Le village de Diago dans le cercle de Kati est en voie d’être rayé de la carte géographique nationale à cause des prédateurs fonciers qui continuent à faire main basse sur les terres agricoles des populations de cette localité vivant majoritairement de l’agriculture. D’où l’objet de la visite du ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires Foncières Mohamed Aly Bathily à Diago en compagnie d’une délégation composée de l’honorable Yacouba Traoré, président de la Commission des Travaux publics, des Transports et de l’Habitat de l’Assemblée nationale, du gouverneur de la région de Koulikoro, Allaye Téssougué et du Sous-préfet de Kati.
Cette visite du ministre Bathily l’a conduit dans certains villages du cercle de Kati où la spéculation foncière menace sérieusement la vie des populations. Car vivant majoritairement de l’agriculture, ces populations ont aujourd’hui de la peine à trouver des terres agricoles, puisque toutes les terres ont été morcelées et vendues par les prédateurs fonciers à cause de leur proximité avec la capitale Bamako. Il s’agit des villages de Diago, Magnanbougou, Komi-Komi et Klananbougou.
Si à Magnanbougou (à ne pas confondre avec le quartier Magnambougou de Bamako, ndlr), komi-Komi et Klanabougou, le ministre a eu à faire face à de simples histoires d’abus de confiance ou de ventes illicites des terres sans l’aval de ceux qui y vivent, à Diago, la situation est encore plus préoccupante. Car c’est l’existence même du village qui est compromis par la faute des prédateurs fonciers.
Selon les habitants, en plus des 800 ha du village engloutis par l’installation de la nouvelle usine de cimenterie, Diago est la principale proie des prédateurs fonciers avec la spoliation de plus de 500ha de ses terres agricoles par des agences immobilières dont 120 ha par Faya immobilière. Une pratique qui menace les espaces vitaux du village comme le dispensaire, le cimetière, le vestibule du chef de village, la mosquée et même le lieu sacré qui protège le village depuis sa fondation. Sans compter les terres agricoles qui sont leur seul espoir de vivre étant donné que les villageois vivent essentiellement de l’agriculture.
« Ce que nous connaissons ici est pire qu’au nord. Seulement, nous ne prenons pas d’armes pour nous rebeller.», s’indigne Dianafa Coulibly, un paysan du village avant de s’interroger s’ils sont Maliens comme les autres vu l’injustice dont ils sont victimes.
Le ministre a promis d’annuler tous les Titres Fonciers (TF) conçus sur ce village sans consultation au préalable de ceux qui y vivent tel que dénoncé par ces habitants. Une promesse qui a créé un éclat de joie de la part de cette population venue à sa rencontre.
Deux sulfureux dossiers à Magnambougou
A Magnanbougou, deux affaires d’abus de confiance ont été soulevées. La première oppose un paysan à l’opérateur économique Kola Niangadou qui aurait abusé de l’ignorance de ce paysan pour lui livrer 12 permis d’occuper en lieu et place de Titres Fonciers qu’il lui avait promis sur les 20 ha de son champ. Quant au second dossier, il oppose le Maire de Dio, Daouda Kané (qui a rejoint la délégation à son arrivée) à ce village et un autre paysan. Selon ce dernier, le Maire a pris ses 10 bulletins que les autorités de Kati lui ont donnés à titre de compensation de ces champs engloutis par l’usine de la cimenterie en lui promettant d’autres terres. Mais dès lors, il n’arrive à avoir ni les parcelles compensées, ni ses bulletins des mains du Maire même après avoir amené l’affaire devant la justice.
Quant au village de Komi-Komi, c’est la vente des champs du chef de village par certains jeunes du village qui était le sujet des plaintes.
Selon les explications des populations, ces champs ont été vendus par des jeunes du village sans qu’aucune autorité ne soit au courant.
En réponse, le ministre dira que c’est le cas le plus facile à régler vu qu’aucune autorité légitime n’a jusque-là approuvé la vente. Car selon lui, cet acte est inexistant aux yeux de la loi.
Il a demandé au Chef de village d’aller cultiver son champ tranquillement tout comme d’autres intervenants se trouvant dans la même situation.
Klanabougou a été la dernière étape de cette visite. Sur place, c’est un conflit territorial de deux villages à savoir Magnanbougou et Doumila qui se disputent l’appartenance de ce village malgré la présence d’une mairie, faisant de la localité, une proie facile pour les prédateurs fonciers.
Après une brève présentation de sa délégation au Maire et au Chef de village, le ministre a laissé la parole à la population qui a expliqué comment leurs terres sont vendues à leur insu par ces deux villages en complicité avec le maire de Dio Daouda Kané, principal accusé.
Pour un plaignant, c’est soit la nuit ou les samedis (jour de foire du village) que les prédateurs fonciers viennent implanter les bornes dans leurs champs. C’est pourquoi, les populations ont demandé l’implication du ministre pour sauver leurs terres agricoles fortement menacées.
Et le ministre de leurs promettre que tous les problèmes signalés feront l’objet d’une attention particulière de sa part.
En plus de ces messages rassurants, le ministre Mohamed Ali Bathily a touché du doigt partout où il est passé, la responsabilité de ces paysans qui se rendent souvent complices en refusant de dénoncer les complices internes qui collaborent avec les envahisseurs de leurs terres.
L’honorable Yacouba Traoré qui faisait partie de la délégation a affirmé son soutien total aux actions du ministre en promettant des mesures au niveau de l’Assemblée nationale pour remettre les paysans victimes dans leurs droits.
Modibo Dolo, envoyé spécial
Source: Tjikan