Le débat ne vaut plus d’être mené sur la candidature ou non du président de la Transition à la prochaine élection présidentielle au Mali. Assimi Goïta PEUT, DOIT et VA (en toute logique) briguer la Magistrature suprême. Il y va de la consolidation des précieux acquis de la Transition, de la poursuite des nombreux chantiers de réformes ouverts et de la préservation des espoirs suscités. Les textes légaux et l’aspiration des Maliens l’y autorisent s’ils ne l’y contraignent.
Le principal obstacle à la candidature d’Assimi Goïta était la Charte révisée de la Transition dans son interprétation. Promulguée par le Chef de l’Etat et publiée le 25 février 2022, cette Charte révisée contient plusieurs innovations dont celle relative à la candidature du Président de la transition à l’élection présidentielle et aux élections législatives.
Selon l’article 9 nouveau, « le Président de la Transition n’est pas éligible aux élections présidentielles et législatives qui seront organisées pour marquer la fin de la Transition. La présente disposition n’est pas susceptible de révision. »
Lisons entre les lignes ! En droit, c’est de la lapalissade que de dire que « la loi n’a point d’effet rétroactif, elle ne dispose que pour l’avenir. »
Or, cette disposition a été prise (25 février 2022) lorsque colonel Assimi Goïta était déjà Président de la Transition, investi le 07 juin 2021 ; il n’est pas concerné par l’application de cet article nouveau. C’est plutôt, le futur Président de la Transition, quelle que soit sa forme (putsch ou intérim) qui est visé par l’article.
Le Colonel Assimi Goïta peut démissionner pour se porter candidat à l’élection présidentielle, comme l’y autorise la loi électorale, promulguée le 24 juin 2022, dans son article 155 alinéa 2 qui dispose que : « Pour les élections pendant la Transition, les membres des Forces Armées ou de Sécurité qui désirent être candidats aux fonctions de Président de la République, doivent démissionner ou demander leur mise à la retraite au moins quatre (04) mois avant la date de l’élection présidentielle marquant la fin de la Transition.» Clair et net !
Plus clair encore : au cas où Assimi serait candidat à la Présidentielle, c’est son successeur qui sera frappé par l’article 9 nouveau. A ce titre , l’article 7 nouveau de la charte de la transition est dit : « En cas de vacance de la Présidence de la Transition pour quelque cause que ce soit ou d’empêchement absolu ou définitif du Président de la Transition pour quelque cause que ce soit, constaté par la Cour constitutionnelle saisie par le Président du Conseil national de Transition et le Premier ministre, les fonctions du Président de la Transition sont exercées par le Président du Conseil national de Transition jusqu’à la fin de la Transition. »
Alors, ce sera le Colonel Malick Diaw, Président du Conseil national de Transition (CNT), qui assumera les fonctions de Président de la Transition. C’est en ce moment que l’article 9 nouveau retrouvera toute son application. Car, Malick Diaw ne pourra pas se présenter et si une autre période de Transition venait frapper le Mali à nouveau, le président ne pourra point se porter candidat. Paragraphe clos.
Alors, dès qu’il n’y a plus d’écueil institutionnel, pourquoi la candidature d’Assimi Goïta se justifie amplement. Oui, plus qu’une simple justification, elle s’impose au double plan de la consolidation des acquis, de la poursuite des chantiers ouverts ou pas encore et de la préservation des espoirs.
L’acquis, synonyme de survie pour les maliens du règne d’Assimi Goïta est la montée en puissance des Forces Armées maliennes caractérisée par l’acquisition de matériels militaires de pointe et en quantité innombrable et ponctuée, naturellement, par la récupération et la sécurisation de la quasi-totalité des parties du territoire national jadis occupées.
Parallèlement, les autorités avaient exigé et obtenu le départ des Forces françaises Barkhane et la fin de la mission de la MINUSMA et le départ des forces onusiennes.
Cette embellie est marquée aujourd’hui par la cession pacifique des emprises MINUSMA d’Ogossagou, Goundam et Ménaka, et la récupération à coups d’affrontements entre les Famas et les groupes armés du camp de Ber, ainsi que l’occupation par l’Armée malienne des emprises d’Aguelhok et de Tessalit. La bataille de reconquête du territoire national après l’éclatante victoire des FAMa à Kidal est en cours et se poursuivra jusqu’ à la victoire finale.
Autre acquis de taille : la mise en œuvre réussie de la réforme majeure, à savoir le référendum constitutionnel de juin 2023. Le Mali est aujourd’hui doté d’une nouvelle constitution promulguée en juillet 2023. Auparavant, toujours au plan institutionnel, il y a eu la promulgation de la Charte de la Transition et de la Loi électorale.
D’autres chantiers de réformes sont en cours qu’il faut poursuivre, à l’instar des projets de lois sur le Code pénal et le Code de procédure pénale.
Pour ne prendre aucun risque de dilapider ces acquis et ces chantiers, Assimi doit briguer la Magistrature suprême afin de continuer son œuvre.
Bonne nouvelle : le plus important et le plus déterminant, c’est que le président Assimi a la caution des Maliens. Indice de taille ? Des voix s’élèvent de plus en plus pour réclamer sa candidature au sein du bas peuple et de la majorité des citoyens maliens. Débat clos !
CH Sylla
L’Aube