La France est pire qu’une sangsue. Dans ses relations avec l’Afrique, elle se comporte comme telle. En 1960, la généreuse France a asservi davantage l’Afrique en lui accordant l’indépendance. Asservissement monétaire, accord insupportable et chantage… Un des dignes fils de l’Afrique, porte-étendard du FRELIMO Joaquim Alberto ChISSANO a été président de la République du 19 octobre 1986 au 2 février 2005 et président de l’Union africaine de juillet 2003 à juillet 2004. Celui qui a été l’un des présidents à ne pas briguer un second mandat, témoigne sur la triste réalité de la France-Afrique au sein de laquelle le Continent est dépecé, pillé, saigné à blanc par le blanc… Joaquim CHISSANO raconte.
À la fin de son discours, pendant la session de questions-réponses, un journaliste français lui a demandé quelle était sa position sur la dictature de MUGABE et comment les dictateurs comme Mugabe sont une menace majeure pour l’intégration africaine. Et voici la réponse du président Joaquim CHISSANO :
L’une des plus grandes menaces pour l’intégration africaine est le contrôle étranger.
J’ai pris mon tour de présidence de l’OUA en juillet 2003 (juste après celui de Thabo MBEKI), au milieu d’une nuit, j’ai reçu un appel urgent du Président de la République du Bénin me disant qu’il était en situation d’urgence.
J’ai immédiatement pensé qu’il s’agissait d’un coup d’État militaire, car le Bénin avait connu de nombreux coups d’État militaires. Il m’a répondu : Non, c’est pire qu’un coup d’État militaire.
Le Président de la France vient de diligenter un envoyé spécial pour me prévenir que si nous ne payons pas immédiatement nos 10 % à la France, nous aurons de graves conséquences.
Les 10 % sont l’un des 3 accords que tous les pays francophones ont signé avec la France comme conditions pour que la France nous accorde l’indépendance en 1960.
Les 3 accords étaient que :
(1) Chacun de nous adoptera le CFA comme monnaie commune et sera contrôlé à 100 % par la France,
(2) Chacun de nous versera à la France 10 % de ses recettes d’exportation en échange de la garantie par la France de notre souveraineté et de notre sécurité,
et (3) Chacun de nous conservera ses réserves nationales en France, et si nous y puisons sans l’accord de la France, cela sera considéré comme un prêt que nous rembourserons à la France avec des intérêts.
Maintenant, en raison d’une grave crise financière à laquelle le Bénin est actuellement confronté, mon Cabinet et moi-même avons décidé de suspendre tout paiement à des gouvernements étrangers jusqu’à ce que nous revenions à la normale. L’Envoyé spécial refuse d’accepter notre explication !
Alors, pourriez-vous s’il vous plaît nous aider à mobiliser les États membres de l’Union africaine pour nous soutenir dans cette lutte avec la France? S’il vous plaît ?»
CHISSANO a dit qu’il ne pouvait pas en croire ses oreilles. Il était choqué. Il a alors répondu au Président du Bénin : «Mon Camarade Frère Président, je vous prie de rester très ferme.
Je vais m’occuper de cette affaire très rapidement. Je ne suis pas sûr que le Président de la France (Jacques CHIRAC) m’écoute, je vais donc appeler l’ancien Président Nelson MANDELA qu’ils vénèrent pour qu’il intervienne, puis je reviendrai vers vous.
CHISSANO a ajouté que lorsqu’il a appelé et raconté l’histoire à Nelson MANDELA, ce dernier était encore plus choqué que lui (CHISSANO). Il était sidéré. Il a immédiatement appelé le président Jacques Chirac et lui a dit que c’était pire que l’apartheid !
Pour faire court, la France a finalement renoncé au paiement du Bénin pour cette année-là, mais a déclaré que si le Bénin refusait de payer pour l’année suivante et les suivantes, il serait responsable, car il s’agit d’un traité contraignant qu’il a signé.
Ainsi va la France-Afrique !
Nous devons nous en défaire à tous les prix.
Source : Info-Matin