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Mal gouvernance au Mali : A qui la faute ? le peuple ou les dirigeants

Modibo Keita le dictateur, Moussa Traore le tueur des enfants, Alpha le bavard, ATT le chef rebelle, Dioncounda l’homme au sang qui ne circule pas, IBK l’homme du luxe. Tel a été le  qualificatif attribué à tous ces hommes d’Etat  qui ont présidé aux destinés du Mali. En effet depuis son accession à l’indépendance  aucun de ces hommes n’a gagné l’estime du peuple malien. Des maliens se demandent si toutefois les citoyens ne doivent pas se remettre en cause car ces dirigeants ne sont pas tombés du ciel.

Le président Modibo Keita  et les membres de l’US-RDA croyaient durs comme fer en la capacité du peuple malien à pouvoir supporter le fardeau de l’indépendance. Le 22 septembre 1960 au lycée technique ces vaillants panafricanistes proclament l’indépendance du Soudan français qui devient république du Mali. Le Malien vient de secouer le joug colonial qui pendant un demi siècle a pesé sur sa tête. Dans la ferveur populaire Modibo Keita annonce que le Mali opte pour l’option socialiste. Les premières fissures apparaissent entre les leaders politiques. Fily Dabo Sissoko, Hamadoun Dicko sont les premiers à en faire les frais. Pour des questions de souveraineté le Mali abandonne le franc cfa au profit    du franc malien. Les commerçants se révoltent Maraba Kassim Touré est déporté. Le président Modibo Keita ne comprend plus son peuple, il est vite gagné par le découragement  et déçu comme l’a été le leader du peuple Zoulou Chiaka. Le peuple qui garde encore en mémoire les heures sombres de la colonisation prend peur. Les rumeurs les plus folles circulent, des personnes mal intentionnées vont jusqu’à dire que le communisme signifie que ta femme appartient à toute la communauté. Modibo Keita est accusé d’avoir tué un albinos. Les milices populaires mises en place pour encadrer la société sont accusées d’exactions. Dans les rues de la ville coquette, ont fait croire aux personnes âgées    qu’elles seront tous liquidées. Pourtant, le président Keita était animé de bonnes intentions en visionnaire, il a jeté les bases du Mali modernes. Il est même parvenu à obtenir pour le Mali le siège de membre non permanent du conseil de sécurité. Il est vite gagné par le découragement face à un peuple   de plus en plus exigeant. Il tente de stopper la corruption à travers l’opération taxi mais peine perdue. Le premier mai 1968, dans un discours resté célèbre à l’Ecole Normale Supérieure à l’époque, école du parti, il dénonce le visage hideux de l’impérialisme   incarné par certains traitres. Il sentait déjà la fin. On attribue sa chute à une voie   qu’il ne devait pas emprunter lors de sa visite officielle au Burkina Faso. Ce passage se trouve à Ouyigouya, il n’était pas avec le président El Hadj Sangoule Lamisaza quand, le cortège  passait et le protocole n’a été informé que plus tard. En réalité  comme le dit  un adage bambara c’est des anciens préjugés qui ne tiennent pas la route. Pendant qu’il était en visite dans la région de Mopti, il apprend la mauvaise nouvelle, des bruits de bottes sont signalés à Bamako. Il pouvait faire appel à l’aviation de Tessalit qui était commandé par le capitaine Djibi Silas Diarra. Abord du bateau Abdoulaye Soumare qui le ramenait, il reste calme et ne rend compte de la situation qu’à son épouse. A la maison du peuple, il dira aux militaires que le peuple malien souffre s’ils ont des solutions pour atténuer cette souffrance, ils sont les bienvenues. Aux membres du CMLN qui lui propose d’abandonner l’option socialiste, il répond, l’option socialiste est le chemin choisit par le peuple malien et ce chemin, il ne l’abandonnera jamais. Le Lieutenant Moussa Traore un jeune de 32 ans prend le pouvoir. La liesse populaire qui a suivi le coup d’Etat est de courte durée. Les 14 qui ont fait le coup commencent à se disputer  la gestion du pays .C’est dans ce contexte que le capitaine  Yoro Diakité tente le tout pour tout, il finira sa course à Taoudenni .Le président Moussa Traore qui dans son discours dira que le régime dictatorial de Moussa Traore et ses valets à chuter ne tardera pas à se rendre à l’évidence. Néanmoins avec lui les milices sont dissoutes, les rationalisations cessent. Le libéralisme s’installe chacun travaille pour son compte. Il  se brouille avec le capitaine Djiby Syllas Diarra, qui finit dans les geôles de Taoudenni. Le divorce intervient quand ce dernier dit au président Traore, que pour redresser un pays il faut des sociologues, des planificateurs, des économistes. Nous, nous sommes des militaires notre place c’est dans les casernes. En  dépit  de la liquidation des entreprises et sociétés d’Etat, il obtient quelques succès économiques. Mais, il faudra attendre l’arrestation de la bande des trois   à savoir Kissima Doukara, Karim Dembele, Tiekoro Bagayoko, pour que le Mali retrouve le chemin d’une vie constitutionnelle normale. Durant les 23 ans passés au pouvoir, dont 10 dans l’incertitude, il a su préserver l’intégrité territoriale  du Mali. En son temps les détournements  à la pelle étaient rares.  La spéculation foncière     n’existait pas. L’enseignement était bien encadré. Il finit sous le coup des pseudo-démocrates qui vont l’accuser à tord du détournement de plus de 600 milliards  de fcfa. Après sa sortie de prison, il n’avait même pas de logement.     Le 26 mars 1991, il est renversé par un coup d’état militaire dirigé par le lieutenant colonel Amadou Toumani Toure   après une courte transition de 12 mois, il passe le  témoin le 8 juin 1992 au président Alpha Oumar Konare. Le président Alpha prend les manettes    du Mali dans un contexte marqué par une rébellion touarègue et une terrible contestation intérieure. Avec la stratégie du bâton et de la carotte, il parvient  à redresser la situation. A partir de l’année 1996, il entame des grands chantiers et une reforme en profondeur de l’administration malienne vieillissante. Mais très rapidement, il est accusé d’avoir encouragé la corruption le terme fonctionnaire milliardaire   entre dans le jargon populaire. On lui reproche aussi le sabotage de l’outil de défense. Il est taxé de communiste de féticheur à cause des nombreux monuments qu’il érige. Avec lui Bamako devient la capitale du monde. Alpha reçoit Nelson Mandela président de l’Afrique du sud, Giang Gemine président de la république populaire de Chine,   le secrétaire d’Etat américain Warren Christopher. Sous sa présidence, le Mali devient membre non permanent du conseil de sécurité. Il organise la CAN2002.  Mais, il finit ses deux mandats  sans pouvoir résoudre la question de l’école malienne.  En dépit des efforts consentis, il est considéré à tord ou à raison   d’être à l’origine de la déliquescence de l’Etat malien avec  le processus de décentralisation mal      engagé. Il quitte avec le surnom d’Alpha le bavard. ATT son successeur aura moins de chance, il entame son premier mandat par des grands travaux d’infrastructures routières. Le Mali devient un exemple de démocratie en Afrique, un havre de paix. Réélu les choses se compliquent pour lui quand le guide de la Grande Jamahiriya   Arabe Libyenne socialiste Mouammar Kadhafi tombe. A partir du mois de janvier 2012, les bandits du MNLA associés à des djihadistes venus de Lybie envahissent le nord du Mali. Conscient de la faiblesse de l’armée, il commande du matériel militaire. Au même moment, il met en branle la diplomatie malienne, des pays promettent un soutien militaire. Il est accusé d’être le  chef rebelle. On lui reproche d’avoir fermé les yeux sur le massacre d’Aguelhoc. IL est renversé le 22 mars 2012, de son départ du pouvoir au jour d’aujourd’hui le nombre de victime a été multiplié par 20. Dioncounda qui dirige la transition sera physiquement agressé au palais de Koulouba. On lui reproche son manque de charisme. C’est bien lui qui pourtant va sauver le   Mali en demandant le soutien militaire de la France. Il parvient à assurer valablement la transition en organisant le scrutin le plus transparent de l’histoire du Mali démocratique. Il passe le témoin à l’actuel locataire de Koulouba IBK. Le président El hadj Ibrahim Boubacar Keita  au moment de son accession à la magistrature suprême était tellement populaire qu’on lui a attribué le titre de « Kankelentigui », c’est-à-dire celui qui honore la parole donnée. Mais très vite, il se rend à l’évidence face à la réalité du pouvoir. Il tente d’apporter le changement tant attendu, mais malheureusement, il se heurte à un peuple qui veut le changement mais qui ne veut pas   changer.   La preuve lors de la signature de l’accord d’Alger, il a dit de vive voix qu’on veut lui imposer un accord sans le consentement du peuple malien. Mais personne ne prendra ne ce reste une pancarte pour dénoncer le laxisme de la communauté internationale.    L’opposition au lieu de s’associer au pouvoir  pour faire pression sur les acteurs de la crise à tout simplement attendu la fin des pourparlers pour dénoncer l’accord. Le président IBK sera même traité d’âne au cours d’une manifestation. Il est accusé d’avoir vendu le Mali à la France. Problème on ne peut procéder à une vente sans document    à l’appui. Finalement, certains se posent la question si toutefois le peuple malien aspire au changement. Comme le disait le président des FARES, le problème du Mali n’est pas une affaire de  dirigeant.

Oumou Cisse 

Source:  Le Triomphe

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