A tout seigneur, tout honneur. Oui il faut le dire avec, Témi, 10 ans, aura bientôt terminé de concevoir son jeu vidéo. A Kigali, Samuel a monté une exploitation de champignons au sein de son lycée. A Antananarivo, une classe d’adolescents brillants mais défavorisés travaille la confiance en soi et le savoir-être avant d’entrer à l’université…
Pourtant ni rêve éveillé, ni mirage, l’école de demain existe déjà en Afrique, ici et là. Une institution bienveillante, connectée, qui forme les enfants sans bourrage de crâne, pour construire un citoyen créatif et performant, armé pour propulser son continent dans la quatrième révolution industrielle. Elle s’incarne dans quelques établissements qui n’ont rien à envier à ceux d’Europe mais restent des exceptions, des écoles des marges, qui ont besoin d’un sérieux coup de projecteur pour être vraiment visibles dans un contexte global où l’éducation est encore très lacunaire.
Ainsi, il reste un long chemin à parcourir avant d’envisager un passage à plus grande échelle pour ces innovations. Car, pour l’heure, en matière scolaire, l’Afrique a beau avoir fait des progrès conséquents, elle reste à la traîne. D’Alger au Cap, l’élève lambda continue de s’entasser dans des classes surpeuplées et apprend comme il peut dans un système peu enclin à l’efficacité, encadré par des enseignants mal formés et peu rémunérés.
Malgré des nuances entre les pays, ce paysage domine un peu partout, même si l’Afrique n’a pas laissé son école en jachère. Au contraire. Globalement, l’accès au primaire profite aujourd’hui à 80 % des enfants, contre 64 % en 2000. Et près de quatre enfants sur dix vont au collège, contre moins de trois il y a quinze ans, selon la Banque mondiale. Un progrès quantitatif remarquable, certes, mais qui ne dit rien de ce qu’apprennent réellement les élèves. Et là encore, le bât blesse.