Le chef de la junte, Assimi Goïta, a désigné dimanche soir Abdoulaye Maïga, lui aussi colonel, pour assurer l’intérim à ce poste stratégique qu’est la primature. Jusqu’alors ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le colonel Abdoulaye Maïga a été désigné comme Premier ministre par intérim, par le chef de la junte au Mali, le colonel Assimi Goïta, en remplacement du civil Choguel Kokala Maïga, hospitalisé depuis quelques jours, d’après un décret lu à la télévision d’État. Une annonce qui ne surprend pas les observateurs de la vie politique malienne.
Cependant, avec cette désignation du colonel Maïga aux fonctions de chef du gouvernement, les deux têtes de l’exécutif sont, au moins provisoirement, des militaires, alors que les colonels s’étaient résignés sous la pression internationale après le putsch de 2020 à confier les deux postes à des civils, tout en conservant la haute main sur les décisions. Discours antifrançais
Outre l’important portefeuille de la Décentralisation, Abdoulaye Maïga, était aussi le porte-parole du gouvernement. Peu connu avant sa nomination à ce poste fin 2021, il a régulièrement fait à ce titre au cours des derniers mois, à la télévision nationale certaines des annonces les plus marquantes du gouvernement et des déclarations les plus abruptes contre HYPERLINK “https://www.lepoint.fr/monde/c-est-insultant-d-accuser-l-armee-francaise-de-soutenir-les-terroristes-18-08-2022-2486680_24.php”la France. Il avait ainsi « exigé » fin juillet du président Emmanuel Macron qu’il quitte « définitivement sa posture néocoloniale, paternaliste et condescendante ».
Le colonel Maïga passe pour ne pas avoir fait partie du cercle des officiers qui ont pris le pouvoir par la force avec le colonel Goïta en août 2020. Mais il est considéré comme proche de l’homme fort malien et est devenu la voix de la politique de rupture avec la France et ses alliés engagée après un deuxième putsch qui, en mai 2021, a écarté le président et le Premier ministre civils. Le colonel Goïta s’est ensuite fait investir en tant que président de transition.
Choguel Maïga de plus en plus critiqué
Choguel Kokala Maïga, un vétéran de la politique malienne, avait été choisi pour être le chef du gouvernement après le second putsch de mai 2021. Il a été hospitalisé il y a quelques jours après un malaise, cardiaque, selon les informations. Ses services s’étaient alors contentés d’indiquer qu’après « 14 mois de travail sans répit, il avait été mis en repos forcé par son médecin ». Ils annonçaient son retour au travail la semaine suivante. Mais aucune autre nouvelle de lui n’a été donnée officiellement depuis lors.
Il est depuis plusieurs mois critiqué par de nombreux cadres politiques qui demandent sa démission et par nombre de ses anciens alliés du Mouvement du 5 juin, dont il est l’un des fondateurs et qui a joué un rôle de premier plan dans la contestation ayant précédé la prise du pouvoir par les militaires en 2020. Une coalition de partis maliens a jugé « catastrophique » dans un communiqué, le bilan de la junte après deux ans d’exercice du pouvoir, faisant entendre une rare voix dissonante. Les expressions dissidentes sont devenues exceptionnelles, étouffées par les injonctions à l’unité nationale et les mesures répressives. « Le bilan est catastrophique et la situation est inquiétante », dit la coalition regroupée sous le nom de Cadre d’échange, dans un communiqué.
Que devient le premier Ministre ?
D’ailleurs, les quelques jours qu’avaient donnés ses services de communication et soutiens, sont passés. Et aucune nouvelle de CHOGUEL MAIGA. Jusqu’à présent, personne n’a témoigné l’avoir vu. Aucun communiqué sur son état de santé. Dans le fond, ce silence inquiète et même angoisse. Il serait souhaitable que le Gouvernement aille à ses chevets et fasse un communiqué avec des images de témoignages pour rassurer le peuple malien.
Des semaines se succèdent sans aucune de ses nouvelles. Devrait-on craindre le mal ou le pire ? Le temps est donc venu pour clairement s’interroger à propos de ce que devient le Chef du Gouvernement du Mali !
Assitan DIAKITE
Source : L’Alternance