Une manne pour le Trésor public, confronté à la rareté des ressources à cause de l’embargo et le gel des avoirs de l’Etat décrété contre le Mali par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (Uémoa).
La main levée des comptes des opérateurs de téléphonie mobile, Moov Africa/Malitel et Orange-Mali, constitue réellement une bouffée d’oxygène pour le Trésor public.
La semaine dernière, nous vous annoncions le versement le jour même de l’énoncé du verdict du Tribunal de grande instance de la Commune IV de quelque 11 milliards de F CFA par l’opérateur Moov Africa/Malitel, dont 8 milliards pour les impôts et 3 milliards de FCFA au titre de la redevance à l’AMRTP.
Selon des sources proches de ce dossier, Orange-Mali n’est également pas demeuré en reste. Elle a injecté en un temps record la bagatelle de 17,3 milliards de F CFA au Trésor public au titre des taxes et impôts. Autrement dit, en deux temps trois mouvements, l’Etat, victime de sanctions dures de la part d’instances sous-régionales, a vu ses finances renflouées par deux des entreprises les plus rentables de la place, malheureusement trainées dans la boue par une association de consommateurs, inconnue du grand public, manipulatrice, boulimique et peu soucieuse du bien-être commun. Sinon comment comprendre que les deux sociétés soient condamnées aujourd’hui au paiement de la somme astronomique de 177 milliards de F CFA sur une accusation farfelue comme la facturation du répondeur ? Pour sa part, l’Union internationale des télécommunications (IUT) n’en fait pas un drame, une cause de condamnation et indique que chaque pays peut avoir sa propre législation en la matière.
Du reste, l’Autorité malienne de régulation des télécommunications, Tic et postes (AMRTP), sollicitée par la justice, avait techniquement démontée la requête du Réseau malien des consommateurs du secteur des télécommunications (Recomatem, la partie civile), il y a plus de 10 ans de cela, quand l’actuel Premier ministre Choguel Maïga en était le directeur général.
Pourquoi la résurgence d’une affaire qu’on croyait définitivement close ? Bien évidemment, “il y a quelque chose de pourri au Royaume du Danemark”, une phrase de Shakespeare, tirée de “Hamlet”, devenu un proverbe et qui signifie qu’il y a un problème, un insaisissable presque imperceptible, quelque part, qui existe mais qui reste flou. Mais passons pour l’instant…
En tout état de cause, l’Etat est averti et devrait désormais faire la part des choses, séparer le bon grain de l’ivraie pour ne pas avoir à s’en mordre les doigts juste pour les beaux yeux de gens mus uniquement par l’appât du gain facile.
Le drame serait de voir les deux opérateurs mettre la clef sous la porte. Que ferait-on alors des milliers et des milliers de travailleurs qu’ils emploient, des taxes, impôts et redevances qui ne tomberaient plus dans l’escarcelle de l’Etat ? Qu’à Dieu ne plaise !
Bref, il vaut avoir affaire à Dieu qu’à ses saints.
El Hadj A. B. HAIDARA
Source: Aujourd’hui-Mali