Pour venir en aide aux élèves « abandonnés » par l’Etat, les membres du collectif des associations de jeunes du pays dogon(CAJD) ont, à travers un programme dénommé ‘’sauvons l’éducation au centre du Mali’’, mené une mission de quatre(4) mois. Ledit programme concernait les cercles de Koro, Bankass, Bandiagara et Douentza, dans la région de Mopti et a permis de déceler la situation alarmante des élèves desdites localités.
« Cette mission que nous venons d’achever concernait les cercles de Koro, Bandiagara, Bankass et Douentza, dans la région de Mopti. Elle s’étendait sur quatre (4) mois et l’objectif consistait à récupérer les élèves en déperdition », nous explique Mamadou Sagou Ziguimé, coordinateur national du programme ‘’sauvons l’éducation au centre du Mali’’. Un programme initié par les membres du collectif des associations de jeunes du pays Dogon (CAJD), le regroupement composé d’une quarantaine d’associations. Lors de cette mission, ajoute le coordinateur, les membres du collectif ont constaté que beaucoup d’élèves étaient dans une situation de déperdition. « Nous avons, à peu près, recensé que près de 194.500 élèves étaient en situation de déperdition. De ce fait, nous avons mené des missions de prospection auprès des autorités et de services publics, dont le but était de voir comment les élèves pouvaient être récupérés afin qu’ils puissent reprendre le chemin de l’école », dira le coordinateur. Selon M. Ziguimé, l’abandon de ces élèves peut leur amener à emprunter le chemin du banditisme ou de terrorisme que nul ne souhaite. C’est compte tenu de tous ces facteurs que « nous les membres du collectif avons décidé d’initier des cours de rattrapage à l’endroit de ces élèves qui sont aussi nos frères », souligne Mamadou Sagou Ziguimé. D’après lui, les moyens mis à la disposition des membres ne permettaient pas de venir en aide à tous les élèves concernés. C’est pour quoi, dit-il, les membres ont préféré assister 3118 élèves qui étaient candidats à l’examen du diplôme d’étude fondamentale (DEF) de l’année 2021.Vu que les 3118 élèves n’étaient pas tous sur place, le coordinateur précise avoir saisi les services techniques. Lesquels services ont donné un autre nombre qui n’atteignait pas celui qui avait été listé. « Les élèves mis à notre disposition par les services techniques ont tous bénéficié des cours de rattrapage avant l’examen du DEF. Parmi ceux qui ont participé à nos cours, 80% ont été admis à l’examen du DEF », se félicite-t-il.
Comme cause de cette situation, il cite le problème d’insécurité et de fermeture des écoles. Pour être franc, le coordinateur annonce que les membres du CAJD n’ont pu dispenser les cours de rattrapage que dans les cercles de Koro et de Bankass. « Dans le cercle de Douentza, précise-t-il, on nous a fait savoir que ça fait plus de quatre (4) ans que les écoles sont fermées. Et que finalement, les gens ne savent pas où sont partis les élèves ».
Quant au cercle de Bandiagara, il rapporte avoir tardivement reçu les listes des élèves. Et pour ne pas inutilement retenir les élèves qui n’avaient rien appris durant toute l’année, le coordinateur avoue que ses hommes ont finalement décidé de laisser tomber pour les élèves de Bandiagara. Et de déplorer que ni l’Etat ni les partenaires n’ont décidé de les épauler lors de cette mission. « La situation est vraiment alarmante. Je veux seulement que l’État se responsabilise, parce 411 écoles demeuraient fermées au moment où nous établissions le document de notre mission. Mais il y a eu de nouvelles fermetures de nos jours », a-t-il conclu, précisant que la mission a commencé en mars 2021 jusqu’à la veille du DEF.
Pour sa part, Adaman Diongo, président du collectif, affirme que l’État doit urgemment faire appel à tous les partenaires de l’éducation au Mali pour les demander de financer un programme. Lequel sera chargé de récupérer tous ces enfants qui sont dans ces zones d’insécurité pour leur amener et leur faire inscrire dans des écoles qui se trouvent dans les zones stables. Face à l’ampleur de la situation, Adaman Diogon interpelle les autorités en martelant : « Ces enfants peuvent être scolarisés ailleurs le temps que la sécurité revienne au pays dogon. Si cela n’est pas fait, les enfants vont continuer à rester à la maison au cours de la rentrée qui se pointe à l’horizon ».
Mamadou Diarra