Un seul vainqueur : la jeunesse. Les protestations qui ont déferlé pour réclamer la réhabilitation des routes dans plusieurs capitales régionales, ces dernières semaines, ont révélé ce que pèse une jeunesse quand elle est débout, à savoir beaucoup.
La région de Kayes où le pont a été bloqué par les jeunes manifestants et la ville de Kati, où les routes ont été barricadées ont fait des émules jusqu’à Tombouctou. Dans la « cité des 333 saints », les propos prêtés au Premier ministre Boubou Cissé, selon lesquels l’entreprise chargée de la réhabilitation de la route Gomacoura-Tombouctou sera redéployée sur celle de Kayes, a jeté les jeunes dans la rue, allant jusqu’à bloquer l’accès à l’aéroport de cette capitale régionale.
Si le PM a rencontré les jeunes de Kati et s’est même rendu à Kayes, la sourde oreille opposée aux jeunes de Tombouctou au départ, était la pire des attitudes. Car ces derniers semblaient dire, en bloquant l’aéroport de Tombouctou : « C’est le singe qui a besoin d’aller à la montagne, la montagne n’a pas à aller au singe. » Partout, le dialogue à travers la signature d’accords avec les jeunes, a permis de désamorcer le climat qui était à la gravité. Partout, le gouvernement a « négocié le pistolet sur la tempe ». Et Ménaka et Gao sont venues fermer la boucle de l’un des plus grands mouvements de protestation des jeunes sous le régime IBK. Faut-il parler de happy end ? Rien n’est moins sûr. Il faut plutôt craindre plutôt un effet contagion, car même à Bamako l’état des routes est désastreux et d’autres manifestations sont d’ores et déjà annoncées.
Enseignements
Mais cette vague de protestations offre plusieurs enseignements. Le plus important est qu’en plus de la rue comme moyen d’expression, la jeunesse malienne post-révolution 1991 a désormais recours à d’autres formes de mobilisation, notamment les réseaux sociaux. En guise d’exemple, à Tombouctou, la mobilisation a commencé en avril à travers un hashtag #TombouctouVeutUneRoute. Et, on le sait, depuis les printemps arabes, Internet s’est avéré être un moyen de mobilisation à travers des outils (Facebook, Twitter) qui ont libéralisé la parole en permettant aux utilisateurs de se positionner sur des questions sociopolitiques, modifiant ainsi le rapport entre gouvernants et gouvernés. Mais, il faut insister là-dessus, tout cela pose la problématique des jeunes dans un pays miné par des crises structurelles. Ce « Printemps des routes » va-t-il être le début d’un combat pour une refondation, un changement pour le développement ? C’est la question qui, à mon avis, mérité d’être suivie dans les mois à venir.
Source : benbere