La fin de l’opération Barkhane, indice de l’essoufflement de la France dans son pré carré africain.
2021 aura été un grand millésime en matière de coups d’état en Afrique: Niger en Mars, au Tchad en avril, au Mali en mai et en Guinée en septembre.
Mais le coup d’état du Mali aura provoqué une onde de choc aux conséquences encore incalculable en ce qu’elle a placé le Mali face à une épreuve de vérité dont l’enjeu n’est rien moins d’autre que la pérennité de l’État avec l’organisation d’élections présidentielles, le 27 Février 2022, en vue de restaurer l’ordre constitutionnel normal, interrompu par un coup d’état duplique, en 2020 et 2021, fait unique dans les annales des pronunciamientos, et la décision subséquente de la France de mettre un terme à l’opération Barkhane.
((Le 27 Février 2022 ne constitue pas une date butoir mais une échéance aléatoire en ce que les élections pourraient être reportées de plusieurs semaines voire quelques mois, selon les indications fournies par le pouvoir à Bamako. ))
Dix ans après le triomphe romain réservé à François Hollande, en 2011, au Mali, après le lancement de l’opération Serval, la décision du retrait français de même que la fermeture des trois bases françaises dans le septentrion malien, marque indubitablement, au delà des justifications de circonstance, l’essoufflement de la France dans son pré-carré africain. Un pays par ailleurs fragilisé par une dette publique, qui a atteint en mars 2021 le niveau record de 118,2% du produit intérieur brut (PIB), soit 2.739,2 milliards d’euros, selon l’INSEE; enfin dernier et non le moindre, ses piètres performances diplomatiques en Syrie et en Libye et le camouflet stratégique que lui ont infligé les États Unis, en l’excluant l’AUKUS, l’alliance exclusivement anglo saxone du Pacifique.
En un siècle, l’érosion de l’Occident face à l’Asie est manifeste, comme en témoigne la débandade américaine en Afghanistan, 46 ans après la perte du Vietnam. Sur les sept puissances économiques mondiales figurent désormais, selon le classement FMI de 2018, trois pays asiatiques: La Chine (1re), le Japon (3eme) et l’Inde (6eme), dont deux pays (Chine Inde) sous domination occidentale au début du XX me siècle, et le 3me, le Japon, vitrifié par les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki (Août 1045) et grand vaincu de la II me Guerre mondiale (1939-1945). La Chine et le Japon surpassent désormais, la France et le Royaume Uni, les deux pays européens qui furent à la tête des deux grands empires coloniaux au début du XX e siècle.
Avec Serval puis Barkhane, la France a joué son rang de puissance et le Mali son existence dans cette expédition du Mali, premier engagement militaire direct français, en solitaire, sur un théâtre d’opération depuis la fin de la Guerre d’Algérie en 1962.
L’expédition punitive du Mali de janvier 2013 se présentait dans une configuration stratégique sensiblement différente des précédentes séquences (Suez, Bizerte, Kolwezi).
Au Mali, face à des hordes furtives, la France a été sous perfusion technologique américaine, sous transfusion matérielle et humaine européenne et africaine (2.000 Tchadiens, 500 Nigériens), sous injection financière arabe par le biais d’achats massifs saoudiens d’armement français, qui ont fait du Royaume Wahhabite, le premier client de l’armement français.
Intervenant trois mois avant le retrait des États Unis d’Afghanistan, la décision de la France de mettre fin à Barkhane a pu être interprétée dans le tiers monde comme un renoncement, voire même comme un reflux des pays occidentaux face à leurs adversaires dans la guerre asymétrique contre le terrorisme. Et dans le cas particulier de la France, en superposition au camouflet diplomatico-militaire de son exclusion du marché des sous marin australiens, faisant apparaître l’arme atomique française comme le cache-misère, fort coûteux, d’une incapacité à assurer seule sa défense, de même que l’inadéquation de la puissance nucléaire dans les conflits asymétriques.
Pour mémoire, le colonel Assimi Goïta tire une partie de sa légitimité politique du soutien du Mouvement du 5 juin (M5, principal mouvement d’opposition malien) qui a émergé en juin 2020 pour réclamer la destitution du dernier président élu, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).
Cette mauvaise manière faite par la France à l’un des plus anciens alliés vise, de manière sous-jacente, à neutraliser toute possibilité des jihadistes maliens de s’ériger «en grand électeur» de la consultation présidentielle française de 2022 en ce qu’une prise d’otages ou une attaque terroriste de grande ampleur contre des cibles françaises pourraient attiser les critiques contre l’impéritie gouvernementale et faire basculer l’électorat français en faveur des partisans d’une politique ultra sécuritaire à l’effet de mettre en péril la réélection du président Emmanuel Macron.
Mais cette «brutale surprise» de la France au Mali pourrait, paradoxalement, favoriser un rapprochement entre le Mali et la Russie, déjà présente en RCA (République Centrafricaine). Pour rappel, Bamako a signé un accord de défense avec la Russie en 2019 et le Mali constituait dans la décennie post indépendance un des piliers du non alignement en Afrique Occidentale Française (AOF) et, sous la présidence de Modibo Keita, un allié de poids de Moscou en Afrique.
En cinq ans (2014-2019), la Russie a conclu 19 accords de coopération militaire et sécuritaire avec cinq pays africains, principalement de l’Afrique Occidentale française: Angola, Guinée Bissau, Mali, RCA et Mauritanie……Une expertise militaire fournie en contrepartie d’avantages dans les gisements africains, afin de contourner le blocus occidental de la Russie du fait de l’annexion de la Crimée.
Le Mali a d’ailleurs envisagé de solliciter l’aide de la compagnie militaire privée russe Wagner pour combattre le terrorisme qui gangrène le pays, suscitant un levier des boucliers de la France contre cette intrusion inadmissible dans sa chasse gardée.
Retour sur ce pays, le plus important pays musulman d’Afrique Occidentale, victime collatérale de la déstabilisation de la Libye du fait de l’intervention occidentale contre la Jamahiriya, un pays sans endettement extérieur doté d’importantes richesses naturelles. Une équipée menée par le président français Nicolas Sarkozy en tandem avec le Qatar.
De l’irresponsabilité du Mali
Le Mali semble avoir érigé l’irresponsabilité en mode de gouvernement, et l’impunité en principe cardinal de la vie politique malienne depuis le coup d’état du colonel Moussa Traoré, en 1968, contre le président Modibo Keita, père de l’indépendance du Mali, à en juger par le traitement exorbitant réservé aux nombreux factieux et faillis qui ont sillonné le pays depuis son indépendance il y a 60 ans.
Outre qu’il a provoqué une régression de la démocratie au Mali, au delà en Afrique, un tel comportement a porté atteinte durablement à l’image du Mali dans le monde et sapé sa crédibilité, en même temps que celle de la France, la puissance tutélaire dans la zone.
Qu’on en juge. Trois coups d’état en 60 ans, soit un putsch tous les 20 ans, sans la moindre conséquence pour les factieux, Moussa Traoré, Amadou Haya Sanogo, et Assimi Goita en 2020, sans compter la tragique déstabilisation du Nord Mali par Ansar Eddine, si dramatique pour la survie du pays.
Un coup d’état dans le coup d’état.
Mieux: La sophistication a atteint un degré tel chez les putschistes maliens que le Mali a été, en Mai 2021, le théâtre d’un coup d’état dans le coup d’état. Neuf mois après avoir débarqué le président IBK, les colonels putschistes, sous la conduite de leur chef, le «serial putschiste» colonel Assimi Goita, ont arrêté les principaux dirigeants civils notamment le Premier ministre de transition, Moctar Ouane. Deux figures emblématiques de la junte avaient été écartées de deux ministères clés lors de l’annonce du nouveau gouvernement ce lundi 24 mai: la défense et la sécurité, postes qu’ils occupaient depuis le coup d’État. Ils y ont été remplacés par des généraux plus neutres qui n’étaient pas en première ligne.
Ce remaniement a été vécu comme un camouflet par les putschistes qui entendaient bien rester aux commandes pendant trois ans et qui, de mauvaise grâce, avaient déjà du s’engager à rendre le pouvoir dans les 18 mois. Le 18 août 2020, le président Ibrahim Boubacar Keîta, affaibli par la contestation menée depuis des mois par le Mouvement du 5-Juin- Rassemblement des forces patriotiques (M5/RFP), un collectif d’opposants, de religieux et de membres de la société civile, cédait le pouvoir à une junte.
Symbole du pourrissement de l’État, le troisième coup d’état en dix ans au Mali, qui a mis au pouvoir le colonel Goïta, a fragilisé l’opération anti terroriste française «Barkhane».
La fin de l’opération Barkhane
Le Mali est un pays crucial pour la stabilité du Sahel mais ses forces manquent cruellement de moyens. Le maintien des partenariats internationaux est donc un enjeu de grande importance.
Échaudée par le nouveau coup d’État, la France a annoncé dans un premier temps la suspension de ses opérations communes avec l’armée malienne, après huit ans de coopération étroite contre les jihadistes, avant de mettre fin purement et simplement à l’opération Barkhane.
La situation dans la zone d’action de Barkhane reste pourtant préoccupante. Au Mali, onze membres d’une communauté touareg ont été tués, jeudi 3 juin 2021, par des inconnus près de Ménaka (Nord-Est). Le Burkina Faso voisin a, pour sa part, subi dans la nuit de vendredi à samedi l’attaque la plus meurtrière menée par des jihadistes présumés depuis 2015. L’effroyable bilan s’établit à au moins à 160 morts, selon des sources locales. Les militaires maliens s’emploient aussi à rassurer les ex-rebelles indépendantistes du Nord, réunis dans la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), signataire d’un accord de paix en 2015.
De Barkhane à Tabuka
A la veille du sommet de l’OTAN, le premier de la mandature du président démocrate Joe Biden, le président Emmanuel Macron a annoncé le 120 juin 2021 la fin de l’opération Barkhane et son remplacement par une force d’intervention européenne, une structure plus adaptée aux moyens de la France avec partage des charges avec ses alliés européens.
La lutte contre le terrorisme sera faite »avec des forces spéciales structurées autour de [l’opération] «TAKUBA» (Sabre en Tamachek) avec, évidemment, une forte composante française – avec encore plusieurs centaines de soldats – et des forces africaines, européennes, internationales ». Cette alliance « aura vocation à faire des interventions strictement de lutte contre le terrorisme », a précisé le président français.
Cette décision vient rebattre les cartes au Sahel à moins d’un an de l’élection présidentielle française, sur fond de désamour de l’opinion française à l’égard de l’engagement de l’armée française dans la zone du Sahel. Elle marque, en tout état de cause, l’essouflement de la France dans ce qui fut jadis son pré carré africain. Elle met fin à l’illusion de moins en moins partagée d’une victoire militaire possible contre un mouvement insurrectionnel protéiforme, désormais solidement ancré dans les populations locales.
Le président français a promis une réduction du dispositif militaire français et un «changement de modèle» de cet engagement qui devrait impliquer le départ d’ici à début 2023 de la moitié des 5.100 militaires actuellement déployés….pour la simple raison que le bilan de huit ans d’intervention française au Sahel n’est pas brillant
La conduite d’un engagement extérieur de grande ampleur afin de mener des missions de patrouille, de surveillance et de combat à l’intérieur d’une zone s’étirant sur 3 500 kilomètres d’est en ouest et sur 2 000 kilomètres du nord au sud a clairement montré les limites opérationnelles et logistiques françaises
Certes, le déploiement de «Serval» au début de 2013, sous la présidence de François Hollande, à la demande des autorités maliennes, avait stoppé net l’avancée des groupes djihadistes et même sans doute évité l’effondrement de l’État malien.
Mais, depuis, les groupes djihadistes ont repris leur progression. Non seulement le Sahel est devenu l’«épicentre du terrorisme international», selon les mots d’Emmanuel Macron, mais les pays du golfe de Guinée que l’on pensait à l’abri sont maintenant visés. Les États locaux n’ont pas été capables de prendre le relais pour sécuriser les zones libérées. Le bilan humain ne cesse de s’alourdir. Selon l’ONG Acled, plus de 8.000 personnes, essentiellement des civils, ont été tuées au Mali au Niger et au Burkina Faso depuis 2013. Deux millions d’habitants ont été déplacés par les combats. Cinquante soldats français sont morts en service.
De la cohérence de la France
La position de la France gagnerait en cohérence si le président Emmanuel Macron ne se précipitait pas au Tchad pour assurer une transition héréditaire du pouvoir entre Idriss Déby, -assassiné par les opposants tchadiens basés en Libye et soutenus par un allié de la France-, et son fils, au mépris des principes démocratiques qu’elle brandit tant souvent à contre temps.
Ou si la France ne combattait pas le terrorisme au Mali, et, «en même temps» ne soutenait l’incubateur absolu du terrorisme islamique mondial, l’Arabie saoudite, dans sa guerre au Yémen, contre les Houthistes, des nationalistes yéménites qui revendiquent leurs droits en tant que minorité. Ou si enfin, elle ne soutenait l’indépendance des Kurdes en Syrie, et s’opposait «en même temps» à l’indépendance de la Corse en France.
Retour sur le phénomène putschiste du Mali.
Au commencement était Moussa Traoré
Le parricide du «père de l’indépendance» Modibo Keita, le colonel Moussa Traoré a certes été condamné à la peine de mort en février 1993, lors d’un procès qualifié de Nuremberg malien, devenant ainsi le premier chef d’État africain à devoir répondre de ses actes devant la justice de son pays. Mais, curieusement, il est gracié en 1997. Le président Alpha Oumar Konaré commue sa peine pour «crimes économiques» en prison à vie le 21 septembre 1999, avant de le gracier, en mai 2002.
Moussa Traoré était accusé d’avoir détourné pendant son règne plus de 2 milliards de dollars d’argent public. Depuis sa libération il a vécu dans une grande villa du quartier Djikoroni-Para à Bamako offerte par le gouvernement malien. Pis, il était jusqu’à sa mort considéré comme un«sage», recevant même quelques jours avant sa mort………ses émules dont il a servi d’exemple: les colonels ayant mené le coup d’État de 2020. Bien voyons, on ne change pas les habitudes qui gagnent.
Amadou Haya Sanogo
Arrêté en 2013, l’officier félon n’a toujours pas été sanctionné, en 2021, soit neuf ans après son putsch, ayant même eu droit à une mis en liberté provisoire le 28 janvier 2020….en attendant son jugement.
Amadou Toumani Touré: Ce général, qui a présidé son pays pendant deux mandats, a pris la poudre d’escampette au premier coup de feu, tout commandant en chef qu’il soit. Renversé par son cadet le capitaine Sango, il a vécu en exil au Sénégal. Le 27 décembre 2013, le gouvernement malien saisit l’Assemblée nationale, où siège la Haute Cour de justice, pour juger l’ancien président. Trois ans plus tard, en décembre 2016, l’Assemblée rejette finalement à une écrasante majorité l’ouverture de poursuites contre lui.
Le 24 décembre 2017, avec l’accord du président Ibrahim Boubacar Keïta, il rentre à Bamako avec sa famille. Sans être nullement inquiété ni sur la gabegie, ou la corruption voire le népotisme qui ont gangrené le Mali pendant sa double mandature, à l’origine de l’effondrement de son pays.
Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), un président si mal élu à la légitimité minorée.
Loin d’être un triomphe romain, la réélection d’Ibrahim Boubacar Keita, alias IBK, en 2019, à la présidence malienne, a apporté la preuve que les Maliens ont atteint le degré zéro de la politique, en ce que ce président si mal réélu, si pourtant décrié tout au long de sa première mandature présidentielle, a néanmoins triomphé de tous ses rivaux. Sur fond de paupérisation croissante de la population, de désintérêt de la chose publique, voire même de découragement, la présidentielle de 2018 du Mali aura donc propulsé un président à la légitimité sinon minorée à tout le moins entachée. Et cela a hypothéqué la 2me mandature d’IBK, par ailleurs plombé par des scandales liés à l’affairisme.
Les Maliens vivent depuis lors un cauchemar épouvantable. Pis, en désignant comme vainqueur de la consultation présidentielle, IBK, le partenaire en affaire du casinotier corse, Michel Toumi, les Maliens se sont livrés à ce qui s’apparente à un rare cas de suicide politique en direct sous couvert de démocratie.
La déstabilisation du Mali en toute impunité:
Pis. Il est de notoriété publique que le Mali a été déstabilisé par Ansar Eddine, un groupement islamiste parrainé par le Qatar, l’allié le plus récent de la France dans les équipées anti arabes du philo sioniste Nicolas Sarkozy.
Sur le financement du Qatar du terrorisme au Sahel https://www.blast-info.fr/articles/2021/qatar-connection-le-courrier-qui-accable-doha-dans-le-financement-du-terrorisme-au-sahel-gC5-bmJ9THO2ctzX9jLVtA
Ainsi donc un allié de fraîche date de la France, le Qatar, a entrepris la déstabilisation d’un allié de longue date de la France, le Mali, sans que l’ami des deux pays, la France, ne pipe mot sur la mauvaise manière faite par le nouveau riche à l’un des plus importants contributeurs de «chairs à canon» africain des deux guerres mondiales du XXe siècle. En toute impunité, sans la moindre action coercitive à son égard.
Jamais le Mali n’a porté plainte devant la Cour Pénale Internationale ni contre la France ni contre le Qatar pour acter leurs responsabilités directes et indirectes dans la destruction du pays. Au lieu de cela, Bamako a accepté que la France vole à son secours, dans le cadre de l’opération Serval, autrement dit de se placer sous les fourches caudines du pays auteur de son malheur, son bourreau, pour perpétuer sa dépendance à l’égard de son colonisateur.
Mais l’instrumentalisation par le Qatar du groupe djihadiste Ansar Eddine contre le Mali a servi de prétexte à la France pour opérer un retour en force sur la scène malienne et de s’exonérer à bon compte de son passif colonial. Ce faisant, le Mali est perdant à double titre: Il a blanchi la France de son passif colonial et doit subir à nouveau la présence militaire française aux conditions de son ancien colonisateur, avec l’édification d’une base militaire à Kidal, dans le nord-Mali, la première depuis l’indépendance du pays, en 1960. «Il y a quelqu’un de pire qu’un bourreau son valet». Mirabeau.
Si Serval (petit félin du désert) au Mali et Sangaris (papillon) en Centrafrique ont enrichi l’onomastique des opérations militaires en Afrique de deux codes-barres en 2013, bouleversant les données géostratégiques, ces deux interventions françaises dans son pré-carré, ont néanmoins créé une nouvelle dynamique, dont le Mali, la RCA, au-delà l’Afrique francophone dans son intégralité, en pâtiront et en paieront longtemps le prix.
Les interventions militaires françaises répétitives en Afrique ont eu pour effet second de blanchir la France de son passif colonial en raison du fait que le recours au pouvoir colonial pour restaurer son indépendance plombe définitivement tout discours sur l’indépendance et la dignité du fait de la vénalité et la couardise de la classe politique africaine, particulièrement malienne, son indignité et son absence de sens patriotique.
Le trafic, en parallèle, des djembés et des mallettes au delà du tolérable, en toute indécence, a constitué une pratique qui fait honte à toute l’Afrique et à la France en ce qu’il n’appartient pas au tiers monde arabo-africain de soutenir le train de vie de l’élite politico-médiatique française et ses vacances paradisiaques, sur le budget du contribuable des peuples affamés.
Une honte à l’Afrique de nourrir ses bourreaux en ce que la vénalité française et la corruption africaine, constituent une combinaison corrosive, dégradante pour le donateur, avilissante pour le bénéficiaire. Cette observation vaut pour l’ensemble de la clientèle africaine de la France.
Un an après la chute de Kadhafi, la zone sahélienne a ainsi pris l’allure d’une zone de non droit de 4 millions de km2, un périmètre, sous surveillance électronique de l’aviation américaine, vers où convergent désormais les islamistes du Sud du Niger, du Tchad et du Nigeria (Boko Haram), plaçant l’Algérie face à un redoutable dilemme d’accepter le développement de l’insurrection islamiste à sa frontière sud, ou de tolérer une intervention militaire de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), sous forte tutelle des États-Unis et la France….Avec en perspective la multiplication des compagnies militaires privées et son corollaire le prolifération des groupements terroristes.
On prêtait aux pays occidentaux l’intention d’obtenir de la future République Azawad ce qu’ils n’ont pu obtenir du Mali, à savoir la base de Tessalit hautement stratégique au plan économique et militaire, ainsi que de la fermeté dans la lutte contre l’émigration «clandestine».
Une manœuvre destinée, en complément, à prendre de revers l’Algérie, l’alliée de la Russie, le protecteur de la Syrie, de surcroît, le dernier état séculier arabe à avoir échappé aux manœuvres de déstabilisation des pétromonarchies du Golfe que le Qatar avait menacé de représailles pour s’être opposé à l’exclusion du régime alaouite de la Ligue arabe.
Kadhafi, certes, a été depuis lors expédié ad patres dans des conditions ignominieuses, tant il est vrai qu’il n’est jamais sain de piétiner un homme à terre, mais Nicolas Sarkozy et son satrape régional, l’émir du Qatar, Hamad Al Khalifa, n’ont pas été épargnés par le mauvais sort, projetés sans ménagement dans les trappes de l’histoire.
Source : Libnanews le Média citoyen du Liban