, l’emploi et bien sûr la paix et la sécurité. Cela me différencie de tous les autres candidats, ma candidature est celle d’une femme politique soutenue par les véritables  acteurs de la nation, ils sont ma force et mon plus grand soutien ! C’est ma première victoire et elle en appelle beaucoup d’autres.

 

 

A l’issue de l’élection du 28 juillet, si vous n’êtes pas au second tour, qui soutiendrez-vous?

A l’issue du 28 juillet, j’ai la conviction qu’une majorité de maliennes et de maliens me permettront de porter leurs aspirations et d’être au second tour. Donc votre question est très prématurée, donnons-nous juste rendez-vous le 28 juillet au soir.

 

 

Dans le contexte actuel, pensez-vous que les Maliens sont prêts à voter une femme comme présidente de la République?

C’est exactement le contexte actuel qui va conduire le peuple non pas à voter pour un homme ou une femme mais pour la personne qui peut le mieux répondre à ses problèmes et à ceux du Mali, et j’ai la faiblesse de croire que je suis la mieux placée pour le faire.

 

 

Quand je parle avec les citoyens, beaucoup ne s’intéressent pas au fait que je sois une femme, ils veulent juste une personnalité capable de s’investir pour eux et pour le peuple malien quelqu’un qui ne triche pas.

 

 

Avant de choisir, les électeurs compareront les candidats, pas en fonction de leur genre, mais sur ce que chacun a personnellement fait pour le Mali dans sa vie et dans les derniers mois de la crise. Moi, je suis fière d’avoir défendu durant les négociations syndicales les salariés d’Air Afrique et d’avoir réussi à ce que chacun soit indemnisé et reclassé ; nous sommes le seul pays d’Afrique à avoir obtenu cela ! Je suis fière aussi, au plus dur moment de la crise du Nord, d’avoir affronté les rebelles et d’avoir fait le tour du monde pour dénoncer les mensonges des porte-parole des bandits et des terroristes.

 

 

Que chacun dise où il était et ce qu’il faisait quand la nation était en danger. Et c’est vrai qu’être une femme m’a peut-être été utile car nous calculons moins nos intérêts quand notre famille ou notre nation est en péril comme en 1991 ou c’est aussi les femmes qui se sont illustrées et j’ai eu l’honneur d’être de ce combat.

 

 

Vous étiez deux femmes à avoir déposé votre dossier. Quelles sont vos relations ?

Tout d’abord, je regrette finalement d’être la seule femme, candidate. Sur 28 candidature il y a qu’une seule femme cela montre les efforts qu’il y a à faire pour une parité qui reflète la vie de tous les jours. Le changement ne pourra se faire sans l’implication de l’autre moitié de la population dans les  décisions de ce pays et cela vaut pour tous les pays. Comment pensez vous qu’une maison puisse se gérer seulement avec la moitié de ses occupants ? Ensuite, j’ai effectivement beaucoup de respect pour Madame Sidibé Aminata Diallo. Elle a été Ministre et la première femme au Mali à se présenter en 2007 à une élection présidentielle, donc respect. Enfin, j’entretiens de bonnes relations avec toutes celles qui se battent dans la sphère politique.

 

 

On vous a toujours citée comme  proche de l’ex-première dame. Quels sont de nos jours vos liens ?

Vous savez moi je ne change pas mes connaissances en fonction du vent et des circonstances. Mais ma vision du Mali m’est propre et ce que l’on doit faire pour le transformer et faire un Mali fort m’appartient à moi Chato Cissé, députée, femme politique et candidate à la présidentielle de 2013. J’appelle ceux qui la partagent à me rejoindre mais chacun est libre de son choix même au sein de ma famille et de mes amis et au final c’est le peuple malien qui reste souverain et appréciera celui ou celle le plus à même de le servir aux mieux de ses intérêts à lui.

 

 

En tant que ressortissante du Nord Mali, quelle est votre stratégie pour une vraie réconciliation et quelles sont vos impressions par rapport à l’accord cadre de Ouagadougou ?

J’ai dit que je prenais acte de cet accord cadre, il n’est pas parfait et c’est normal, il permet d’avancer, c’est cela que je retiens et je salue les efforts des parties prenantes. Le territoire doit être sous le contrôle des autorités républicaines et chacun doit pouvoir voter le 28 juillet, le Mali est un et indivisible et force doit rester à l’Etat. Maintenant la véritable réconciliation passera par la volonté du futur chef de l’Etat de résoudre les problèmes de fond de la sécurité et de la défense, du développement et de la reconstruction du Nord et du pays dans son ensemble car c’est tout le Mali qui est en mal de développement. Mon programme pour un Mali fort est global et complet c’est cela la vraie réponse à la crise du Nord.

 

 

Quelle lecture faites-vous du réaménagement technique du gouvernement ?

Je dis juste ceci, de manière très solennelle, il faut que chacun se garde de poser des actes susceptibles de fragiliser la confiance que les partenaires ont en nous ou d’engager trop le pays au-delà du mandat de l’équipe de transition. Il faut donc traiter les urgences et laisser tout le reste à la future équipe qui sera prochainement élue. Je suis persuadée que le président de la République par intérim a pleine conscience de cela d’où sa ferme volonté que les élections se tiennent bien le 28 juillet prochain.

 

 

Des rumeurs relatives au report des élections circulent. Etes-vous pour ou contre ?

Nous sommes redevables à la communauté internationale d’être venue nous soutenir et à  la France et au Tchad en particulier et je rends hommage à toutes les victimes tombées pour la liberté. Nous sommes l’objet, c’est un secret de polichinelle, d’amicales pressions que je comprends mais que je n’accepte pas. Aider un ami ne fait pas de vous son obligé sinon ce n’est pas de l’amitié. Nous, maliens, sommes les premiers à vouloir sortir de cette situation car notre combat est celui d’une souveraineté pleine et entière et seule l’expression du peuple peut nous le permettre. Les élections doivent donc se tenir même si, évidement de grosses imperfections demeurent sur la période, c’est le mois du Ramadan et en plus c’est l’hivernage donc le pire moment pour un pays rural et musulman. Il y a aussi le processus de délivrance des cartes NINA qui a pris beaucoup de retard et enfin la présence de l’administration et des forces de sécurité et de défense au Nord, suite à l’accord de Ouagadougou, qui doit être effective. Malgré tout j’appelle chaque candidat au dépassement, au sacrifice et à l’esprit de responsabilité pour ce moment crucial pour l’avenir de notre nation.

 

 

Si le choix de Dieu est porté sur vous, à la tête du Mali, que promettez-vous à vos sœurs maliennes ?

Je ne promets pas, je m’engage car dans mon programme  » Pour un Mali Fort  » j’ai trois priorités : les jeunes, les femmes et le monde rural.  Pourquoi ? Parce que ce sont les cibles qu’il faut protéger mais aussi parce qu’il s’agit des authentiques richesses et moteurs de la transformation – avec la diaspora – pour avoir un Mali fort.

 

 

Mais pour en venir aux femmes, je souhaite qu’elles aient la place qui leur revient de droit, un proverbe dit qu’une seule main de peut applaudir, nous ne serons pas fort sans l’autre moitié de notre population avec et je dis bien avec les hommes pour réussir. Je conduirais donc une politique de parité totale dans le gouvernement, les fonctions exécutives et politiques mais aussi, et surtout, à l’école et dans la formation car c’est à compétence égale que je choisirais de promouvoir des femmes et des jeunes. Ensuite, il faut protéger les femmes les plus vulnérables d’où la mise en place d’un vrai système de protection sociale et d’une couverture maladie universelle, seule 25% de la population bénéficie d’une couverture santé, c’est inacceptable, et ma Bourse de Soutien Familial inspirée du Président des pauvres Lula Da Silva au Brésil, s’élèvera à 100 000 FCFA/an pour les plus démunies et les aidera à accéder aux droits fondamentaux d’une famille : se nourrir, se soigner et étudier.

 

 

Mais il ne s’agit que d’un volet d’une politique d’ensemble. Il faut aussi à côté permettre à chacun de gagner sa vie d’où un guichet spécial dans le Fonds National de Garantie d’un montant de 50 Mds de FCFA au moins, pour permettre aux femmes et aux jeunes, dans les groupements professionnels notamment, d’accéder aux crédits à des taux bonifiés et d’être accompagner dans leurs projets. Ce n’est pas un hasard si les faîtières me font confiance, je connais leurs problèmes et j’y apporte des réponses concrètes et innovantes. Enfin même si je renvoie à mon programme pour être plus complet, j’entends mener une politique de préférence économique nationale et l’Etat doit en être le premier client,  il faut ouvrir les marchés publics aux entreprises maliennes et imposer des joint ventures aux entreprises étrangères pour travailler avec l’Etat. Nous favoriserons le transfert de compétences et le renforcement de nombreux secteurs d’activités.

 

 

On dit de vous une dame de fer. Que répondez-vous ?

Je prends cela pour un compliment et j’assume d’être ce trait de caractère je suis une femme de convictions et de valeurs. Je discute, j’échange mais je refuse de faire des compromis avec les intérêts supérieurs de la nation pour mon confort personnel, ça jamais ! C’est cela qui a tué le Mali, les compromis entre amis qui se sont transformés en compromission. Je suis comme de nombreux maliens, symbole de notre peuple et de son histoire. Je suis forte et je suis prête car il faudra l’être pour redresser le pays, le diriger, et le rendre fort, uni et prospère dans les prochaines années.

 

 

Côté jardin. Quels sont vos loisirs, votre style vestimentaire et vos plats préférés ? 

J’aime voyager et surtout m’occuper des miens et de ma famille. J’aime garder ces traditions qui restent pour moi très importantes. J’ai aussi un style très traditionnel et j’aime les couleurs et les symboles de nos valeurs. J’aime les plats locaux et surtout j’aime les préparer pour mes filles, mon fils et mon mari.

 

 

Avez-vous un message particulier au peuple malien ?

Oui je leur souhaite d’abord un bon mois de Ramadan, de piété et recueillement. Je leur dis aussi que pour avoir un résultat différent il faut faire des choix différents, le 28 juillet vous aurez le choix donc choisissez  celui ou celle qui vous proposera un autre Mali et surtout qui vous dira comment il va faire pour améliorer votre vie et rendre le Mali fort et uni au service du peuple. Le temps des campagnes tam-tam est terminé c’est sur le contenu que chacun doit être jugé.

    Clarisse NJIKAM

     cnjikam2007@yahoo.fr

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