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Ghana : cette « Année du retour » qui booste le tourisme

Le nombre de visiteurs montre que le Ghana a eu raison de miser sur le tourisme mémoriel pour célébrer les 400 ans du départ des premiers esclaves.

Par Marlène Panara

En septembre 2018, le président Akufo Addo déclare 2019 comme étant « l’année du retour », « The Year of Return » au Ghana. La campagne célèbre les 400 ans du départ des premiers esclaves d’Afrique vers Jamestown, dans l’État américain de Virginie. Entre 1525 et 1866, 12,5 millions d’Africains victimes de la traite transatlantique ont été expédiés vers le Nouveau Monde. Près de 11 millions survécurent au voyage, et débarquèrent dans les Amériques et aux Caraïbes. « L’année du retour » avait donc pour objectif d’encourager les Africains et les Afro-Américains à venir au Ghana, à la recherche de leurs racines, en s’appuyant sur le soutien de personnalités, à l’instar d’Idris Elba et de Naomi Campbell. Une initiative déjà expérimentée par le passé dans le pays, notamment par le premier président du pays Kwame Nkrumah.

Renouer avec une tradition historique

En 1957, le père de l’indépendance invite de nombreuses personnalités et non des moindres à venir au Ghana : Martin Luther King, Mohammed Ali, Maya Angelou ou Malcolm X. Parmi eux, figure en premier plan l’un des pères fondateurs du panafricanisme William Edward Burghardt Du Bois (1868-1963), sociologue, historien, poète et militant des droits civiques afro-américains, qui prendra la nationalité ghanéenne. Tremplin pour le tourisme, cette stratégie porte-t-elle ses fruits ? D’après la Ghana Tourism Authority (GTA), l’instance dédiée au secteur, les retombées sont positives. Le pays attend pour cette année 500 000 touristes – dont 45 000 Afro-Américains – contre 350 000 en 2018. Des arrivées qui pourraient générer 925 millions de dollars de revenus annuels, soit une augmentation de 50 % par rapport à l’année précédente. « L’enthousiasme est au rendez-vous. Nous avons beaucoup de personnes venant des États-Unis et des Caraïbes », avait déclaré cet été à l’AFP Akwasi Awua Ababio, coordinateur des événements de « l’année du retour », tout en soulignant les forts taux d’occupation des hôtels.

E-visa et rénovation des sites

Pour faire du Ghana une destination de choix, les autorités ont mis en place un certain nombre de mesures. Dernière en date, celle de la mise en place d’un e-visa, destiné à faciliter les démarches administratives pour tout candidat à un voyage dans le pays ouest-africain. Le gouvernement a également adopté des amendements à une loi de 2002 qui autorise les personnes d’origine africaine à demander le droit de séjourner indéfiniment au Ghana. Le secteur, qui a contribué pour 5,5 % au PIB en 2018 et se classe derrière l’or, le cacao et le pétrole en termes de génération de devises pour le pays, profite aussi d’un soutien financier non négligeable de la part de la Banque mondiale.

La semaine dernière, le dirigeant de la GTA Akwesi Agemang a en effet annoncé un nouveau prêt octroyé par l’institution à hauteur de 14 millions de dollars, qui fait suite à un premier versement de 40 millions de dollars en 2018. Les fonds sont destinés à « la rénovation de certains sites touristiques » comme le mémorial de Kwame Nkrumah à Nkroful, explique le site d’informations Ghana Web. « Le développement de circuits clés en main » est également au programme, à l’image du circuit « Ashanti », qui part du lac Bosomtwi et se termine dans la localité de Ntonso, réputé pour son artisanat.

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Au-delà du développement touristique, le gouvernement voudrait aller plus loin, et promouvoir l’investissement des Africains de la diaspora dans le pays. Une démarche à surveiller de près, selon les experts Frederick Dayour et Albert N. Kimbu qui partagent leurs inquiétudes dans un article publié parThe Conversation. Si « l’impact de l’année du retour est positif pour l’image du pays », d’autres conséquences, plus négatives, sont à surveiller. Le danger principal ? « Que les Africains de la diaspora qui investissent dans l’industrie touristique évincent les petites et moyennes entreprises locales », comme ce fut le cas au Sri Lanka, expliquent-ils. « Il est donc important que les entreprises nationales soient soutenues » et que « les opérations des entreprises étrangères au Ghana soient contrôlées ». Des impératifs que devront donc suivre les autorités pour atteindre leur objectif.

Le Point

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