Au Mali, le ‘Gnioko’ ou ‘Gnogo’ pour d’autres, est un ensemble de trois instruments de musique traditionnelle et culturelle en milieu Minianka. Cependant, pour plus d’harmonie musicale, on peut y associer d’autres instruments, lors des cérémonies, pour un peu moderniser.
Présent dans le Cercle de Bla (Centre), depuis plus de 70 ans, l’ensemble instrumental est basé à Diaramana, situé à 45 km du chef-lieu de cercle, d’où son nom de ‘Diaramana Gnioko’. Il y a beaucoup d’instruments de musique traditionnelle dans le Cercle de Bla, mais le plus sollicité est le ‘Gnioko’. Cet orchestre musical de Diaramana a parcouru le Mali pour se produire lors des fêtes nationales, traditionnelles et culturelles.
Gworo Sogoba, connu sous le nom de « Golo Face », cultivateur domicilié à Diaramana, est âgé de quarante-quatre ans, marié à deux épouses et père de neuf enfants. Il est, aujourd’hui, le chef de cet orchestre traditionnel. « Bien avant le ‘Gnioko’, dans le cercle de Bla, précisément à Diaramana, c’était le ‘Gwouaga’ et d’autres instruments de musique, en milieu Minianka, comme le ‘bolon’, ‘kounguéré’ et le ‘baradeni’. Ces instruments étaient utilisés pour accompagner l’effort des cultivateurs au champ », nous explique Gworo Sogoba.
« On dit, ici chez nous, que le ‘Gwouaga’ est le père du ‘Gnioko’. En ces moments, des ‘Tons’ de cultivateurs (groupements d’hommes ou de femmes) s’organisaient, pendant l’hivernage, pour cultiver, à tour de rôle, soit leur propre champ soit des parcelles d’autrui, pour avoir de l’argent, afin de subvenir à leurs besoins personnels ou financer les activités du Ton », poursuit notre interlocuteur.
Après les récoltes, la fête traditionnelle de ‘Gwouaga’ était organisée à Diaramana, chaque année. À l’arrivée du ‘Gnioko’, les gens ont plus apprécié celui-ci que le ‘Gwouaga’. « Quand nos vieilles personnes faisaient leur tournée, de village en village, lors des fêtes traditionnelles, c’est dans le village de Woula, Cercle de Koutiala (Sud) qu’ils ont vu le ‘Gnioko’. À leur retour à Diaramana, ils ont tenu une réunion afin de créer cet ensemble d’instruments de musique chez nous aussi », raconte Sogoba.
Ainsi, le forgeron Batra de Diaramana a été envoyé à Woula pour voir le modèle de ‘Gnioko’ afin de reproduire ce qu’il aurait vu. Il est allé chercher l’arbre qui correspond à la moule du ‘Gnioko’.
« Une fois monté, le ‘Gnioko’ animait quelques fêtes traditionnelles locales comme le ‘Nougoli’, le ‘Diassadjeni’ et le ‘Nampou’. En dehors de Diaramana, les gens nous invitent dans toutes les localités du Cercle de Bla et, maintenant, hors du cercle et même hors de la Région de Ségou (Centre) », dit Golo Face. Et, à travers le pays, l’ensemble joue dans beaucoup de bourgades lors des fêtes nationales, traditionnelles et culturelles ainsi que des festivals. « Nous sommes sollicités pour des cérémonies sociales telles que mariages, baptêmes ou inaugurations », nous dit Gworo Sogoba.
Quand un batteur de ‘Gnioko’ est atteint par l’âge ou après son décès, il est remplacé par un initié auprès des anciens qui exprime la volonté d’intégrer le groupe musical.
« Quand Bla a été érigé en Cercle, accompagné d’une autre personne, nous avons représenté le cercle à la Biennale en 1984. C’est en cette occasion que j’ai reçu, des mains du Président, feu Moussa Traoré, pour la première fois, une attestation. Lors des cérémonies du Cinquantenaire de l’indépendance du Mali, à Sikasso, j’ai eu ma première Médaille qui m’a été remise par feu Amadou Toumani Touré, chef de l’État. », se souvient avec fierté l’artiste.
Pour faire monter l’ambiance lors de grandes cérémonies, dans le Cercle de Bla, on fait appel à l’ensemble instrumental ‘Gnioko’ de Diaramana. Comme le dit le chef d’orchestre, le chanteur de ‘Gnioko’ ne fait d’éloges des gens, Il chante des compositions traditionnelles locales et nationales. Des chansons qui encouragent, poussent au labeur, appellent à la paix, soulagent et conseillent les gens.
Gworo Sogoba est connu à travers la Région de Ségou et même à Bamako, la capitale, pour son talent de comédien dans des pièces de théâtre et de danseur. Il a joué dans plusieurs pièces lors des Biennales, des Semaines culturelles locales et régionales de Ségou.
En milieu Minianka, beaucoup de cultures et de traditions sont toujours respectées et gardées. Il en est ainsi du ‘Gnioko’, le plus emblématique de la société Minianka et le plus sollicité lors des cérémonies culturelles et traditionnelles, contrairement au balafon qui est un peu plus partagé par d’autres cultures.
Dans le temps, les générations de Minianka se formaient, dès le bas âge (après la circoncision) auprès des sages pour ne pas oublier ou perdre les valeurs de sa société (la culture, les traditions et coutumes, les totems et interdits, etc.) Mais avec l’arrivée de nouvelles religions (musulmane et chrétienne) cette pratique à tendance à disparaître.
M. OUERE, Amap Bla
Source : L’ESSOR