Dans un rapport publié, le 23 avril dernier, date à laquelle son mandat a pris fin, le Vérificateur Général sortant, Ousmane Amadou Touré, fait le bilan de ses sept années de mandat «consacré à la lutte contre la corruption et la délinquance économique et financière».
L’information est passée presque inaperçue. Pourtant, ce 23 avril, ce n’est pas un, mais trois rapports qui ont été publiés sur le site du Bureau de Vérificateur général. Les deux premiers sont des rapports de vérification de 2016 et de 2017. Puis dans un Rapport bilan, Ousmane Amadou Touré décrit les activités qu’il a conduites d’avril 2011 à mars 2018. C’est un rapport qui contient, indique-t-il en introduction, des pistes d’analyse pouvant contribuer à formuler des stratégies porteuses pour une gestion transparente des deniers publics.
98 Vérifications effectuées en sept ans dont 6 vérifications de performance. Au total, plus de 106 entités vérifiées pour des irrégularités financières s’élevant à 358,43 milliards de FCFA dont 106,10 milliards de FCFA de fraude et 252,33 milliards de FCFA de mauvaise gestion. Dans ces conclusions, le Vérificateur Général sortant révèle que le terme «mauvaise gestion» employé dans les différents rapports est un euphémisme. «Car, écrit-il, il constitue en réalité un camouflage intelligent et bien réfléchi de détournement des biens publics».
Cinq axes stratégiques
En rentrant en fonction en avril 2011, Ousmane Amadou Touré a élaboré et fait adopter un Plan stratégique 2012-2018 avec cinq axes stratégiques. Il s’agit: de la contribution à la lutte contre la corruption et la fraude; de l’amélioration de la performance des services publics; de l’amélioration de l’ancrage institutionnel du Bureau; de l’amélioration de l’organisation et du fonctionnement du Bureau et de l’amélioration de la politique de communication du Bureau. En sept ans, Ousmane Amadou Touré et ses collaborateurs ont travaillé, du mieux qu’ils pouvaient, pour l’atteinte de ces objectifs. Cependant, force est de constater que le chantier reste immense. «Le fléau de la corruption continue malheureusement de gangrener notre pays et le place chaque jour à l’antipode de l’émergence et de l’essor économique»,s’indigne le vérificateur sortant.
Dans son Rapport bilan, Ousmane Amadou Touré, fort de ses sept années d’expérience, émet quelques ’’vœux’’ pour l’effectivité de la lutte contre la corruption dans notre pays. Ainsi, Touré estime qu’avec l’avènement du budget-programmes, la conception du contrôle doit passer de la notion de contrôles traditionnels permanents et à priori sur pièces à celle de contrôles périodiques, sélectifs et a posteriori sur des processus. Aussi, Touré appelle à la mise en œuvre des recommandations formulées dans les différents rapports publiés. «Cela, doit faire l’objet d’une priorité nationale, de même que l’impunité», indique-t-il. Entre autres suggestions, Ousmane Amadou Touré, propose une veille citoyenne pour freiner la corruption. «Même si la victime est généralement l’Etat, il importe d’envisager un certain équilibre qui favorise l’adhésion d’une société de plus en plus «révoltée» contre certaines pratiques des décideurs. La bonne gouvernance est à ce prix», a-t-il conclu.
La rédaction