Depuis son bastion de Kidal, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a déploré, les 16 et 17 juillet, « l’abandon » de la mise en œuvre de l’accord de paix d’Alger signé en 2015.
Dans le numéro de jonglerie que la junte malienne exécute avec ses partenaires passés, vacillants ou tout nouveaux, chacun essaie de trouver sa place. Très souvent cités aux prémices de la crise du Septentrion, les mouvements touaregs et leurs rêves azawadiens ne semblent plus au cœur des discours politiques, singulièrement depuis le coup d’État militaire d’août 2020 et sa réplique de mai 2021.
La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) s’est donc réunie, les 16 et 17 juillet 2022 à Kidal, pour évoquer l’accord de paix d’Alger. Signé il y a sept ans, ce dernier semble subir au mieux un aggiornamento, au pire une renonciation, qu’il s’agisse de l’intégration des ex-rebelles au sein des forces de défense maliennes et ou de la plus large autonomie censée être accordée aux régions.
C’est sur la base de cet accord que l’alliance de groupes touaregs et nationalistes arabes du Nord, créée en 2014, avait accepté de suspendre ses actes de rébellion contre le pouvoir central. Elle ne sait manifestement plus sur quel pied danser. Depuis une zone peu éloignée de la frontière algérienne, la CMA déplore, « avec inquiétude », l’abandon apparent de la mise en œuvre de l’accord de paix, « notamment depuis l’avènement de la transition ». « Pas grand chose comme mise en œuvre » et « aucune réunion depuis octobre [2021] », résume le porte-parole de la Coordination, Mohamed El Maouloud Ould Ramadane.
Craintes d’escalade
En off, des proches du régime bamakois évoquent une déclaration « fallacieuse » d’émanant d’ex-rebelles impatients. Mais, pour nombre d’observateurs indépendants, l’arrêt de l’application de l’accord d’Alger est suffisamment factuel pour que le communiqué de la CMA soit légitime. Voire préoccupant…
En effet, la CMA se réserve désormais le droit de « tirer toutes les conséquences » de cette apparente inertie politique. Il est donc à craindre que ses composantes radicales envisagent un bras de fer qui n’a rien de rhétorique. L’arrivée d’Alghabass Ag Intalla à la tête de la Coordination pourrait corroborer ces craintes. Il est en effet présenté comme un proche d’Iyad Ag Ghaly, dont le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), lié à Al-Qaïda, est responsable de centaines d’attaques contre les soldats maliens et les civils.
Certes, les auteurs du communiqué de Kidal affirment condamner « toutes les formes de violence et de terreur exercées sur la population civile ». Les langues déliées et les muscles bandés, chacun tourne donc son regard vers les autorités de Bamako…
Source : Jeune Afrique