Dans l’entretien qui suit, Markatié Daou, le président de l’Association pour le développement de Somasso parle de l’importance du festival Bèlènitugu dans le développement social et intégré de Somasso.
Dans sa présentation, Markatié Daou a souligné que l’Association pour le développement de Somasso organise depuis 2015 le Festival Bèlènitugu de Somasso qui est un chef-lieu de Commune dans le cercle de Bla qui a été récemment érigé en chef-lieu d’arrondissement. D’après lui, la présence du ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, Modibo Koné ; au festival au nom du président de la Transition, Assimi Goïta, représente la recherche du trait d’union entre la culture et l’environnement.
“Le Festival que l’ADS organise porte le nom d’une forêt, d’un bosquet de la protection de l’environnement ‘le Bèlènitugu’. C’est une fête traditionnelle qui commençait déjà par la provocation d’un feu de brousse contrôlé qui annonce les premières pluies de l’hivernage. A cette occasion, les hommes du village sortaient massivement pour procéder à une chasse réglementée. Donc, cette fête, au-delà de son aspect littérale, au-delà de sa vocation environnementale suscite également un autre engouement auprès de la population. Cet engouement est lié à la participation massive et pleine de la gente féminine. Il s’agit des filles qui ont été mariées hors du village et qui, à l’occasion de cette fête, reviennent avec leurs enfants pour tisser des liens familiaux, raffermir les liens familiaux de cohésion. Donc, ce festival représente pour nous un ensemble. Raison pour laquelle, la présence du ministre de l’Environnement n’est plus à justifier.
Dans le programme du festival, nous avons fait en sorte que ce trait d’union s’explique aisément. Car nous avons mis en place une foire verte qui, dans sa vocation, permet de parler des aspects environnementaux, la protection de l’environnement avec tout son contenu, à savoir le rebondissement, la lutte contre coupe abusive des bois, la déforestation, les feux de brousse incontrôlés. Il s’agit dans ce contexte de faire en sorte que le festival puisse avoir un contenu environnemental.
Et avoir le ministre de l’Environnement au festival, cela n’est que la cerise sur le gâteau. Ce n’est pas la première participation du ministre Modibo Koné. Il a commencé sa visite à Somasso par une campagne de reboisement au mois d’août ou septembre. Cela veut dire que la culture, l’environnement et le développement social intégré de Somasso font un tout. Il s’agit d’un ensemble dans lequel nous essayons de mettre un contenu et de faire en sorte que les communautés puissent tirer le maximum de bénéfices de cette fête.
Effectivement, le ministre de l’Environnement était venu représenter les autorités de la Transition qui ont posé des actes partout au Mali. Mais en ce qui concerne Somasso, elles ont contribué au raffermissement du tissu social parce qu’à chaque édition du festival, nous bénéficions de la participation des Forces de l’ordre et de sécurité pour non seulement rassurer les participants mais pour prouver que l’Etat a la volonté de travailler à cela pour que périmètre, chaque kilomètre, chaque mètre du territoire nationale puisse véritablement être sauvegardé, préservé au bénéfice exclusif des citoyens maliens”, a-t-il expliqué.
Il a salué l’accompagnement, le soutien des autorités de la Transition au festival dont la vocation première est de rassurer la population. Pour Markatié Daou, la culture est un levier du développement social et intégré. Parce que, a-t-il soutenu, à Somasso, ce qui rassemble le plus est cette fête Bèlènitugu. “Au-delà des considérations religieuses, politiques et autres, la fête du Bèlènitugu rassemble tout le monde autour d’un idéal qui est le social, l’hospitalité légendaire qui est propre au Mali mais qui est une spécificité de Somasso de pouvoir bien entretenir ses hôtes, en acceptant s’il le faut, de céder tout ce qu’il y a comme confort pour que l’étranger puisse se sentir comme chez lui.
Donc, c’est une pratique que nous la nouvelle génération a voulu mettre en valeur avec une dimension un peu plus populaire, en impliquant les médias, les communicateurs, les acteurs socioéconomiques, les acteurs du développement, les partenaires. Nous sommes heureux de ce qui se passe chez nous à Somasso. Nous souhaiterons que les autorités puissent prendre cet exemple et l’appliquer ailleurs. Nous sommes ouverts à accompagner l’Etat dans notre participation inclusive à la vulgarisation de cette expérience initiée il y a 8 ans et dont le retour est positif et que nous sommes prêts à partager avec l’ensemble de la population, de la communauté malienne et de la diaspora”, a-t-il indiqué.
“Les pays qui se sont focalisés sur leur culture ont doublement gagné”
Markatié Daou a avoué que le festival Bèlènitugu garde son authenticité parce qu’il reflète ce qui se passe dans les terroirs. “Le festival Bèlènitugu répond à des préoccupations actuelles des populations autres que celles de Somasso. Donc, ce qui veut dire que, les gens, à un moment donné, ont soif de leur culture mais ils ne savent pas comment la jonction peut être facile. Et cette jonction est désormais facile à travers le festival Bèlènitugu et d’autres festivals qui s’inspirent du festival de Somasso. Nous souhaiterons avoir l’accompagnement de tous les maliens à tous les niveaux comme les acteurs culturels pour que notre festival puisse continuer à grandir, à s’étendre et à répondre à toutes les aspirations possibles liées à un événement culturel.
Je suis un homme comblé, satisfait mais avide pour que l’expérience de Somasso puisse aller au-delà de nos frontières parce qu’il y a des pays qui ont utilisé la culture comme le moteur de leur développement tels que le Japon, la Chine, l’Israël. Ces pays n’ont aucune leçon à recevoir des pays qui se disent développés par l’industrie. Mais les pays qui se sont focalisés sur leur culture ont doublement gagné.
Le Japon, la Chine, l’Israël ont la particularité de réfléchir par eux-mêmes et de faire la politique de leur moyen. Ne serait c que ça, je pense que la culture a quelque chose de positive. Raison pour laquelle, nous à Somasso, nous engagés dans cela et nous voulons faire en sorte que chaque participant du festival puisse nous laisser ses impressions et repartir avec des vécus, avec des aspects positifs qu’ils auraient glanés sur le terrain. Donc, accompagner le festival Bèlènitugu, c’est accompagner l’Etat malien, c’est accompagner l’Afrique, l’humanité. C’est faire en sorte que nous puissions, malgré nos différences, vivre ensemble de façon harmonieuse”, a-t-il exhorté.
“Le Festival Bèlènitugu est une école en soi”
Comme enseignement principal de cette 8e édition du Festival, Markatié Daou a parlé de possibilité de rêver d’un Mali stable, de rêver d’une Afrique émergente, rêver d’un monde unifié. “Parce que la culture a cette particularité de mettre ensemble les riches, les moins riches et les extrêmes pauvres pour qu’à un moment chacun puisse exprimer sa joie, sa satisfaction morale à travers des instruments de musique, des pas de danse, des codes vestimentaires et autres. Tous ceux qui ont participé aux différentes éditions du festival ont témoigné que le festival est original.
Et son originalité est tirée également du fait qu’il y avait une fête traditionnelle qui a pu survivre des centaines d’années. Cela ne peut être que positif. Et cette positivité a été améliorée davantage avec des concepts nouveaux pour pouvoir l’adapter aux réalités du monde qui ne cesse d’évoluer. C’est pour dire que le Festival Bèlènitugu est une école en soi et de laquelle chacun peut tirer son épingle du jeu. Il y a certains qui viennent pour la retombée économique, d’autres viennent pour se ressourcer, d’autres viennent pour savourer les beaux et magnifiques pas de danse, pour des sonorités rares tirées des instruments atypiques tels que les Niogo, Zagré, le Balanin authentique, le bara. C’est pour dire que notre terroir a du répondant pour faire de notre pays, de notre continent un espace où on peut se développer et gagner sa vie”, a-t-il conclu.
Siaka Doumbia, Envoyé spécial