Jour pour jour, les commerçants travaillant au niveau du marché à banane de Bamako (namassadankan) enregistrent des pertes économiques énormes dans l’exercice de leurs fonctions. Une situation s’expliquant par des attitudes « désobligeantes », voire abusives auxquelles des citoyens passant par certains agents de l’hôtel de la ville se livrent impunément. Dans une conférence de presse qu’ils ont voulue animer, le samedi 25 mars 2023, des syndicalistes soutenus par certains responsables du lieu ont attiré l’attention des plus hautes autorités du pays sur la dangerosité de la pratique.
Tahirou Barry, secrétaire général de l’association des Vendeurs de bananes et d’autres fruits du Mali(AVBFM) et Bourahane Mariko, membre du bureau sont ainsi montés au créneau contre la mairie du district de Bamako et des citoyens qui obstruent le développement du secteur. Via la sortie médiatique, il s’agissait de dénoncer la destruction massive des caisses à bois fabriquées pour faciliter l’acheminement des bananes dans des différents endroits de la capitale malienne. Ces outils combien importants dans le transport et la commercialisation des fruits sont en train, selon les syndicalistes, d’être volontairement détruits par des agents contrôleurs de la mairie du district de Bamako. Certains citoyens s’accaparent desdites caisses en refusant de les restituer aux commerçants propriétaires. « Au sein de ce marché communément appelé ‘’namassadankan’’, on y trouve des jeunes venus de toutes les régions du Mali. Il n’y a plus rien dans les villages. Et lorsque ces jeunes viennent à Bamako, certains parmi eux consacrent leur séjour à la vente des bananes au bord des différents goudrons de la ville ». « La plupart de ces jeunes prennent les bananes à crédit avec les commerçants qui travaillent dans le marché. Après avoir vendu les fruits en question, ils retournent restituer la part des commerçants au marché en empochant leur part », explique Tahirou Barry. Ces jeunes passent quasiment toute la journée sous le soleil ardent en cherchant de l’argent. Ces villageois à Bamako assurent non seulement leurs besoins en faisant ce petit commerce, mais parviennent aussi à satisfaire certains besoins d’argent de leurs familles loin de Bamako. En lieu et place d’encouragement, déplore le syndicaliste, la marie du district leur chasse non seulement des goudrons pour « occupation anarchique », mais détruit aussi les caisses à bois contenant des bananes. C’est du moins ce que déplore le secrétaire général : « Par le passé, lorsque les agents contrôleurs de la mairie prenaient un jeune occupant illégalement un endroit du goudron, ils apportaient toutes ses caisses contenant des bananes avant de donner tout aux lions. Personne ne peut dire avec exactitude les pertes enregistrées par les commerçants à cause du comportement de la mairie. Elle enferme certains jeunes pour occupation anarchique. Alors qu’il y a d’autres jeunes qu’ont pris des armes contre le pays, le seul tort de ces jeunes villageois est de sortir pour travailler dans des endroits destinés à autre chose. Où est-ce qu’on va finalement dans ce pays ? N’y a-t-il pas autre solution envisageable que d’enfermer, voire de casser les outils de travail de ces jeunes cherchant à se nourrir dignement ? », S’interroge le syndicaliste. À entendre Amadou Coulibaly, les caisses provenant de ‘’namassadankan’’ ont des adresses. Mais il y a des citoyens qui s’accaparent desdites caisses en refusant de les restituer aux propriétaires. Des commerçants propriétaires sont parfois convoqués à la police par des citoyens à cause de cette affaire. « Par jour, explique Amadou Coulibaly, près de 400 caisses peuvent être fabriquées par les commerçants du marché. Vu les destructions massives en vogue, le marché enregistre des pertes se chiffrant à plus de 20 millions de nos francs F CFA par mois ».En tant que syndicaliste, Bourahane Mariko invite les citoyens à ne plus acheter les caisses qui proviennent du marché à banane de Bamako. Il dit solliciter, à cet effet, la rescousse des plus hautes autorités du pays pour l’abandon du comportement illégal des agents de la mairie du district de Bamako. Une seule caisse coûte au moins 2500F, ajoute Madou Traoré. « Nous sommes tous contre l’occupation anarchique des lieux par les jeunes vendeurs, mais la mairie ne doit pas se permettre de détruire nos caisses. Certaines femmes les brûlent sans crainte au sein de leur foyer. Il y en a qui les transforment en table de vente. Aussi, enchaine Madou, nous facilitons la tâche à certaines de nos clientes en les laissant partir avec ces caisses contenant leurs bananes. Mais beaucoup refusent de les ramener après ».
Mamadou Diarra