Depuis fin octobre, le froid bat son plein au Mali. Au seuil de la nouvelle année, ce phénomène est devenu excessif, faisant ainsi le bonheur des uns, et le malheur des autres. Pourtant, de bonnes pratiques existent pour mieux maitriser cette période.
Dans les bureaux comme sur les voies publiques, tout le monde, en tout cas le plus grand nombreux d’individus, se trouve couvert de lourds vêtements. Dans les administrations publiques, le retard devient légitime. Malgré tout, les hôpitaux se remplissent de malades pulmonaires ou de la bronchite.
En période de fraîcheur, le port des habits lourds est une mesure de sauvegarde de la santé. Pour ce faire, c’est chacun selon son moyen et ses méthodes. Sur sa moto, Lamine Keita se dit contraint de quitter chaque jour sa famille pour son lieu de travail à ‘’Dabanani’’. Pour ce faire, il explique être tenu de porter une parka, parfois un chapeau et une contre poussière pour éviter les maladies.
Cette vague de fraîcheur répercute sur le mouvement des citoyens, voire la productivité des entreprises. Selon Oumar Mariko, marié et père de deux enfants, durant cette période de fraicheur, il n’est pas facile de se déplacer tôt le matin. Accepter de braver le froid, le matin de bonheur, pour rejoindre son travail est vu comme une preuve de courage et de détermination pour M. Mariko.
Ce phénomène ne touche pas seulement les travailleurs, selon Oumar Mariko, même les jeunes qui font les ‘’grins’’ le soir sont obligés de se coucher un peu plus tôt que d’habitude.
M. Mariko estime que toutes ces résistances et paniques face au froid s’expliquent par le fait que les Maliens ne sont pas habitués à une grande fraîcheur. « La période n’est pas si mauvaise, mais le problème, c’est que la fraicheur joue sur nos mouvements parce que les Maliens ne sont pas habitués à cette période », martèle-t-il.
Pendant que certains gémissent ou grelottent de froid tout en maugréant, d’autres raflent de grosses sommes d’argent grâce à la vente d’habits lourds. Rencontrée au marché de Bacodjicoroni, Kadia Diakité, vendeuse de vêtements, confie : « Il y a plus de dix ans que je vends ces vêtements de couverture destinés aux moins de 10 ans. L’année 2019 vaut mieux que cette année. Puisqu’il n’y a pas de marché. Avec un balluchon, je peux faire plus d’une semaine sans pouvoir les écouler tous ». Les mêmes propos ont été tenus par d’autres vendeurs. Contrairement aux autres vendeurs, cette période fait l’affaire de Sadio Golfa, jeune vendeur de blousons à Torokorobougou. D’après lui, « il peut vendre trente blousons par jour, surtout durant la journée où il fait très frais et où les motocyclistes, les femmes expriment un besoin pressant d’habits lourds ».
Le Harmattan, avec son lot de vent et de fraîcheur, n’est pas sans conséquence pour la santé des hommes. C’est pourquoi Fatoumata Diawara, mère d’enfants à Bamako, explique qu’« aucun parent ne doit présentement laisser ses enfants sortir sous ces vents accompagnés souvent de poussières, sans leur faire porter des habits convenables ».
Dans les hôpitaux, les maladies liées au froid se multiplient. Selon Dr Bintou Sangaré, Médecin au CSREF du Quartier-Mali de Bamako, des cas de maladies pulmonaires et de bronchite surviennent pendant cette période de grande fraîcheur. À ses dires, le Centre de Santé de Référence du Quartier-Mali reçoit, ces derniers temps, des patients atteints de la toux et de la pneumonie, des maladies dues à la fraicheur. Dr Sangaré finit alors par formuler des recommandations qui consistent notamment au port d’habits adaptés, singulièrement pour les enfants et les vieilles personnes.
En effet, malgré cette grande fraîcheur, certains parents ne respectent pas les consignes en termes d’habillement et de couverture. Cela se voit à travers le cas du jeune Aboubacar Sidibé, apprenti de moto, âgé d’une dizaine d’années. Ce jeune garçon arrive au travail avec des habits trop légers pour le protéger contre le froid. Rapproché par nos soins, il s’explique : « D’habitude, je sors étant couvert de mon blouson, mais aujourd’hui, je n’ai pas eu le temps de faire cela. Mes parents ne disent rien quand je sors sans un vêtement de couverture ».
Toutefois, selon les prévisions météorologiques au Mali, les températures de 2019 et celles de 2020 sont pratiquement les mêmes dans les zones du sud. Néanmoins, pour Aliou Maiga, prévisionnistes au service Météo du Mali, les mois de décembre, janvier et février 2020 doivent connaitre une hausse de températures dans les régions du nord contrairement à l’année 2019. « Nous assistons à une baisse de température courant ces derniers moments, mais cela ne veut pas dire qu’on n’assistera pas à une hausse », a-t-il indiqué.
Se prononçant sur les raisons qui font sentir par les citoyens une grande fraîcheur ces derniers temps, le prévisionniste Amadou Diakité explique que c’est dû à la présence de vents frais et de la poussière. Les températures se stabiliseront une fois que les vents et les poussières disparaitront, a-t-il rassuré.
Mamadou Diarra
Source : LE PAYS