Le Mali, à l’instar de la communauté internationale, a célébré, ce samedi 06 févier, la journée internationale de la lutte contre les Mutilations génitales féminines (MGF). Cette Journée internationale, célébrée depuis 2004, représente une opportunité de mobilisation des gouvernements, du système des Nations unies, des organisations de la société civile et des personnes de bonne volonté contre les mutilations génitales féminines, y compris l’excision.
La présente édition a été célébré à Faraba, dans la commune rurale de Mandé, sous la présidence de Chiaka MAGASSA, Secrétaire général du Ministère de la Promotion de la Femme, de l’enfant et de la famille, en présence des partenaires Technique et financiers du Mali, et des associations et groupements féminins qui luttent pour l’abandon de l’excision au Mali.
C’est dans une bonne ambiance que les autorités administratives et traditionnelles de la commune rurale de Kalaban et du village de Faraba ont accueilli leurs hôtes de marque qui étaient venus lancer un cri de cœur à l’endroit du monde à partir de leur communauté. Signalons que ladite journée a été célébrée en collaboration avec la Coopérative de Femmes pour l’Education, la Santé Familiale (COFESFA), une organisation, qui existe depuis plus de 30 ans, et qui a axé sa stratégie d’intervention sur l’information et la communication pour un changement de comportement positif dans le domaine de la santé.
En campant le décor, Mme KONATE Amina DIARRA, Présidente de la COFESFA s’est réjouie des actions du gouvernement allant dans le sens de l’abandon de la pratique, à travers la signature des conventions, la création d’une structure dédiée à la lutte contre l’excision, l’institutionnalisation de la journée du 6 février. Selon elle, grâce aux programmes-projets, plus de 30 villages dans les communes rurales de Djalakôrôdji, de Safo et Mandé ont dit non à cette pratique néfaste à la santé de la petite fille et de la femme. Elle a, à cet effet, remercié les exciseuses de Faraba qui ont jeté le coutelas de l’excision depuis des mois. « Nous ne pouvons cesser de remercier ces communautés qui ont su l’ampleur du danger des MGF. Grâce à votre esprit de grandeur, les filles d’aujourd’hui seront protégées de la fistule, de la frigidité, de l’hémorragie pendant l’accouchement et d’autres séquelles qui marquent négativement la vie de la femme à jamais », a-t-elle dit.
La présidente des femmes exciseuses de Faraba a expliqué qu’elle ignorait les conséquences de l’excision. Grâce aux campagnes de formation et d’information de la COFESFA, elle a pris conscience des risques. C’est pourquoi, elle et ses camarades ont décidé d’abandonner les mutilations génitales féminines.
Dr Eugène KONGNIYIRI, Représentant résident de UNFPA a souligné que les mutilations génitales féminines recouvrent l’ensemble des interventions qui consistent à altérer les organes génitaux de la femme pour des raisons non médicales. Selon lui, ces pratiques sont considérées, au niveau international, comme étant une violation des droits humains des femmes et des filles, notamment de leurs droits à la santé, à la sécurité et à l’intégrité physique, mais aussi à la vie lorsque ces pratiques ont des conséquences mortelles.
Quant au Secrétaire général du Ministère de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, il a indiqué que les données de l’Enquête démographique et de santé (EDSM-VI de 2018) montrent que 73% des filles de 0 à 14 ans, et 89% des femmes de 15 à 49 ans ont été excisées. La même étude, poursuit-il, confirme que 76% des filles ont subi des mutilations génitales féminines avant l’âge de 5 ans. Il s’est réjoui des efforts des ONG et associations qui luttent farouchement contre cette pratique. « La signature de la convention et la déclaration publique d’abandon de la pratique des mutilations génitales féminines/excisions par les populations du village de Faraba (Commune rurale du Mandé) et le lancement de la série télévisuelle sur les VBG intitulée Dance inlassable ou Don ni Don goma, réalisé dans le cadre du Programme initiative Spotlight sont le résultat des efforts de ces braves dames et hommes qui n’ont d’objectifs que d’éradiquer cette pratique dans nos localités », a-t-il dit. Il a ainsi encouragé la COFESFA et ses partenaires pour leurs efforts de développement et de changement social dans la commune rurale du Mandé. «En effet, la signature de la convention et la déclaration publique d’abandon de la pratique des MGF/E par les populations de Faraba, dont vous venez d’être tous témoins, est le couronnement des efforts consentis par l’ONG COFESFA et ses partenaires. C’est la preuve que la stratégie de dialogue communautaire pour la transformation des normes sociales négatives en normes positives peut être porteuse. Cela démontre à suffisance, qu’il est important de continuer à renforcer les connaissances des populations, sur les MGF/E et de les impliquer dans tous les processus de développement et de changement de normes sociales. Je retiens que cette déclaration publique d’abandon de la pratique des MGF/E, est aussi une invitation aux plus hautes autorités, à l’ensemble des forces vives de la nation et les partenaires techniques et financiers, à accepter d’investir davantage dans la lutte pour l’abandon des VBG et en particulier les MGF/E. Ce qui est en parfaite adéquation, avec le thème de la présente journée », a-t-il dit.
PAR CHRISTELLE KONE
Source : INFO-MATIN