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Internet : LA CONNEXION MOBILE SONNE LE GLAS DES CYBERCAFÉS

Tout comme les cabines téléphoniques ont été effacées par le téléphone portable, les points d’accès publics au web sont aujourd’hui condamnés à disparaître devant la déferlante des smartphones

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Il y a 20 ans, les cybercafés étaient des endroits qui suscitaient la curiosité et attiraient des jeunes et des moins jeunes. C’étaient les seuls endroits (ou presque) où l’on pouvait avoir accès à Internet, ce formidable outil de communication qui faisait alors ses premiers pas dans notre pays. On peut dire que les cybercafés ont représenté la porte d’entrée de ce nouveau monde pour bon nombre de nos compatriotes.
En plus du fort engouement du public, le boom des cybercafés a été favorisé, à l’époque, par la volonté politique des décideurs d’investir davantage pour promouvoir ce que l’on appelait les nouvelles technologies de l’information et de la communication (Ntic) en supprimant certaines taxes douanières pour faciliter l’importation du matériel informatique. Cette mesure incitative a encouragé de nombreux promoteurs à ouvrir des cybercafés.
Espaces servant de point d’accès public à Internet, les cybercafés ont permis à la Toile d’étendre son réseau dans notre pays. Etudiants, professeurs, journalistes, avocats, promoteurs d’ONG, hauts cadres de l’administration … les clients des cybercafés se recrutaient dans toute la classe moyenne et parmi les intellectuels et les chercheurs. Ceux-ci venaient se connecter qui pour chercher des documents, qui pour s’informer, qui pour se faire des relations, qui pour contacter des amis en Europe, en Amérique, en Asie.
Tout ce beau monde fréquentait les cybercafés sans faire attention aux tarifs qui n’étaient pourtant pas donnés du fait des coûts de l’époque et de la lenteur de la connexion qui imposait de longues attentes. Il fallait parfois débourser 2000 Fcfa pour une heure de connexion qui s’écoulait au terme d’une ou deux opérations. Ce tarif qui semble exorbitant aujourd’hui ne décourageait pas la tribu des nouveaux branchés de la capitale, composée essentiellement d’individus âgés de 15 à 45 ans.

RINGARDISE. A l’époque, les jeunes utilisaient beaucoup Internet pour le « tchat », ce système de messagerie instantanée, aujourd’hui ringardisé par les réseaux sociaux dont il est l’ancêtre. Filles et garçons colonisaient les cybercafés à la recherche de contacts ou pour échanger avec des amis ou des relations amoureuses. Dans les cybercafés, les jeunes glanaient aussi des informations sur la vie des stars ou sur tous autres sujets susceptibles d’alimenter les conversations dans les « grins ».
Les cybercafés servaient largement de bibliothèques numériques pour nombre d’étudiants désireux de trouver de la documentation pour des exposés ou des examens. Les jeunes diplômés y venaient à la recherche d’offres d’emploi, de plans d’affaires et même de partenariats.
Les cybercafés, endroits conviviaux de rencontres, ont permis aussi à de nombreux jeunes et de moins jeunes de se familiariser avec l’ordinateur et de découvrir les formidables possibilités qu’offre Internet.
Mais aujourd’hui cet univers bien réglé et chaleureux s’est effondré. Dans les cybercafés, pour les rares encore ouverts, la fréquentation est quasiment nulle. La chute est vertigineuse. Et rien ne semble pouvoir l’arrêter. Pas même la baisse des tarifs de la connexion qui sont passés de 2000 à 300 Fcfa. Certains promoteurs tentent de trouver la parade en transformant leurs cybercafés en points de vente des crédits de recharge, de façades et pochettes pour les téléphones portables. D’autres se sont reconvertis dans le transfert d’argent. Quand leurs locaux ne sont pas devenus des ateliers de maintenance informatique.

TENDANCE INEXORABLE. L’ingénieur en informatique Boubacar Sidibé explique que « internet est en plein expansion et les choses évoluent de façon progressive à tel point que les cybercafés cèdent la place à d’autres structures d’exploitation ». Selon Dramane Daou, le gestionnaire du cybercafé Monseigneur Jean-Marie Cissé de Kalaban Coura ACI, les cybercafés sont appelés à disparaître. Si la tendance actuelle se poursuit, ils vont connaitre le même sort funeste que les cabines téléphoniques.
Cette tendance semble inexorable car la plupart des internautes disposent aujourd’hui de nouveaux moyens de connexion individuels. Comme l’étudiante Fatoumata Traoré : « Je ne vois plus l’intérêt d’aller au cyber car là-bas on est obligé de se déconnecter avant 00 heure ». Avec son téléphone portable, un forfait de connexion lui permet de rester connectée et de garder le contact avec ses amis de façon quasi permanente.
L’arrivée des smartphones a ouvert la voie à la connexion internet sur les téléphones portables. Avec les systèmes d’exploitation Androïd et IOS, les smartphones sont devenus de véritables ordinateurs en miniature que l’on transporte dans sa poche.
De nos jours, le téléphone portable ne sert pas qu’à téléphoner. On assiste à une extension infinie de l’utilisation de ces appareils. Jeunes et moins jeunes en possèdent et restent connectés quasiment en permanence. C’est pourquoi dans les lieux de rassemblement, il n’est pas rare de voir les gens assis, les yeux rivés sur l’écran de leur smartphone. La baisse continue des forfaits de connexion, grâce à la concurrence entre les opérateurs de téléphonie mobile, permet de démocratiser toujours davantage la connexion à Internet. Aujourd’hui, plus de 70% des téléphones portables sont connectables à Internet. Selon une enquête réalisée en 2013 par l’AMRTP, l’agence de régulation des télécommunications, 3.140.120 personnes sont abonnées à l’Internet du téléphone mobile dans notre pays.
En plus des possibilités de la téléphonie mobile, nombreux sont les personnes qui ont la possibilité de se connecter gratuitement sur leur lieu de travail avec leur téléphone, leur tablette numérique ou leur ordinateur portable. Ceux qui ont les moyens, souscrivent à un abonnement pour la connexion Internet à domicile. Les opérateurs proposent de multiples techniques et formules pour avoir le wifi chez soi et en faire profiter sans gêne toute la famille. Et même les voisins proches.
Difficile, pour ne pas dire impossible, pour les cybercafés de survivre dans cet environnement.
A. SOW

source : L Essor

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