24 heures après le départ du dernier convoi militaire français du Mali, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), regroupement des groupes armés du nord, s’exprime dans un communiqué sur la situation sécuritaire du nord. Elle égrène la tragédie de Tessit et effleure d’autres cas, sans plus de précisions. A lire entre les lignes, elle semble regretter l’absence des forces françaises qui sont sa source de vie.
“Au même titre que l’ensemble des observateurs nationaux et internationaux, la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) enregistre jour après jour dans l’Azawad une horrible comptabilité macabre qui endeuille des communautés entières loin des feux de rampes, perpétrée par une horde de terroristes sanguinaires affiliés à l’EIGS, ciblant des populations civiles sans défense et sans distinction.
Ainsi, après les massacres de Tessit du 07 août courant, la même méthode est rééditée avec le massacre d’une vingtaine d’âmes ôtées à l’affection des leurs à Assaylal. ”
Ces deux paragraphes extraits du communiqué de la CMA traduisent bien évidemment les récents événements tragiques enregistrés au nord du Mali. Ces actes barbares sont condamnables et doivent animer tous les acteurs épris de justice à appeler à la traque des auteurs et les traduire en justice, conformément aux lois maliennes et internationales.
La partie submergée de l’iceberg est bien loin le sentiment de mécontentement de la CMA du départ de la France du Mali. Ce, pour la simple raison que le monde entier sait que l’ex-puissance coloniale est l’artisan de la fabrication des groupes armés au nord. Les faits patents et sans ambiguïté, c’est la protection des rebelles après l’offensive de Konna qui s’est butée à un véritable mur en acier aux portes de Kidal. Ensuite, cette même France, dans sa sale besogne, piège le Mali à travers l’accord d’Alger dont de nombreuses dispositions, si elles venaient à être appliquées le lendemain de la validation du document à Bamako, mettront à mal l’unité du Mali.
Des années après, la réalité refait surface. La France n’apporte rien de bon dans la lutte contre le terrorisme. Au contraire, sa présence a attiré plus de forces du mal qui, finalement, se sont enracinées au Mali et ont jeté leurs tentacules sur d’autres pays frontaliers.
Voilà bien la raison fondamentale de son expulsion du Mali.
Alors, pourquoi la CMA fait comme si le départ de la France laisse un grand vide et compromet l’avenir du nord du Mali ?
Avec ses milliers de combattants et son arsenal de guerre, qu’est-ce qu’elle a pu bien faire pour cette partie du Mali qui est la terre de ses ancêtres ?
Absolument rien! Il est nécessaire de faire comprendre à la CMA que sa politique ne passera pas. La France est partie et la page est tournée. Le jeu est compris. Personne ne regrettera ce départ même si elle même, la France, et ses complices tentent de faire voir le regret des populations à travers des interventions voilées attribuées à des habitants du nord sous anonymat.
La CMA doit aussi comprendre que la tragédie dont elle parle est déplorable mais le centre vit ce phénomène quotidiennement. Pourquoi n’a-t-elle jamais exprimé sa compassion pour les populations de ces régions qui sont aussi victimes d’attaques terroristes ?
Comme elle même le dit, les acteurs doivent fédérer les efforts mais dans la sincérité. Qu’elle accepte de sortir de sa chambre de veuvage pour se rendre utile à la Nation au lieu d’égrener tout simplement des évènements douloureux, l’objectif visé étant de faire comprendre à l’opinion que ces actes sont les effets du départ forcé de la France.
Boubacar Yalkoué
Source: LE PAYS