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La force du G5 Sahel fait mieux que la Minusma avec moins de moyens (président mauritanien)

Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a estimé que la force antijihadiste du G5 Sahel faisait mieux que celle de l’ONU au Mali, la Minusma, pourtant beaucoup mieux dotée, dans un entretien à quelques journalistes français, dont une envoyée spéciale de l’AFP.

Le président mauritanien, dont le pays abrite le secrétariat général du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) et accueillera le 6 décembre une conférence de coordination des bailleurs et partenaires de cette organisation régionale, s’exprimait en marge d’un festival culturel à Oualata (sud-est).

Q – Un rapport du secrétaire général des Nations unies publié la semaine dernière regrette les retards pris dans la mise sur pied de la force conjointe du G5 Sahel. Comment rendre cette force pleinement opérationnelle?

R – Les Nations unies ont la Minusma, qui coûte plus d’un milliard de dollars cette année et qui engage plus de 13.000 hommes. Le G5 fait avec le peu de moyens qu’il a, et avec beaucoup de promesses, alors que la Minusma a énormément de moyens et ne fait pas si bien. Si on relativise les choses, le G5 n’a pas échoué.

Nous ne comprenons pas que toute la communauté internationale continue à accepter qu’on engage des milliards de dollars du côté de la Minusma, sans résultat, et que les cinq pays du G5, qui sont prêts à engager leurs forces pour combattre et sécuriser la zone, n’arrivent pas à trouver un dixième de ce qui va annuellement à la Minusma.

Nous avons demandé 420 millions d’euros pour pouvoir nous équiper et démarrer, ainsi que 100 millions d’euros par an pour arriver à fonctionner, et jusqu’à présent nous n’avons pas obtenu 40% (de la somme demandée, le rapport de l’ONU parle d’environ la moitié, NDLR).

La solution au Sahel ne réside pas seulement dans les combats ni dans les équipements militaires, qui doivent être accompagnés par d’autres actions. Au Mali, le problème est multidimensionnel: la présence de trafiquants de drogue, de preneurs d’otage et des problèmes politiques localisés dans le nord du Mali, où une partie de la population s’estime lésée par le pouvoir du Sud. En Mauritanie, on n’a plus de terrorisme mais on a un trafic de drogue intense qui rapporte énormément à une population extrêmement pauvre et vulnérable, et qui vit de cela désormais.

Q – Les touristes commencent à revenir dans le désert mauritanien depuis l’an dernier, date à laquelle le ministère français des Affaires étrangères a allégé ses recommandations aux voyageurs, mais une grande partie du pays reste “formellement déconseillée”. Quels progrès vous reste-t-il à accomplir sur le front sécuritaire?

R – J’espère que le Quai d’Orsay puisse faire évoluer cette zone rouge en Mauritanie. Elle s’explique de moins en moins. Depuis des années nous avons fait beaucoup d’efforts pour sécuriser le pays, en réorganisant nos forces armées, en créant des unités spéciales capables de se mouvoir sur l’ensemble du territoire.

Nous avons acheté des drones (chinois, NDLR) qui vont nous permettre d’améliorer la surveillance du territoire. Nous avons créé des zones militaires interdites d’accès dans le nord du pays dans lesquelles les terroristes et les trafiquants de drogue ou de cigarettes pouvaient se déplacer librement.

Nous avons également engagé des discussions avec des jeunes qui étaient perdus, s’étaient enrôlés dans le terrorisme et cela a donné des résultats: nous n’avons plus de Mauritaniens qui partent dans des centres d’entraînement terroristes ni qui se font recruter.

Q – Votre second mandat s’achèvera en 2019. Allez-vous en briguer un troisième, comme vous y invitent vos partisans et vous en soupçonne l’opposition?

R – Je suis là pour respecter et faire respecter la Constitution (selon laquelle “le président de la République est rééligible une seule fois”). Je ne me représenterai pas dans la mesure où je veux respecter la Constitution du pays.

Je vais continuer à faire de la politique et m’engager pour la Mauritanie. Dès que la Constitution me permettra de me représenter, je le ferai. Je ne peux pas me présenter à un troisième mandat mais la Constitution ne m’empêche pas de me représenter après.

Propos recueillis par Daphné BENOIT

AFP

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