« Les 29 ans de la démocratie malienne retombent sur un bilan pluriel, il n’est pas que positif ou négatif. Beaucoup diront que la démocratie n’a amené aucun changement mais lorsqu’on regarde aujourd’hui l’émergence des radios privées et les milieux professionnels, la pluralité de la pensée, la possibilité d’émettre des critiques, d’accepter et de ne pas accepter, on mesure le chemin parcouru et voit les avancées. De façon simple, la démocratie a permis au pays de se diversifier dans tous les champs du possible que ce soit dans le secteur éducatif, économique …
Mais si l’on veut concrètement s’interroger en termes d’utilité : qu’est-ce que la démocratie a permis ? Quels sont les changements majeurs positifs dans le quotidien des maliens ? Naturellement à ce niveau le bilan reste très critiquable. Si l’on prend par exemple l’éducation, sa diversification a été au détriment de la qualité de la formation. Cette ouverture de l’éducation à l’ensemble de la population a fait oublier le contenu. L’on peut dire que le contenant a été vendu en oubliant le contenu.
Si l’on fait une comparaison de la démocratie avec les Etats comme la France et les Etats-Unis, vous allez vous rendre compte que ces pays ont tous leurs modes opératoires en la matière. Alors que dans notre pays, la démocratie tend un peu plus vers la domestication. La démocratie n’a pas été accomplie !
Si l’on compare aujourd’hui, la loyauté du malien, la question d’honneur, la question de dignité, de la citoyenneté avant 90 à nos jours, malheureusement le bilan est plus négatif. Le citoyen malien n’a pas malheureusement compris.
Quand un phénomène emprunté n’est pas contextualisé, il va de soi qu’il suscite beaucoup de commentaires, de lectures. Le citoyen malien se retrouverait dans un désert où aucun horizon n’aide à s’édifier. Ce qui fait qu’aujourd’hui au Mali, aux grins, à d’autres lieux de retrouvailles, les gens vont assimiler la démocratie au désordre, au non-respect d’autrui, à l’intolérance. Parce que ce travail de conceptualisation n’a pas été fait. D’où tout cette perception.
On peut arriver à conceptualiser cette démocratie à condition que l’élite politique se donne le temps nécessaire de relire le concept et de l’adapter aux réalités du terroir. Et l’enseigner dans les différents niveaux de formations pour que tous puissent avoir une connaissance pédagogique de la conceptualisation. Ainsi on pourrait un jour espérer que le malien lambda puisse s’accaparer des concepts de la démocratie comme dans les pays démocratiques. »
Soumba Diabaté (Stagiaire)
Source: Bamakonews