Mercredi 11 mai, un tribunal de Bamako au Mali a annoncé avoir convoqué le ministre des affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian.
Le ministre français est mis en cause dans le cadre d’une enquête ouverte pour « atteinte aux biens publics et autres infractions ».
Le juge d’instruction malien du pôle économique et financier en charge de ce dossier « invite Monsieur Jean-Yves Le Drian à se présenter à son cabinet le lundi 20 juin 2022 pour affaire le concernant », selon la convocation authentifiée à L’Agence France-Presse (AFP).
D’après le Quai D’Orsay, « aucune notification ni information d’aucune sorte ne nous est parvenue par les canaux appropriés ».
Une source proche du dossier au Mali a expliqué que cette affaire a été initiée par la plainte d’un groupement de plusieurs associations maliennes, dénommé « Maliko ».
Il s’agit d’une « histoire d’attribution d’un marché de fabrication de passeports malien à une société française (à laquelle) le fils de Le Drian serait lié ».
Une autre source a précisé : « Le Drian était à l’époque ministre de la défense. A-t-il appuyé le dossier pour défendre une entreprise française ou ses intérêts ? Voilà en gros ce que la justice malienne cherche à comprendre. Là, nous sommes au stade des enquêtes ».
Maliko, qui est proche du pouvoir militaire en place, s’est constitué partie civile à la suite de sa plainte : « les procédures et règles instituées par la législation malienne, en particulier le décret n° 2015-06040 du 25 septembre portant code des marchés publics ont été allègrement violées à l’occasion de l’attribution du marché susmentionné ».
Pour une magistrate du Mali, « cette convocation » de Jean-Yves Le Drian en l’état n’a « aucun fondement juridique ».
En outre, « à ce jour aucune plainte n’est parvenue à l’ambassade de France à Bamako ».
Cette affaire intervient alors que les tensions entre Paris et Bamako sont au plus haut depuis l’intervention du groupe militaire russe Wagner sur le territoire malien.