Les responsables de la Mission d’Observation des élections au Mali (Modele-Mali) ont procédé, le mardi 11 avril dernier à l’hôtel Maeva palace, à la présentation de leur rapport préélectoral. Le document, rapportant spécifiquement les opérations allant du 1er au 31 mars 2023 se penche sur le projet de nouvelle constitution, la mise à jour des données biométriques et l’installation des démembrements de l’AIGE dans les régions, les cercles et dans les communes du Mali.
Au total, ils sont 75 observateurs à pouvoir mener à bien cette mission dans les différentes zones du pays, en ce qui concerne le mois de mars dernier. C’est à la faveur d’une conférence de presse que le rapport a été présenté par le Dr. Ibrahima Sangho et son staff, non moins chef de mission à la Modele-Mali. Selon le responsable, le mois de mars a été marqué par des consultations entre les parties prenantes pour l’installation des membres de coordinations de l’Autorité indépendante de Gestion des Elections au niveau régional, dans les cercles et les communes du Mali. Excepté la région de Kidal, les travaux de mise à jour des données pour l’obtention des cartes nationales d’identité biométriques se sont déroulés, du 1er au 31 mars dernier, dans les localités observées par la Modele-Mali. En revanche, signale le Dr. Sangho, les demandeurs éprouvaient des difficultés pour accéder aux services à cause du nombre réduit des lieux d’enrôlement et le manque d’agents pour la prise en charge de leurs demandes croissantes. De ce rapport, il ressort que l’insuffisance du matériel d’enrôlement restait un défi pour les autorités. Les observateurs notent que le projet de constitution a été favorablement accueilli dans la plupart des régions sillonnées, notamment à Kayes, Koulikoro, Sikasso, Mopti et Tombouctou par les leaders religieux et les légitimités traditionnelles, même si des aspects comme la laïcité font toujours débat. La situation sécuritaire continue à être précaire dans les régions du centre et au nord du pays, particulièrement dans les localités de Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou et Gao, annonce le chef de mission. De l’avis général des populations des localités observées, enchaîne Ibrahima Sangho, les forces de défense et de sécurité maliennes doivent encore fournir des efforts pour la sécurisation des prochaines élections.
Des remarques spécifiques
Le rapport retient que l’installation des démembrements de l’AIGE a démarré « timidement » dans l’ensemble des localités observées. Cette lenteur est très souvent due aux désaccords entre l’administration, les partis politiques et la société civile en raison des modalités de désignation des membres de l’AIGE, ainsi que la formation des intéressés. Dans la région de Kayes, les membres de l’AIGE ont été désignés dans des localités telles que Yélimane, Bafoulabe en plus de Kayes ville. À Koulikoro, des localités comme Kati, Banamba, Dioïla, Kangaba et la commune de Koulikoro n’avaient pas, courant le mois de mars 2023, désigné les membres de l’AIGE. Quant à la région de Nara, ajoute le conférencier Ibrahima, les membres étaient partiellement désignés. À Niono, passant par Molodo, Diabaly, N’Debougou, San, Tene et Oulon, dans la région de Ségou, ils avaient été désignés. Les membres de l’AIGE n’ont pu être désignés dans les régions de Gao, Mopti et de Kidal. Les partis politiques et la société civile ont choisi, dans la région de Tombouctou, leurs représentants dans 9 parmi les 13 cercles ainsi que dans 36 communes sur les 52, lit-on dans le document. Quant à la rive gauche de Bamako, indique-t-on, les membres n’avaient pas été désignés courant le mois de mars dernier, alors que les partis et la société civile avaient désigné leurs représentants au niveau de la rive droite. Sur la mise à jour des données biométriques, les difficultés signalées portent sur le manque d’information fiable sur les lieux d’enrôlement, l’insuffisance de matériel et d’agents. Les populations se rendent nuitamment, entre 3heures et 4h du matin, dans certaines zones sans parvenir à se faire enrôler. À la date du 31 mars 2023, environ 30 732 personnes ont pu mettre leurs données à jour dans la région de Tombouctou, explique le rapport. Pendant que beaucoup de leaders et de citoyens se reconnaissent dans le projet de constitution, les observateurs de la Modela-Mali font part du rejet dudit document par certains partis politiques. Aux autorités de la transition, ils recommandent la sécurisation renforcée des personnes et des biens partout dans le pays ; l’amélioration du processus de mise à jour des données biométriques ; la large vulgarisation du projet constitutionnel… Quant à l’AIGE, les responsables de l’organisation requièrent la publication d’un calendrier électoral réaliste pour le retour à l’ordre constitutionnel, l’accélération du processus d’installation et d’opérationnalisation des démembrements….
Mamadou Diarra
Source : LE PAYS