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Groupe EI de Nampala: tout ce qu’il faut savoir

Une note d’information confidentielle de la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali-MINUSMA-datée de ce 3 février, souligne la possible existence d’un nouveau Groupe terroriste affilié à l’Etat Islamique dans la zone de Nampala. D’où sort ce nouveau qui a fait allégeance à l’Organisation Etat islamique qui revendiquant des faits d’armes ? Plongée dans les coulisses.

 

Le serpent Organisation Etat islamique a semble-t-il poussé une nouvelle tête dans la localité de Nampala devenue depuis des lustres le terrain de chasse de prédilection des groupes armés profitant des avantages que leur procure la géographie pour se livrer à leurs basses besognes. Ainsi, selon la note de la Mission onusienne, le 26 janvier, dans une vidéo de 3 minutes 33 secondes mise en ligne sur les réseaux sociaux, un groupe de terroristes, se disant de Nampala (à proximité de la frontière avec la Mauritanie), prête allégeance à Abu Ibrahim al Hashimi al Qurayshi, le nouveau chef de l’Organisation État islamique.

Un combattant arabophone, parlant couramment la langue arabe, de peau claire (cheveux longs et longue barbe, cachés par un foulard) récite des extraits du Coran et des paroles du Prophète appelant les musulmans à l’unité, et à l’application des règles de la loi islamique (la Charia), puis le groupe fait allégeance à EI.

Apparaissent sur la vidéo, une soixantaine de terroristes avec des armes légères, quatre pickups équipés de mitrailleuses, deux autres pickups sans armement et des dizaines de motos.

Quelles sont les origines de ce groupe ?

Selon la note d’information, le nouveau groupe de Nampala est probablement formé d’ex-combattants Peuls qui ont quitté la Katibat Macina. En effet, certaines informations faisaient état depuis début Janvier 2020 de conflits internes au sein de la Katibat d’Amadou Kouffa. On rapporte que le 9 ou 10 janvier, vers Dogo (cercle de Youwarou), des combats ont opposé des éléments fidèles à Amadou Kouffa et les troupes de deux de ses ex-adjoints (dont un nommé Mamadou Mobbo), semble-t-il, proches de EIGS. Mobbo, un Peulh originaire du Gourma, avait aidé Kouffa en 2015, né à Niafunké (actuellement dans la région de Tombouctou) puis vivant dès les années 90 dans le secteur de Youwarou/Tenenkou à légitimer son combat pour rallier les Peuls du Centre Mali.

Comme on peut le lire dans l’article de Mali actu du 20 janvier, trois points de désaccord ont peut-être fini par avoir raison de leur entente. Il s’agit (1) de la gestion des rapports avec la population s’agissant des ressources naturelles et des pâturages, (2) de la délimitation des voies de passage et bourgoutières, et (3) de la répartition du butin de guerre. Globalement, il semble qu’il soit reproché à Amadou Kouffa de privilégier les communautés (Peulhes) au détriment des populations sans tenir compte de leur appartenance communautaire, ce que souhaite EI, se disant plus conforme à la loi islamique.

Des faits d’armes

Le nouveau Groupe terroriste dont l’existence, pour le moment, reste à certifier, revendique pourtant des faits d’armes. A cet effet peut lire dans la Note que le 31 janvier, le ‘’groupe EI de Nampala’’  publie une courte vidéo (une trentaine de secondes) montrant armes, munitions, 2 véhicules, 8 motos et des matériels récupérés par ses combattants lors des deux attaques simultanées le 30 janvier contre les postes FAMa et de Gendarmerie de Sarkala (35km de Ségou).

Pour le commentateur de la vidéo (un locuteur arabophone), les auteurs de l’attaque sont « vos frères, les soldats du califat au Mali, région de Ségou, zone de Nampala ». Au passage, il menace les forces maliennes déployées dans la région de les massacrer et de les décapiter.

L’on souligne que les deux vidéos publiées dans les réseaux sociaux n’ont pas été diffusées par les canaux officiels de EI (Agence Amaaq), ni par la branche médiatique d’ISWAP (EI en Afrique de l’Ouest) comme c’est le cas désormais pour EIGS. Cependant, attire-t-on l’attention, contrairement à ce qui a été dit sur certains supports sociaux (WhatSapp en particulier), la revendication ne fait pas allusion à EIGS, ni à ISWAP. De même, pour l’instant, il n’y a pas eu de retour de cette allégeance de la part de l’EI (en Irak et en Syrie). Pas de réaction non plus de la part de EIGS ou d’ISWAP.

Cette double attaque du 26 janvier sur les postes de Sarkala est donc le premier fait d’armes de ce nouveau groupe, dans la zone d’opérations de la katibat Ansar Dine Macina de JNIM. Ce dernier a revendiqué le 27 janvier l’attaque meurtrière de la veille sur le poste FAMa de Sokoko (à moins de 150km au nord de Sarkala). Mais d’où vient ce groupe agissant au beau milieu de la zone dans laquelle Amadou Kouffa (Ansar Dine Macina) règne en maître depuis janvier 2015 ?

On connaît la concurrence entre JNIM et EIGS, et on sait que ce dernier est parrainé par ISWAP et a reçu l’appui manifeste de EI Maison Mère en Irak/Syrie depuis le printemps 2019. Cela expliquer ses attaques spectaculaires d’Indelimane (Mali, 1er Nov.), Tabankort (Mali, 18 Nov.), Inates (Niger, 10 Déc..), Chinadogar (Niger, 9 Janv.), etc.

Fort de ces succès tactiques, on ne peut exclure qu’EIGS essaie d’ouvrir un nouveau front dans la région de Ségou exploitant les divergences au sein de la Katibat Macina, avec l’idée de prendre en tenaille la région centre, part par le sud venant de Gossi et par le nord venant de Nampala.

La concurrence entre JNIM et EIGS

Cette double attaque du 26 janvier sur les postes de Sarkala est donc le premier fait d’armes de ce nouveau groupe, dans la zone d’opérations de la Katibat Ansar Dine Macina de JNIM. Ce dernier a revendiqué le 27 janvier l’attaque meurtrière de la veille sur le poste FAMa de Sokoko (à moins de 150km au nord de Sarkala). Mais d’où vient ce groupe agissant au beau milieu de la zone dans laquelle Amadou Kouffa (Ansar Dine Macina) règne en maître depuis janvier 2015 ?

On connaît la concurrence entre JNIM et EIGS, et on sait que ce dernier est parrainé par ISWAP et a reçu l’appui manifeste de EI Maison Mère en Irak/Syrie depuis le printemps 2019. Cela expliquer ses attaques spectaculaires d’Indelimane (Mali, 1er novembre), Tabankort (Mali, 18 novembre), Inates (Niger, 10 décembre), Chinadogar (Niger, 9 janvier.), etc.

Fort de ces succès tactiques, on ne peut exclure qu’EIGS essaie d’ouvrir un nouveau front dans la région de Ségou exploitant les divergences au sein de la Katibat Macina, avec l’idée de prendre en tenaille la région centre, part par le sud venant de Gossi et par le nord venant de Nampala.

En somme, il est trop tôt pour dire si le « groupe EI de Nampala » est rattaché ou non à EIGS, à ISWAP ou s’il a l’ambition d’être rattaché directement à « EI Maison Mère ».

Mais il est certain qu’Amadou Kouffa perd petit à petit le contrôle de certains de ses combattants, pour les raisons évoquées plus haut (surtout la répartition du butin de guerre). Dans ces conditions, le groupe de Nampala pourrait voir gonfler ses effectifs rapidement, étant donné le vivier humain que représentent les deux régions de Mopti et de Ségou. Et cela pourrait intéresser EI au plus haut point par l’ouverture d’un nouveau front au cœur même du Mali.

PAR BERTIN DAKOUO

INFO-MATIN

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