Le Gouvernement met les bouchées doubles pour mener les réformes nécessaires pour un Mali nouveau dont aspirent tant les autorités de la Transition. Des acteurs politiques et des organisations de la Société civile sont quasi unanimes sur la nécessité des assises nationales de refondation et la mise en place de l’organe unique de gestion des élections (OUGE). Pour le ministre de la Refondation de l’Etat, chargé des Relations avec les Institutions, le Pr Ibrahim Ikassa Maïga, ‘’il faut résolument s’engager de façon holistique et engagée’’.
Après avoir balisé le chemin, le Premier ministre, une troïka ministérielle en mission a échangé profondément avec la classe politique et la société civile sur les assises nationales pour la refondation et la création de l’organe unique de gestion des élections, et solliciter leur pleine participation auxdites assises. Par ses rencontres, le Gouvernement se veut plus inclusif
Lundi 6 Septembre, le ministre de la Refondation de l’Etat, chargé des relations avec les Institutions, le Pr Ibrahim Ikassa Maïga, celui de l’Administration Territoriale, Lt Col Abdoulaye Maïga et la ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée des Réformes Politiques et Institutionnelles, Mme Fatoumata Sékou Dicko, ont expliqué à la classe politique la nécessité des réformes envisagées.
Le ministre de la Refondation de l’Etat, chargé des Relations avec les Institutions, le Pr Ibrahim Ikassa Maïga, n’est pas allé par quatre chemins sur les axes prioritaires du Plan d’Action Gouvernemental (PAG), à savoir : le retour de la sécurité, les réformes institutionnelles, l’organisation des élections crédibles et la bonne gouvernance. Selon le ministre Maïga, le Mali fait face à une crise multidimensionnelle et multiforme dont la solution idéale passe par les assises nationales de la refondation. « La refondation parce que tous les compartiments des institutions et de la société ont été atteints. Nous sommes affaiblis, il va falloir nous reprendre. Les grands axes du Programme d’Action Gouvernemental répondent aux besoins de sécurité, de justice et de refondation », a fait croire le ministre. Lequel a doigté le « dysfonctionnement qui a conduit le pays dans cette crise multidimensionnelle ».
Aux dires du ministre de la Refondation de l’Etat, « il faut résolument s’engager dans des réformes de façon holistique et intégrée », faire la maquette des réformes pour qu’un aspect n’occulte l’autre. « L’organe unique a été relégué aux calendes grecques, faute de volonté politique », a déclaré Pr Ibrahim Ikassa Maïga.
Malgré quelques réticences, la majorité des participants ont été favorables aux réformes. Le représentant du RPDM, Modibo Kelly, estime que le PAG ne comporte pas de nouveauté, sauf l’aspect sécuritaire. « Les grands axes n’ont pas besoin de révision. Les assises peuvent mieux nous aider qu’une révision constitutionnelle », a-t-il proposé.
Pour Mme Coumba Yaressi du M5-RFP, « la situation est grave », au point que se passer de débat fait très peur. « Vous parlez de l’accord d’Alger, je trouve que c’est une camisole de force. Le débat s’impose, le pays est installé dans le mensonge et une simple concertation ne nous convient pas, on veut du concret pour le développement du pays », dira-t-elle.
De son côté, le représentant du parti MMPC, Barako Cissé, a souligné le besoin réel de sécurité sans lequel il n’aurait pas d’élection. « Il faut laisser le temps au gouvernement de mieux mettre tous les organes en place et cela pendant le temps nécessaire avant d’aborder la question d’élection », a-t-il ajouté.
Tour à tour, les adjuvants des réformes croient au PAG, porteur de « l’espoir du Mali », « une porte de sortie ». « Les assises nationales constituent la clé de voûte pour le Gouvernement », a insisté Abdoul Malick Diallo de l’URD, qui propose de « changer les dates du chronogramme et aller vite » aux assises.
Quid des opposants ?
Certains partis comme la CODEM jugent « inopportunes » ces assises. « On ne doit pas insulter le passé. Toutes les préoccupations relatives aux assises nationales sont contenues dans le Dialogue National Inclusif », assène Bakary Teman, secrétaire général du PDES. Qui dénonce « une espèce de flou autour de l’organe unique » qui nécessite trois ans pour se mettre en place selon les recommandations de la commission de Daba Diawara.
Et Naby Ibrahim Togola du parti MORENA de poursuivre, inquiet : « Il ne faut pas que la transition adopte la posture de tout embrasser à la fois et tout de suite. Le redressement serait mieux que la refondation. Il ne faut pas que cette refondation profite à un seul regroupement ou parti. Nous sommes en démocratie, les décisions des assises ne doivent pas faire l’objet de contrainte à un régime élu. L’organe unique de gestion des élections est une structure qui fait peur ».
D’autres interventions font état de difficultés à mettre en place l’organe unique, s’il faut respecter le délai de la Transition auquel tiennent les autorités de la Transition et la communauté internationale. Sans oublier la non suspension de la constitution de 1992. D’où des propositions relatives à la mise en place d’un organe transitoire. « Où est-ce qu’on va sortir les 2050 milliards de francs CFA pour la refondation ? », interroge Soya Djigué de l’ACRT, qui demande aux autorités de « tout faire pour éviter que l’argent soit roi » durant les élections.
La ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée des Réformes Politiques et Institutionnelles, Mme Fatoumata Sékou Dicko, a rassuré que l’organe unique « sera indépendante, autonome, dirigée par des agents permanents. Il y aura une administration technique dont les membres seront recrutés sur appel à candidature. La mise en place de l’OUGE sera concomitante aux assises nationales ».
Quant à leur collègue de l’Administration Territoriale, Ltd Col Abdoulaye Maïga, « le ministre de la Défense et celui de la Sécurité travaillent pour la sécurisation des élections ».
Les échanges se sont poursuivis le lendemain mardi 7 septembre avec les organisations de la société civile. Le ministre de la Refondation de l’Etat, chargé des relations avec les Institutions, Pr Ibrahim Ikassa Maïga, entouré de ses proches collaborateurs, s’est livré au même exercice. Tout comme les acteurs politiques, les représentants des OSC ont salué la démarche des autorités d’aller aux réformes. Néanmoins certains ont émis des inquiétudes face à l’insécurité recrudescente dans les régions du centre et du nord.
Somme toute, la majorité des acteurs ont donné leur quitus pour les assises nationales pouvant déboucher les réformes politiques et institutionnelles. Toutefois, la lenteur dans les actions du Gouvernement ces deux derniers mois s’explique, selon le ministre Ibrahim Ikassa Maïga, « par l’assurance d’aller de l’avant. Pour les assises, nous proposons la constitution d’un panel de hautes personnalités pour le travail ».
Cyril Adohoun
Source : L’Observatoire