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Forum de Tana : QUELLE LAICITÉ POUR L’AFRIQUE ?

La session qui a réuni plusieurs chefs d’Etat dont le président Keita, a lancé la réflexion sur cette question devenue cruciale du fait de la montée de l’intolérance et de l’extrémisme religieux

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Les travaux de la quatrième édition du Forum de Tana sur la sécurité en Afrique ont pris fin dimanche à Bahir-Dar en Ethiopie. Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, qui participait à la rencontre a regagné Bamako dimanche après-midi après avoir assisté au deuxième panel du forum qui a traité du thème : « Laïcité africaine et menaces sécuritaires sous la bannière de la religion ». Ce panel était animé par des leaders religieux et des universitaires.
C’est le président de séance, Smail Chergui, commissaire à la paix et à la sécurité de la Commission de l’Union africaine qui a introduit les débats. Plusieurs pays, remarque-t-il, ont fait de la laïcité un principe fondamental. Cependant, il faut reconnaître que de nos jours les Etats peinent à séparer la religion et la politique. Ce qui, de son avis, explique la montée de l’extrémisme religieux violent sur notre continent. De nos jours, note Smail Chergui, les personnes sont identifiées plus par leur groupe religieux que par leur attachement à l’ethnie. Il a réitéré l’engagement de l’Union africaine de combattre le phénomène en mettant en place une force régionale destinée à combattre les sectes. Dans ce combat, il est nécessaire pour les Etats de renforcer la sécurité à leurs frontières respectives, de créer une synergie entre les forces de l’ordre. Smail Chergui a aussi recommandé aux Etats d’apporter des réponses à tous ces jeunes qui décident de devenir des djihadistes. A ce propos, il a invité à réfléchir sur la qualité de la gouvernance dans son ensemble.
Les intervenants ont longuement mis en corrélation les jeunes et la religion. Les sectes qui sévissent à travers le monde utilisent généralement comme vivier, la couche juvénile de la société. Les efforts doivent donc converger vers ces jeunes susceptibles de devenir djihadistes du jour au lendemain. La dérive des jeunes est, pour certains conférenciers, le produit d’une frustration engendrée par la mauvaise gouvernance.
Le professeur Amina Mama a mis en exergue la question du genre et la montée de l’extrémisme religieux en insistant sur les exactions et viols commis sur les femmes au nom de la religion dans la presque totalité des zones de conflit. Elle a aussi rappelé le malheur que vivent les jeunes filles du village nigérian de Shibock qui sont toujours aux mains de la secte Boko Haram.
La balle a été reprise au bond par le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta qui a rappelé les malheurs vécus par les femmes au nord de notre pays pendant l’occupation en 2012. Il a fait le lien entre la faiblesse de l’Etat et la montée de l’extrémisme violent. « De l’indépendance à nos jours qu’est-ce qui a été fait concrètement pour planifier la solidarité intra nationale ?», s’est interrogé le chef de l’Etat qui estime que l’Etat ne saurait se limiter aux palais. Il s’agit de faire en sorte que l’homme de la cité soit contemporain de son siècle non du Moyen-âge, a souligné le président Keita en insistant sur la responsabilité des dirigeants africains.
Le combat contre l’extrémisme religieux ne sera gagné que lorsque les pouvoirs politiques feront face à cette problématique avec intelligence et persistance, a souligné Ibrahim Boubacar Keïta qui a embrayé sur le processus de paix lequel, de son point de vue, avance dans notre pays malgré tout. « Nous arrivons enfin à la signature tant attendue de l’accord le 15 mai prochain à Bamako. Il y a certes des gens qui ne veulent pas signer, mais la paix avancera sans eux. Le Mali ne peut pas rester dans cette situation, il est temps qu’on tourne la page », a-t-il assuré.
Autre thème-phare de la rencontre : la violence et la politisation de la foi. Le Dr Alioune Sall, en développant ce thème, a expliqué qu’aucun pouvoir politique ne peut ignorer les institutions religieuses existantes. Il ajoutera aussi qu’il est impossible de concevoir un quelconque antagonisme entre foi et laïcité, mais ces notions, précisera-t-il, peuvent être instrumentalisées.
A l’issue de la rencontre, le ministre des Affaires religieuses et du Culte, Thierno Oumar Hass Diallo dira que l’un des aspects positifs de ce forum est de s’être penché sur un problème crucial pour l’Afrique. Il s’est réjoui de la profondeur des débats sur la laïcité et l’instrumentalisation de la foi. Cependant, relèvera-t-il, des questions restent en suspens comme quelle laïcité possible pour les pays africains ?
Prenant l’exemple de notre pays, Thierno Oumar Hass Diallo a estimé que c’est parce que le champ religieux a été laissé libre qu’il a été occupé par des extrémistes. La problématique est de définir ce qu’est la laïcité pour nous. Il a ensuite souligné le besoin d’un Etat fort. Car, a-t-il poursuivi, ce que nous avons vécu au Nord n’est pas dû seulement au fait que le champ religieux a été occupé, c’est surtout parce que l’Etat est faible et l’est toujours. Il faut donc, a-t-il recommandé, que l’on ait des armées puissantes et organisées, des Etats forts capables de porter non seulement la riposte sur le plan militaire, mais surtout d’apporter des solutions aux problèmes qu’affrontent les populations.
La faiblesse de l’Etat, la misère de la population, la demande sociale et les besoins fondamentaux non satisfaits, constituent des facteurs favorisant le fondamentalisme religieux, a résumé le ministre Diallo.
En définitive, le forum de Tana a fait ressortir la responsabilité claire et nette des Etats africains. Il a aussi apporté des éclairages sur la question de la foi détournée à des fins douteuses et politiques.
De retour à Bamako, le président de la République a assuré que la rencontre avait répondu à toutes ses attentes. C’était un forum, dira-t-il, assez singulier. En effet, le forum de Tana se veut neutre et les chefs d’Etat y côtoient des universitaires, des décideurs et des représentants de médias. C’est qui en fait, a souligné le président Kéïta, un lieu privilégié pour les dirigeants de faire des déclarations et annonces, impossibles en d’autres circonstances.
En marge du forum, les chefs d’Etat ont participé à l’inauguration officielle du parc Tana Forum à travers la plantation d’arbres. Le président Keita était en compagnie des chefs d’Etat du Rwanda, Paul Kagamé, du Kenya Uhuru Kenyatta, de l’Ouganda Yoweri Museveni et du Premier ministre éthiopien, Haïlé Mariam Dessalegn.

Envoyée spéciale
M. A. TRAORE

source : L Essor

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