Le lavage des mains au savon est un geste à la portée de tous. Selon les spécialistes, la pratique permet de réduire de 25 à 50 % le risque de contracter des maladies respiratoires ou diarrhéiques. Nos compatriotes avaient intégré le réflexe du lavage des mains lorsqu’il y a une flambée de la pandémie du coronavirus dans notre pays mais sur la base d’un constat empirique, on est en droit de dire qu’ils ont baissé la garde face à ce monstre planétaire (la Covid-19).
La célébration de la Journée mondiale du lavage des mains au savon que consacre le 15 octobre est une opportunité de faire une piqure de rappel à nos compatriotes et de les inciter à garder ce comportement de prévention des maladies. Notre équipe de reportage a fait le tour de quelques services publics pour s’enquérir de se qui se passe.
À l’entrée principale de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire des aliments (ANSSA), un dispositif de lavage est bien en place. Un petit temps d’observation nous a permis de constater que très peu de travailleurs ou d’usagers de la boîte respectent cette mesure d’hygiène. D’autres kits de lavage des mains clairsemés dans la cour de l’ANSSA sont autant moins utilisés. Dans la même cour, le Centre médico-scolaire, chargé de délivrer les certificats médicaux ou de dispense aux élèves, grouille de monde. La plupart des élèves qui s’y trouvaient ce jour sont des bacheliers, ayant bénéficié de bourses d’études sur la Tunisie.
Anassa Haïdara et Simaro Dembélé, deux jeunes étudiants, patientent sur une moto. Le premier du haut de ses 20 ans explique avoir pris le pli du lavage des mains au savon grâce à l’insistance de son pharmacien de père. «À l’entrée de l’ANSSA, je n’ai pas observé la pratique mais une fois arrivé au niveau du Centre médico-scolaire, j’ai voulu observer cette bonne pratique, malheureusement le dispositif de lavage ne contenait pas d’eau encore moins de savon», déplore-t-il.
Quant à Simaro Dembélé, il avoue crûment ne pas être adepte de la pratique. À l’en croire, il ne se lave les mains au savon que quand il voit les autres en faire ou lorsqu’on conditionne l’accès à un établissement public ou à une structure quelconque au respect de cette règle d’hygiène. L’étudiant de l’École normale d’enseignement technique et professionnel (ENETP) promet désormais d’intégrer le réflexe du lavage des mans au savon.
Rokia Sogoba, une enseignante de son état, attend patiemment sa fille devant l’ANSSA. Elle invite au respect de cette bonne pratique qui permet de lutter contre les pathologies diarrhéiques. À la maison, Rokia a installé un kit de lavage des mains. Elle veille à ce que les membres de la famille et les visiteurs observent ce rituel sanitaire.
La mairie de la Commune III exige de ses usagers le lavage des mains au savon. Dans la cour, six dispositifs de lavage des mains sont opérationnels. Le chef du service d’État civil, Bréhima Traoré, veille chaque jour à ce qu’il y ait de l’eau et du savon pour les usagers. «Nous sensibilisons les usagers sur la pratique. Chacun doit le cultiver», incite-t-il. Son collègue Adama Diarra, chef du service de l’assainissement, reconnaît que les gens observent timidement cette règle d’hygiène.
UNE MESURE D’HYGIÈNE UTILE- À quelques encablures des lieux, non loin de l’ex-cinéma Babemba, un dispositif de lavage est installé devant une boutique de vente de vêtements prêt-à-porter. À l’intérieur du magasin, deux femmes s’occupent à ranger les habits. « Depuis 9h30, nous avons ouvert le magasin », signale l’une d’entre elles en tenue wax. Une démonstration de lavage des mains au savon
L’autre, Kadiatou Doumbia, plus prolixe, indique toute l’importance à accorder au lavage des mains au savon. « Notre clientèle est soumise à l’observation de cette règle d’hygiène grâce à la perspicacité du gardien », dit-elle, ajoutant que certains clients affichent une humeur bourrue dès qu’on leur parle de l’hygiène des mains. Elle explique aussi qu’il est courant de voir les usagers reprocher le manque d’eau dans le dispositif de lavage des mains au savon dans bien d’endroits.
Le chef d’unité hygiène à l’Hôpital du Mali, Mohamed Camara, explique que pour bien se laver les mains au savon, il faut suivre un protocole qui consiste à enlever les bagues (s’il y en a), à bien mouiller les mains et y appliquer du savon, avant de les frotter l’une contre l’autre, le dos de la main contre l’intérieur ainsi que les espaces inter digitaux, la pomme après les poignets. Ce processus doit durer au moins 1 à 1,30 mn. C’est après qu’il faut rincer les mains à l’eau.
Le médecin juge la sensibilisation insuffisance sur les risques liés au non respect de cette règle qui permet de débarrasser les mains des souillures donc de les rendre propres. Pour lui, ce geste évite la prolifération des microbes sur la peau, la transmission des maladies contagieuses par les mains sales et la transmission manuportée. Le praticien de l’Hôpital du Mali conseille à chaque famille de se doter d’un dispositif de lavage des mains au savon. Il se dit convaincu qu’on peut avoir des résultats satisfaisants dans la réduction de la mortalité en continuant la sensibilisation des adultes et l‘initiation des enfants au lavage des mains au savon.
Il ressort des statistiques nationales que le lavage des mains au savon est un moyen de réduire de plus de 40% les décès liés aux maladies diarrhéiques et de près de 25% les cas de maladies respiratoires aiguës. C’est également une manière de prévenir la propagation du virus de la grippe A (H1N1).
Selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), des estimations de juin 2020, indiquent que 40% de la population mondiale, soit 3 milliards de personnes, ne sont toujours pas en mesure de se laver les mains avec de l’eau et du savon chez soi et ce taux culmine à 75% dans les pays les moins avancés. On estime que cette incapacité d’accès à ces installations d’hygiène de première nécessité plongerait un milliard de personnes en situation immédiate de risque de Covid-19.
Mohamed D. DIAWARA
Source : L’ESSOR