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Gouvernement de transition : Qui de Choguel ou d’Assimi est-il un otage ?

En dépit d’une prestation au rabais pendant trois longues années de Primature, les attentes d’un changement de Premier ministre seraient vaines, selon les assurances qu’en donnent le détenteur actuel de ce poste sur tous les toits. Choguel Maïga ne se prévaut pourtant d’aucune action d’éclat mesurable aux promesses contenues dans le PAG (Programme d’Action Gouvernementale) validé par l’organe législatif de transition.

Ce document de référence est visiblement relégué aux calendes, au profit d’un baromètre atypique des acquis et exploits gouvernementaux. Ceux-ci se jugent désormais à la prouesse dans l’allégeance politique et aux gages de loyauté au sommet de l’Etat, en lieu et place de la redevabilité dans la conduite de l’action publique. Selon la nouvelle doctrine conçue et ventilée à l’envi par le chef du Gouvernement, celle-ci est ramenée à l’ardeur dans la vulgarisation de la vision des 5 colonels et de leur audace de défier les puissances ainsi qu’à l’aptitude d’un PM à les défendre auprès de l’opinion.

Faisant mauvaise fortune bon cœur de la vacuité ou de la maigreur des tâches qu’il lui revient, le PM se satisfait d’attributs à minima et s’échine même à magnifier le rôle de rabatteur auquel sa noble fonction est désormais réduite.

Il s’en cache à peine d’ailleurs. On l’a souvent entendu exhausser sa partition d’agitateur des masses pour le compte de la Transition et se glorifier du titre très assumé de carapace irremplaçable et reconnu par chacun des 5 Colonels.

Aux yeux de Choguel Maïga, ça n’est qu’une raison parmi tant d’autres pour lesquelles son bail avec les hautes autorités se mesure à la longévité de la Transition. Ledit contrat, soutient-il, serait également solidement enraciné dans un pacte moral irrévocable entre les ailes politique et militaire de ce régime, vraisemblablement dans le dos des autres composantes du M5-RFP.  Car, aucun autre acteur de ce mouvement hétéroclite, hormis le président de son Comité stratégique, n’a connaissance de cette entente secrète qui confère l’immuabilité exclusive au PM et l’oblige à préférer les couleuvres à une digne rupture. En tout cas, les raisons et occasions de jeter d’éponge n’ont jamais manqué pendant les trois années de séjour à la tête du gouvernement. Le PM de la Rectification est notamment passé sous les fourches caudines en sauvant sa tête envers et contre la cohésion de ses rangs, en essuyant la compromission sur la loi électorale au CNT et même la défiance de subalternes au Gouvernement. Autant de revers qu’il revient parfois à ses plus loyaux compagnons de dénoncer, quand ça n’est pas lui-même en personne qui se charge de décrier du bout des lèvres son isolement de fait dans le rouage institutionnel. C’est lorsque le chef du Gouvernement avoue son ignorance des dépenses de l’armée ainsi que son incompétence sur la question énergétique, par exemple.

Mais la coupe de couleuvres a surtout débordé avec les insidieuses arrestations de proches collaborateurs au nez et à la barbe d’un Premier ministre désemparé au point de remuer le doigt dans sa propre plaie. La Refondation aura échoué si le problème de la justice n’est pas réglé, avait-il laissé entendre, à la suite d’un autre fidèle camarade du M5 ayant précédemment soutenu qu’une transition qui régresse ne mérite pas de continuer. Et que dire de ce mémorandum incendiaire qui met en lumière les dimensions d’une rupture qu’aucun protagoniste ne se résout à acter comme s’ils étaient chacun l’otage de l’autre ?

Aucun ingrédient ne fait défaut, en effet, au divorce entre Choguel Maïga et ses employeurs – mais il est déjoué autant de fois qu’annoncé au point de tourner à une intrigante union forcée dans une adversité à peine voilée. Ni le PM ne se lasse de porter le poids des déconvenues au prix de la dignité de sa fonction, ni ses employeurs ne se passent d’un encombrant serviteur qui ne rate aucune occasion d’agiter à la fois son aptitude au service et sa capacité de nuisance. La dernière écorchure en date a consisté par exemple à assimiler insidieusement les œuvres sociales à une corruption politique.

Pour l’heure, le fonctionnement de la République ne semble pas s’en ressentir au point de produire l’explosion qui leur pend au nez.

A. KEÏTA 

Source : Le Témoin
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