Cette semaine Macky Sall a rendu visite au président russe Vladimir Poutine. Le président de l’Union Africaine a plaidé pour la mise en place de corridor de transfert de céréales et d’engrais vers l’Afrique qui subit une pénurie de ces produits à cause de la crise ukrainienne.
Lors de la visite de Macky Sall en Russie, les médias de divers horizons ont évoqué la longueur de la table installée par le service du protocole de la diplomatie russe pour les discussions avec Vladimir Poutine. En effet, comme l’ont relevé les réseaux sociaux et certains médias, la table installée pour les discussions était relativement courte et permettait à Macky Sall et Vladimir Poutine de trouver très proches l’un de l’autre.
Pour certains analystes, cela traduit la proximité souhaitée par la Russie avec le continent africain. Certains médias évoqueront même le bouquet de fleur et les couleurs chaudes du décor ayant accueilli les discussions entre les deux chefs d’Etats.
A contrario, lorsqu’Emmanuel Macron, le président français, s’était rendu en Russie pour demander une désescalade à son homologue russe concernant la situation ukrainienne, la diplomatie russe avait installé une table de 6m entre les deux présidents. Si le service du protocole de la diplomatie russe explique que cela a été fait parce que le président français a refusé de se soumettre à un test PCR russe, la symbolique du décor de leurs discussions semblait balayer cet argument du revers de la main.
En effet, Vladimir Poutine et Emmanuel Macron ont discuté dans un décor austère sur une table nue dans un décor aux couleurs froides. En diplomatie, comme en communication politique, le décor d’une rencontre a une grande importance.
Il faut par exemple rappeler que lorsque Vladimir Poutine avait rencontré Angela Merkel, pour la première fois après son élection en tant que chancelière, en 2007, leur rencontre s’était déroulée en présence du labrador du président russe, sachant que son invitée allemande a une peur panique des chiens. Pour plusieurs analystes de la communication politique russe, c’était un moyen pour le président russe de s’imposer devant la chancelière allemande.
Concernant l’Afrique, où de nombreux pays ont refusé de voter en faveur des sanctions contre la Russie, il y a un réel intérêt à soigner la communication du Kremlin sur le continent. Dans un contexte où les puissances occidentales comme la France et les Etats-Unis perdent en popularité, la Russie travaille activement à redevenir un partenaire de premier plan pour l’Afrique. Le continent est d’ailleurs l’un des rares territoires où les chaînes de télévisions russes sont encore accessibles. En plus, des pays comme la Centrafrique, le Mali et la Guinée sont devenus des relais importants pour le discours russe sur le continent.
Servan Ahougnon
Agence Ecofin