Le Rwanda et le Royaume-Uni ont trouvé ce 5 décembre un nouvel accord permettant aux Britanniques d’expulser des migrants arrivés illégalement sur leur sol.
Un nouvel accord a été signé à Kigali par le ministre de l’Intérieur britannique, James Cleverly, et le ministre rwandais des Affaires étrangères, Vincent Biruta. Après le camouflet infligé mi-novembre par la Cour suprême, qui avait confirmé que le projet du gouvernement britannique était illégal, Londres s’efforce de sauver cette mesure phare de sa politique contre l’immigration illégale.
« Nous avons poursuivi ce partenariat avec le Royaume-Uni parce que nous pensons que nous avons un rôle à jouer dans cette crise de l’immigration clandestine », a assuré Vincent Biruta lors d’une conférence de presse, tandis que James Cleverly a déclaré éprouver « une immense admiration pour le gouvernement rwandais, qui a reçu de nombreuses critiques ».
Ce nouveau traité « répondra aux préoccupations de la Cour suprême en garantissant notamment que le Rwanda n’expulsera pas vers un autre pays les personnes transférées dans le cadre du partenariat », avait assuré un peu plus tôt un communiqué du ministère britannique de l’Intérieur, en réponse à l’une des principales inquiétudes des magistrats.
« Tribunal conjoint »
Après la décision de la Cour suprême, James Cleverly avait assuré qu’un « traité juridiquement contraignant » serait signé avec Kigali pour apporter des garanties sur le sort des migrants expulsés du Royaume-Uni.
Cet accord comprend notamment la mise en place « d’un tribunal conjoint avec des juges rwandais et britanniques à Kigali pour garantir que la sécurité des migrants est assurée et qu’aucun des migrants envoyés au Rwanda ne soit expulsé vers son pays », a affirmé lors de la conférence de presse le porte-parole adjoint du gouvernement rwandais, Alain Mukuralinda. « Et il veillera également à écouter toutes les plaintes des migrants », a-t-il poursuivi.
Une fois signé, ce texte devra être ratifié par les Parlements britannique et rwandais.
Le Rwanda, « pays sûr »
Avant la signature de l’accord, le nouveau patron du Home Office s’est rendu sur le site du mémorial du génocide rwandais. « Il est clair que le Rwanda est un pays sûr, et nous travaillons à un rythme soutenu pour faire avancer ce partenariat afin d’arrêter les bateaux [qui traversent la Manche, NDLR] et sauver des vies », a assuré James Cleverly, cité dans ce communiqué.
Les hauts magistrats britanniques avaient rejeté, le 15 novembre, l’appel du gouvernement de Rishi Sunak et jugé que c’était à juste titre que la cour d’appel avait conclu que le Rwanda ne pouvait être considéré comme un pays tiers sûr.
Aussitôt après la décision de la Cour suprême britannique, Kigali avait déclaré « contester la décision selon laquelle le Rwanda [n’était] pas un pays tiers sûr pour les demandeurs d’asile et les réfugiés ». Londres doit « ouvrir les yeux sur le passé du Rwanda en matière de violation des droits humains, notamment à l’encontre des réfugiés et des demandeurs d’asile […] et abandonner une fois pour toutes ses projets d’expulsion des demandeurs d’asile vers le Rwanda », a exhorté Yasmine Ahmed, directrice Royaume-Uni pour l’ONG Human Rights Watch.
Agacement de Londres
Depuis le début de l’année, 29 705 personnes sont arrivées par la Manche à bord de petites embarcations, selon un décompte de l’AFP. « J’en ai assez que notre politique avec le Rwanda soit bloquée », a déclaré de son côté le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, dans une interview donnée lundi soir au Sun. En plus du traité, le gouvernement britannique introduira une « législation d’urgence » au Parlement pour désigner le Rwanda comme un pays sûr et ainsi « mettre fin à ce manège », a-t-il précisé.
À la suite du revers infligé par les magistrats britanniques, le ministre de l’Intérieur avait défendu la « transformation miraculeuse » du Rwanda et dit avoir perçu dans certaines des critiques « des attitudes paresseuses parce que c’est un pays africain ».
Largement distancé dans les sondages par l’opposition travailliste pour les élections législatives attendues l’année prochaine, le gouvernement conservateur s’efforce d’afficher une ligne ferme pour faire baisser l’immigration, qu’elle soit légale ou clandestine.
jeuneafrique (Avec AFP)