Ils sont journalistes, activistes, docteurs en pharmacie, avocats, enseignants, professeurs d’universités, psychologues, docteurs en ingénierie, chefs d’entreprises, chercheurs en sciences sociales, artistes, défenseurs des droits de l’Homme, blogueurs, militants associatifs ou simples citoyens… En dehors de la nationalité commune, ils ont en commun leur engagement patriotique et leur volonté d’assumer leur responsabilité dans le devenir de leur nation. Ils sont en effet des jeunes engagés pour l’Algérie et réunis au sein d’un collectif qui se dit «profondément inquiet» pour l’avenir de l’Algérie. Ils ont lancé un appel patriotique le 29 janvier 2019 sur les réseaux sociaux.
Renoncer «au statu quo» qui condamne les Algériens à une infernale fuite en avant ! C’est la quintessence de l’appel lancé le 29 janvier 2019 par les «Jeunes engagés pour l’Algérie». En agissant ainsi, ils veulent forcer les politiciens à «écouter la voix des jeunes et des citoyens qui auront à construire l’Algérie de demain».
«Nous, jeunes citoyens engagés, signataires de la présente lettre, sommes profondément inquiets pour l’avenir de notre pays», peut-on lire dans leur appel. «A la veille d’une échéance politique importante (élection présidentielle), la prolongation du statu quo constitue un réel danger pour l’Algérie. Un changement structurel de système est nécessaire, dans les plus brefs délais», ont-ils souhaité.
Pour les signataires, «cet appel est un cri de colère et d’espoir qui doit interpeller toutes les Algériennes et tous les Algériens sur la nécessité de prendre leur destin en main». Et de déplorer, «notre pays s’enlise dans une crise multidimensionnelle. Les jeunes, qui représentent 70 % de la population, sont les premiers à en souffrir. Le chômage touche plus d’un jeune sur trois. La politique économique paupérise les citoyens. Les iné́galités se creusent… La fuite des cerveaux augmente d’une manière spectaculaire. La généralisation de la corruption affaiblit la confiance des citoyens envers la chose publique. Le malaise économique, social et culturel, aggravé par une paralysie politique destructrice, est visible à tous les niveaux…».
«Notre société́ est en mesure de prendre son destin en main et de construire son pays dans la paix et la sécurité́. L’heure est à l’émergence des forces vives et positives, piliers d’une Algérie démocratique, moderne et prospère», exhortent ces jeunes.
En parcourant leur appel, nous avons eu l’impression qu’ils décrivaient plutôt ce que le Mali est devenu depuis l’avènement de l’ère démocratique. Encore faudrait-il que les jeunes, la grande majorité et le fer de lance de l’émergence du pays, en soient conscients.
Au lieu de l’unité et de l’union sacrée souhaitées et attendues pour réellement peser sur la présidentielle de 2018, c’est une jeunesse divisée qui a abordé cette échéance majeure. Les jeunes ont laissé les clivages politiques les diviser entre ceux qui ne cherchent pourtant qu’à les utiliser comme ascenseurs politiques.
Et cela parce qu’ils n’ont pas réussi à transcender leur opportunisme, leur quête du gain facile… pour constituer un front commun. La faute en partie à la structure faitière, le Conseil national des jeunes du Mali (CNJ-Mali) qui a du mal à se soustraire du joug des partis au pouvoir. Chaque régime qui arrive lui impose comme dirigeants les jeunes acquis à sa chapelle.
La situation actuelle du Mali doit interpeller toutes les Maliennes et tous les Maliens sur «la nécessité de prendre leur destin en main». Pourquoi se laisser diviser par une classe politique dont les supposés leaders ne pensent aux femmes et aux jeunes que dans des discours démagogiques visant à les amadouer pour se hisser au pouvoir ?
S’engager pour le Mali de demain
Pour se redresser, le Mali a plus que jamais besoin de «jeunes citoyens engagés» et conscients que leur génération doit assumer ses responsabilités en faisant face aux innombrables défis de l’avenir tels que la transition énergétique, la croissance démographique, le retard scientifique et technologique, le réchauffement climatique, le terrorisme, l’insécurité…. Comme l’ont rappelé les «jeunes engagés pour l’Algérie», le compte à rebours est bien avancé. Et «chaque jour d’immobilisme est un temps perdu pour notre pays».
Il est donc «primordial de croire qu’un avenir autre est possible». Autant ne pas abdiquer face au désespoir et au désarroi ambiant. Bien au contraire, il faut dépasser les clivages politiques et «redoubler d’efforts citoyens, d’engagements politiques» pour une synergie des forces afin de bâtir le Mali de demain.
Aujourd’hui, beaucoup de jeunes, vivant au pays ou à l’étranger évoluent déjà̀ au sein de leurs propres espaces d’expression et de création. En assumant leurs droits et leurs devoirs citoyens, ils savent pertinemment que le changement est un projet collectif, essentiel pour le pays et les générations futures. C’est cette prise de conscience qu’il est aujourd’hui indispensable de traduire en actes et actions pour mettre la pression sur les dirigeants politiques.
C’est la condition sine qua non pour que les jeunes soient réellement l’avenir, le fer de lance du développement en contribuant effectivement et activement au renouveau du Mali. C’est aussi la voie à suivre pour que la jeunesse puisse bénéficier des immenses richesses du pays pour vivre son rêve de prospérité, de paix, la stabilité en prenant en main son propre destin et celui de la nation. Pour ce faire, il faut se donner les «moyens et de la liberté́ de réaliser pleinement ses potentialités et d’être une force positive pour l’émergence économique de la patrie».
Les jeunes maliens doivent alors s’approprier cette citation de Georges Clemenceau (un homme d’Etat français qui a présidé le Conseil des ministres de 1906 à 1909 puis de 1917 à 1920) selon laquelle, «gloire aux pays où l’on parle, honte aux pays où l’on se tait».
Et nous ajoutons que la nouvelle génération est en train de perdre de grandes opportunités par manque d’audace et de volonté d’assumer ses convictions et ses opinions. Et pourtant, la seule façon de s’attaquer au défi du changement dans la gouvernance du Mali, c’est d’arrêter de parler pour agir !
Naby
Source: Le Matin