Le Mali dispose d’un nombre important d’acteurs engagés dans la lutte contre la corruption. Ceux-ci ont bénéficié, du 19 au 22 novembre 2019, d’un Master Class offert par le projet Redevabilité et participation des femmes au Mali (RPPFM) sur la lutte contre la corruption, la délinquance économique et financière. Il a révélé la nécessité d’un partage d’information et de collaboration étroite entre acteurs. Le but étant de hâter les pas en vue de l’atteinte de résultats probants aux termes de cette course de fond pour l’amélioration de la gouvernance au Mali.
Fort de cette expérience, le RPPFM organise, depuis hier, dans un hôtel de la place, la rencontre du Cadre multi-acteurs de la chaîne de lutte contre la corruption, la délinquance financière et les crimes économiques.
La cérémonie d’ouverture de cette rencontre entre politiques, justice, société civile, partenaires techniques et financiers (PTF), présidée par le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Malick Coulibaly, a lieu en présence de la cheffe du Projet redevabilité et participation des femmes au Mali, Michèle Akpo.
Le cadre multi-acteurs est une réponse à l’une des recommandations du Cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable du Mali (CREDD) visant à développer une coordination entre les différents organes de contrôle. Deux jours durant, elle réunira les acteurs impliqués dans la chaîne de la lutte contre la délinquance économique et financière au Mali. L’objectif est d’identifier les mécanismes de collaboration entre eux. De ces assises, il est attendu le développement d’une synergie entre acteurs et le renforcement des moyens devant permettre l’atteinte des objectifs mutuels.
Cette rencontre donne à cet effet l’occasion de rappeler qu’un État démocratique performant en matière de développement, exige la mise en place d’autorités indépendantes de contrôle, a noté le président du Conseil national de la société civile. Lesquelles structures doivent, selon lui, contribuer à une meilleure gestion des ressources publiques. Pour ce faire, «la mise en place d’un cadre multi-acteurs efficace et efficient pour une coordination étroite entre les différents organes de contrôle devient un impératif», a souligné Boureima Allaye Touré, avant d’ajouter que la société civile est résolument engagée avec le Bureau du Vérificateur général et le Pôle économique dans ce combat.
Lutte dont l’aboutissement dépend d’une meilleure compréhension de tous. «Les magistrats n’ont pas forcément la même lecture des rapports de vérification qu’un auditeur. C’est pourquoi, il nous a semblé utile, avec l’appui bénéfique de la Coopération canadienne à travers le RPPFM, non pas de chercher une lecture commune des produits de la vérification, mais d’avoir une lecture partagée des documents sur la base desquels, les magistrats des Pôles économiques et financiers et la Section des comptes de la Cour suprême apprécient les faits dénoncés par le Bureau du Vérificateur général», a insisté le Vérificateur général. Cette dynamique a présentement fait du chemin avec la synergie fortement enclenchée entre acteurs, s’est réjoui Samba Alhamdou Baby, avant de remercier le ministre de la Justice pour son investissement professionnel dans la lutte contre ce fléau.
Pour ce dernier, cette activité arrive à point nommé puisqu’elle vient renforcer les actions du gouvernement en matière de lutte contre la corruption, afin de répondre aux aspirations et attentes des citoyens maliens.
Selon Malick Coulibaly, le renforcement des mécanismes de lutte contre la corruption et le détournement des biens publics devient un impératif qui contribuera à l’amélioration du bien-être de tous les Maliens. La corruption, a-t-il déclaré, a atteint aujourd’hui l’ensemble du corps social.
Une lutte implacable contre cette catastrophe nécessite l’implication de tous les citoyens, a interpellé le Garde des Sceaux. «La religion a un rôle à jouer. Il faut que dans nos mosquées et églises le message soit assené à tous les coups. La corruption est incompatible avec la foi. L’argent de la corruption n’est pas Halal. Conséquemment, si vous vous mariez et vous élevez vos enfants avec, vous êtes en porte à faux avec votre foi proclamée», a blâmé le patron du département de la Justice. Il a invité la famille à travers elle, les mamans, les sœurs et les épouses à se garder de faire peser sur leurs enfants, frères ou maris des charges qui les poussent dans les bras de la corruption et de la délinquance financière. Pour lui, il est impératif d’enseigner à tous ce que Platon disait : «l’or et la vertu sont les deux plateaux d’une même balance. L’un ne peut monter sans que l’autre ne s’abaisse». Malick Coulibaly a aussi souligné que l’engagement citoyen de tous doit contribuer à cette lutte. «Tant qu’on continuera à penser que la politique est l’affaire des personnes voraces, tant que l’argent fera élire, les élites politiques qui tiennent par ailleurs le gouvernail s’adonneront à la délinquance financière», a-t-il alerté, rappelant que le choix de la lutte implacable contre la corruption et la délinquance financière nous est imposé.
Amadou GUÉGUÉRÉ
Source: Journal l ‘Essor-Mali