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Le ministre Moulaye Ahmmed Boubacar sur la crise d’engrais : « La subvention des intrants est devenue un moyen de s’enrichir… »

Le ministre de l’Agriculture, MoulayeAhmmed Boubacar, en compagnie du PDG de la CMDT, Baba Berthé, du président de l’APCAM, Bakary Togola et du secrétaire d’Etat chargé de l’aménagement et de l’équipement rural, a effectué du 13 au 16 juillet 2019, une visite en zone CMDT. Au terme de cette première sortie, le ministre Moulaye Ahmed Boubacar a bien voulu répondre à nos questions.

Le Pouce : Monsieur le ministre, êtes-vous satisfait de l’état végétatif des champs que vous avez visités ?

Le Ministre de l’agriculture : « Nous avons visité plusieurs champs de Bougouni à Zantièbougou, Sikasso, Kadiolo, Woroni et Dioila. Dans l’ensemble, je suis satisfait. Les constats sont nombreux. Le problème qui inquiète le plus en ce moment, c’est la disparité des pluies. Nous nous rendons compte que de plus en plus, la saison pluvieuse s’installe. Ce que j’ai vu durant les trois jours que j’ai passé dans les différentes régions, nous permet d’espérer. Au-delà de la question du manque d’eau, les problèmes qui ont été soulevés par les différents producteurs rencontrés, sont des problèmes qui ne dépassent pas nos capacités. C’est la problématique de la subvention, du matériel agricole et de l’organisation. Nous avons pu prendre beaucoup de notes, en compagnie des différents techniciens, des chefs secteurs, des administrateurs de la CMDT, du président de la chambre d’agriculture et du secrétaire d’état chargé de l’aménagement et de l’équipement rural, qui nous a rejoints à Dioila. Nous allons réfléchir sur tout ce que nous avons pu entendre. La subvention qui était le souci majeur des producteurs est une réalité cette année. Il a été diffusé que 10 milliards étaient accordés à l’initiative riz et 10 autres milliards pour le coton. Il se trouve que nous sommes un peu au-delà de tous ces chiffres avec 15 milliards pour l’initiative riz et 12 milliards pour le coton. Nous avons mené de très bonnes discussions avec qui de droit. Et nous sommes convaincus que nous en ferons beaucoup plus. Je tiens à dire ceci : la subvention autant dans le cadre de l’initiative riz que dans celui du coton, ne sera plus gérée comme avant. Il faut reconnaître que c’est devenu un moyen de s’enrichir pour quelques-uns qui n’ont rien avoir avec les producteurs. Le producteur est en train de crier le manque d’engrais. Il se trouve que c’est quelqu’un d’autre qui se fait la poche sur le dos du contribuable malien. C’est une conviction politique qui a amené le président de la République à allouer 15% du budget à notre agriculture. C’est aussi une conviction politique qui l’a amené à continuer à assurer la subvention des différentes filières. Il n’est pas question pour nous de laisser les fonds publics détournés par des gens de mauvaise intention. Je n’accuse personne individuellement. Je dis tout simplement que la subvention sera désormais gérée de façon claire et rigoureuse. C’est pourquoi, nous avons impliqué les différents responsables au niveau local, depuis les arrondissements jusqu’au niveau régional et national. Des commissions et des sous commissions, sont en train d’être mises en place, pour que désormais, nous puissions suivre à la lettre comment se fait la répartition, savoir si le paysan a obtenu ce qu’il lui faut et si la subvention a réellement servi dans le cadre de la production. Tout ceci dans le seul souci de gérer en toute transparence et au grand profit de tous les producteurs et de toutes les populations. Lors du Conseil supérieur de l’agriculture, le président de la République a été très clair avec nous, en disant qu’il ne mettait pas l’argent du contribuable malien pour qu’on aille s’enrichir avec. Nous avons bénéficié de sa confiance et nous restons dans sa logique.

Par rapport au matériel agricole, rassurez-vous que nous sommes en train d’y travailler. La semaine dernière, un certain nombre de tracteurs ont été distribués par le ministre secrétaire d’Etat chargé de l’aménagement et de l’équipement rural. Nous travaillons sur le stock que nous avons en place. Malheureusement, le président de la République a raison en disant qu’il n’a que faire d’un cimetière de matériel. Ce stock, nous sommes en train de voir dans quelle mesure, on pourra l’utiliser et en faire une gestion rationnelle.

Globalement, la mission a été très utile, très positive. Elle nous a permis, à tout le monde, d’avoir des enseignements car j’ai beaucoup appris et beaucoup vu. Nous avons de la matière à réflexion et des solutions idoines seront trouvées dans les jours à venir. Quant à la campagne, rassurez-vous que nous ferons une très bonne campagne même si la saison des pluies s’est installée tardivement et de façon disparate. Les informations météos que nous avons, nous permette de dire que la saison sera bonne. »

Le Pouce : Quelles sont les dispositions prises pour accompagner les paysans qui ont fait des ré-semis ?

Le Ministre de l’agriculture : « C’est de mettre à leur disposition tous les produits et les matériels dont ils ont besoin. C’est aussi de faire en sorte que tous les fournisseurs soient dans les meilleures conditions psychologiques en essayant de voir comment payer les arriérés et remettre tout le monde au travail. Mais le grand problème qui se pose, c’est la pluviométrie. Quand on reste tributaire de la pluviométrie, ça devient autre chose. Avec le ministre des Transports, nous sommes en train de travailler à ce qu’on appelle les pluies provoquées. Déjà, il y’en a eu une bonne dizaine. Nous allons réfléchir avec le ministre en question pour voir comment orienter ces pluies. Nous avons un bon nombre de producteurs dans le centre qui, pour des raisons d’insécurité, pourraient ne pas être au travail. Et pourtant, il faut que tous les Maliens mangent à leur faim. Il faudra qu’on puisse mettre dans les meilleures conditions matérielles ceux-là qui peuvent travailler. Je crois que les pluies provoquées sont une solution. Les informations météos que nous avons, nous permettent de garder espoir ».

Propos recueillis par Tiémoko Traoré, envoyé spécial à Dioila

 

Source: L’Enquêteur

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