Aujourd’hui, plusieurs bénéficiaires de logements sociaux sont menacés d’expulsion pour «non-respect» des engagements contractuels vis-à-vis de l’OMH. Certains d’entre eux y habitent depuis 10 ans et accusent plus de trois mois de retard de paiement.
Cette situation empêche bon nombre de chefs de famille de fermer l’œil, en ces temps exacerbés par la pandémie du Coronavirus et son corollaire de «Pochevid 20», « la maladie la plus affligeante et humiliante au monde».
Les bénéficiaires des logements sociaux sont de 3 ordres : les salariés, les non salariés et les Maliens de l’extérieur. Les salariés voient leurs frais de location directement collectés à la source, au moment de leur paie mensuel. Quant aux non-salariés, ils doivent approvisionner leur compte logement domicilié à la BMS (Banque malienne de solidarité) débité à hauteur du montant dû : 44 419 pour les F3 ; environ 90 000 FCFA (88 838 FCFA) pour les F4 et 125 000 FCFA par mois pour les F5.
Il en est de même pour les Maliens de l’extérieur qui s’acquittent de leur obligation via un transfert de fonds dans le compte ouvert à cet effet ou par l’entremise d’une tierce personne.
En effet, si lors des campagnes précédentes de recouvrement des arriérés auprès des bénéficiaires, l’on qualifiait les retardateurs de mauvais payeurs, force est de reconnaître que la plupart sont des victimes directes ou collatérales de la pandémie du Coronavirus qui a mis en branle l’économie mondiale et embrassé beaucoup de secteurs d’activités. Par conséquent, beaucoup ont vu leurs revenus en baisse ou sont au chômage. D’autres qui recevaient de l’argent d’un parent, ami ou connaissance de l’étranger, sont privés de ces capitaux qui leur permettaient de subvenir à des besoins dont le paiement des frais de location.
Du côté de l’OMH, on explique le lancement des différentes campagnes de recouvrement des arriérés par le respect des engagements contractuels et la poursuite des programmes de logements sociaux, qui visent à donner un logement décent à moindre coût au plus grand nombre de Maliens.
C’est vrai, la menace d’expulsion a poussé certains bénéficiaires à s’acquitter de leurs arriérés. Par contre, d’autres ne savent plus à quel saint se vouer. «Où est-ce que je vais avec mes quatre enfants, présentement, à l’approche de l’hivernage ?», s’inquiète cette dame bénéficiaire d’un logement social à Tabacoro, devenue chef de famille depuis la mort de son mari qui s’acquittait des frais de location.
En tout cas, face à la situation précaire de certains bénéficiaires et en raison de la pandémie du Covid-19, il serait socialement et humainement décent de leur accorder un moratoire de quelques mois. Ce, pour éviter leur expulsion, signe d’humiliation et de déshonneur, qui va au-delà de la personne du seul bénéficiaire.
Le comble est qu’au moment où certains sont menacés d’expulsion, d’autres de plus en plus nombreux sont dans l’attente. Ils ont pour rengaine cette formule, presque sarcastique : « si ceux qui ont eu ces logements n’arrivent pas à payer leurs mensualités que l’Etat les expulse pour permettre à d’autres citoyens de pouvoir se loger ».
Sékou CAMARA
Source: Bamakonews