La Guinée-Bissau a un nouveau président. En effet, l’opposant Umaro Sissoco Embalo vient de remporter le deuxième tour du scrutin avec 53,5% des voix face à Domingos Simoes Pereira, candidat du PAIGC, le parti historique qui conteste ces résultats.
Pari gagné pour le candidat du Madem, jeune parti créé il y a seulement un an et demi : Umaro Sissoco Embalo, 47 ans, ancien Premier ministre, l’a emporté face au parti historique PAIGC, qui domine la vie politique du pays depuis l’indépendance. À Bissau, le siège du PAIGC est à quelques mètres seulement du palais présidentiel. Quasiment tous les présidents bissau-guinéens en sont issus, et il reste jusqu’à aujourd’hui la principale force parlementaire.
Très bien implanté dans tout le pays, le parti historique est pourtant en perte de vitesse, affaibli par des divisions. En août 2018, 15 dissidents créent le Madem G15, Mouvement pour l’alternance démocratique. Son vice-président est Umaro Sissoco Embalo. Sept mois plus tard, le parti devient la première force d’opposition au Parlement.
Umaro Sissoco Embalo a bénéficié d’un report des voix après avoir obtenu des soutiens de poids suite au premier tour. Ceux des candidats arrivés 3e, 4e et 5e, et notamment de Nuno Nabiam qui avait recueilli 13% des voix, et du président sortant José Mario Vaz, qui en avait obtenu 12%, unis contre le PAIGC.
Je serai le président de tous les Bissau-guinéens, je serai un homme qui va respecter la Constitution…
Domingos Simoes Pereira conteste l’élection
Celui qui se fait appeler « général du peuple » a fait campagne sur le thème du changement, de la rupture, d’une nouvelle génération. Pendant toute la campagne, il a porté un keffieh rouge et blanc autour de la tête et n’a cessé d’attaquer le bilan du PAIGC, accusé d’être responsable des blocages, de l’instabilité de ces dernières décennies. Umaru Sissoco Embalo est pourtant lui-même issu de ce parti. En face, Domingos Simoes Pereira n’a pas réussi à mobiliser des électeurs lassés des crises politiques à répétition. Le PAIGC a perdu du terrain, notamment, dans l’est du pays. Selon le sociologue Miguel De Barros, la défaite de Domingos Simoes Pereira devrait permettre de clarifier le leadership au sein du PAIGC.
« DSP » avait affirmé avant l’annonce officielle qu’il reconnaîtrait les résultats, mais finalement, il conteste cette élection. Il évoque un « piratage informatique », et annonce qu’il va introduire un recours devant la Cour Suprême. Devant ses militants, le candidat du PAIGC a parlé d’ « irrégularités », de « manipulations », qui constituent selon lui « une fraude électorale ». Les observateurs internationaux comme ceux de la société civile avaient pourtant salué le bon déroulement et la transparence du scrutin de dimanche.
A peine annoncés les résultats, la réaction du candidat malheureux ne s’est pas fait attendre…
Un pouvoir divisé
Le président Madem va donc se retrouver face à un Parlement aux couleurs du PAIGC. Durant la campagne, la question des institutions est souvent revenue dans les débats. En effet, la Constitution prévoit un système exécutif à deux têtes : un président et un Premier ministre issu de la majorité au Parlement. Une répartition des pouvoirs ambiguë qui a conduit ces dernières années à une valse de gouvernements.
Aujourd’hui, le Parlement est dominé par le parti historique, depuis les législatives du mois de mars et la crainte, c’est de nouveau un blocage. Interrogé sur cette question au lendemain du second tour, Umaro Sissoco Embalo avait assuré que le problème n’était pas la Constitution, mais dans les hommes. Il promet donc d’être « un régulateur », « le président de tous les Bissau-Guinéens ».
Macky Sall, c’est mon frère…