Jamaat Nosrat al-islam wal-Mouslimin s’est engagé depuis quelques temps dans une chasse à l’homme funeste visant la tribu Iradjanatan. Les hommes de main d’Iyad Ag Ghaly seraient mandatés pour exécuter une quarantaine d’Iradjanatane dont les noms seraient inscrits sur une liste préfigurant leur mort prochaine.
La foudre meurtrière d’Iyad Ag Ghaly contre les Iradjanatane se serait déclenchée courant avril, suite à la capture par le Jamaat Nosrat al-islam wal-Mouslimin de Keyni Ag Moussa, neveu de l’aménokal des Iradjanatane Abdrahamane Ag Galla. Keyni Ag Moussa, suspecté d’être un opposant aux agissements du JNIM, n’a plus réapparu depuis et a probablement été exécuté. Avant de mourir et sentant une menace viser l’ensemble de sa communauté, Keyni Ag Moussa aurait-il livré à ses meurtriers quelques noms de membres de sa tribu engagés dans le sens de la réconciliation ? C’est une hypothèse qui n’est pas à écarter, le pauvre malheureux n’ayant probablement pas eu d’autre choix que de prononcer quelques paroles avant que ses tueurs n’exécutent leur sentence. Aujourd’hui, les envoyés d’Iyad ont pour mission de terroriser toute la fraction Iradjanatan en s’attaquant à la principale ressource de la communauté : les hommes jeunes, en âge de s’engager pour construire l’avenir.
Pourtant, le cercle de Tessalit se souvient qu’il y a deux ans à peine, c’est Abdrahamane Ag Galla lui-même qui avait réuni toutes les fractions de la région de Kidal (entre autres Ifoghas, Taghat-Malat, Idnanes, Imghads, Kountas, Kel Essouk, Kel Rhala) afin d’expliquer et de sensibiliser les populations sur l’Accord de Paix et l’entente intercommunautaire. Ayant fait la preuve de son propre engagement et de celui de la communauté Iradjanatan pour promouvoir la réconciliation dans la région de Kidal, Abdrahamane Ag Galla ne peut se résoudre à voir sa fraction persécutée par les fanatiques du JNIM.
On connait bien la méthode d’Iyad Ag Ghaly qui est de chercher à intimider les communautés, espérant des ralliements fractions par fractions. Les Iradjanatane sont aujourd’hui menacés au nom d’un Islam qui n’est que prétexte pour Iyad Ag Ghaly afin de chercher à asseoir sa tyrannie sur toutes les fractions du Nord Mali. On comprend aujourd’hui le désarroi de l’aménokal, visé dans sa proche famille, sentant sa communauté exposée aux feux vengeurs et cruels d’Iyad Ag Ghaly et de ses exécuteurs de basses besognes. Mais à l’image de leur aménokal, les Iradjanatane n’entendent pas se laisser dicter leur destin communautaire par des fanatiques et font face à l’adversité. En cela ils sont en droit d’attendre le soutien de toutes les fractions de la région de Kidal, notamment celui des Ifoghas qui leur sont particulièrement proches, puisque c’est bien fractions par fractions que se constitue peu à peu le bloc contre Iyad Ag Ghaly et son JNIM.
Et il ne tient qu’aux derniers individus prétendument « engagés » aux côtés d’Iyad Ag Ghaly de réaliser qu’ils n’ont été que les victimes d’une manipulation tant communautaire que religieuse et que leur engagement ne fait qu’aller à l’encontre des intérêts communs de leurs fractions respectives. Il est temps pour ceux-là, notamment quelques Iradjanatane et quelques sous-fractions Ifoghas, encore trop proches du JNIM, de ranimer leur fibre communautaire et de se détacher irrémédiablement d’un Iyad Ag Ghaly dont les sombres desseins sont désormais connus de toutes les communautés du Nord Mali.
Ibrahim Keïta