À l’instar du reste du monde, le Mali célèbre ce mercredi la journée internationale de lutte contre la corruption pour sensibiliser le monde à ce problème qui a un impact notoire sur l’éducation, la santé, la démocratie, la prospérité et le développement.
Phénomène social, politique et économique complexe, elle sape les institutions démocratiques, ralentit le développement économique et contribue à l’instabilité gouvernementale et s’attaque aux fondements des institutions démocratiques en faussant les élections, en corrompant l’État de droit et en créant des appareils bureaucratiques dont l’unique fonction réside dans la sollicitation de pots-de-vin. Elle décourage les investissements directs à l’étranger et les petites entreprises qui n’ont pas de quoi à donner sont appelées à disparaitre.
La forme la plus connue est le pot de vin qui consiste à donner une certaine somme d’argent pour accélérer une affaire. Lutter contre ce fléau requiert une coopération internationale.
Dans son adresse à la nation à l’occasion de la fête du nouvel an, IBK a décidé de faire de la lutte contre la corruption sa priorité en 2014, année du grand nettoyage. Une façon de rassurer les bailleurs de fonds internationaux pour qu’ils investissent au Mali. Annonce circonstancielle ou non, le bilan reste plus que mitigé. En tout cas il est conscient du fait que les fonctionnaires sont mal payés, ce qui contribue au phénomène mettant le pays à la 127e place sur 177 des pays les plus corrompus selon Transparency International. Pour combattre ce phénomène le Canada a aidé le pays à mettre en place le bureau du Vérificateur Général. Ainsi depuis des années, des dossiers de malversation sont produits, mais les poursuites comme l’arrestation du patron du PMU Mali sont rares. ATT disait qu’il ne veut pas humilier un chef de famille, n’est-ce pas là un feu vert aux bandits de grand chemin dont beaucoup sont devenus milliardaires ? IBK aime dire que nul n’est et ne sera au dessus de la loi, pourtant nous sommes restés sur notre faim. Même le FMI a dénoncé les surfacturations de matériels militaires et tout ce qui a entouré l’achat de l’avion présidentiel, pourtant les présumés coupables s’en sont tirés à bon compte, un exemple parmi tant d’autres. Il faut reconnaitre qu’en Afrique c’est très dangereux de s’attaquer à la corruption car le plus souvent les plus grands acteurs se mettent à l’abri en finançant les campagnes des partis politiques. Dans les rapports 2013 et 2014 le Vérificateur Général a fait état d’un manque à gagner de plus de 153 milliards de FCFA égarés dans les méandres de l’administration. Des sousdu contribuable malien et l’aide de la communauté internationale. Mr le Président, les maliens vous observent, et attendent le décret d’application de la loi sur l’enrichissement illicite adoptée en mars 2014, que ces 200 dossiers ne connaissent pas le même sort, finir dans un tiroir. Surtout ne les décevez pas. Faites appliquer la loi pour finir avec ces pratiques illégales qui ont pour noms la non-application à dessein des textes législatifs et réglementaires, la multiplication injustifiée des contrats de gré à gré pour éviter les appels d’offres, la réception de biens non conformes aux commandes, l’octroi d’avantages injustifiés, la fabrication et l’usage de faux documents pour justifier des dépenses fictives, les manipulations des offres par les commissions de dépouillement et d’évaluation dans les opérations de passation des marchés publics, le non-reversement au Trésor Public de ressources collectées, la réalité et l’effectivité de certaines missions administratives,…Faites appliquer des sanctions administratives, des amendes et des poursuites pénales. La réconciliation pour une paix définitive se saurait signifier l’enrichissement illicite et l’impunité.
Beaucoup a été dit et peu a été fait, les résultats attendus ne sont pas au rendez-vous. Même le Procureur Général est sceptique à propos de l’annonce de la lutte contre la corruption. Tout réside dans un changement de comportement et une réelle volonté politique. Selon lui une catégorie de fonctionnaires maliens et quelques hommes politiques se sont appropriés de toute la fortune du pays.
Une impunité sans égale entoure ces crimes de détournement de deniers.
A se demander à quoi servent les Pôles économiques et financiers qui coûtent de surcroit des centaines de millions par an au contribuable malien. À tout cela il faut ajouter des nominations qui continuent de susciter des polémiques. Prenons conscience du phénomène, engageons-nous à le combattre. Là où il y a corrompu, il y a corrupteur. Que les décideurs facilitent les poursuites judiciaires tout en procédant à une gestion rigoureuse de nos deniers. Pardonnez, oui, mais remboursez tout d’abord. À bon entendeur, salut.
Mr Séran SACKO
source : L’ informateur